23.9 C
Alger
dimanche, mai 5, 2024

Exclusif. Ouverture d’une enquête approfondie sur plus de 400 minoteries en Algérie

Les minoteries algériennes font l’objet d’une enquête approfondie ouverte par la gendarmerie nationale sur instruction du gouvernement algérien, a appris Algérie Part au cours de ses investigations. Depuis plus d’une semaine, chaque jour, des gendarmes font le tour des minoteries algériennes et interrogent leurs responsables ainsi que leurs travailleurs sur la gestion de leurs stocks de blés tendres ou durs qui leur sont fournis par l’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC). 

Confrontée à une crise financière d’une rare violence, l’Algérie est contrainte de réduire drastiquement ses importations notamment en produits alimentaires de première nécessité. En 2019, les importations de produits céréaliers en Algérie (blé dur et tendre, semoule et farine) ont atteint 2,71 milliards $. Une facture très salée et l’Algérie ne peut plus se permettre de payer autant de devises à l’étranger avec la chute drastique des revenus en devises du pays à cause de l’effondrement des prix du pétrole.

Et pour réduire les importations, les autorités algériennes ont préféré déclencher une enquête sur les pratiques de détournement et de gaspillage des quantités du blé octroyées aux minoteries privées. Il faut savoir que les chiffres officiels indiquent effectivement que les minoteries privées reçoivent des quantités de céréales dépassant leurs capacités de production.

Preuve en est, les capacités annuelles de trituration des entreprises de la filière céréalière sont évaluées à 110 millions de quintaux en semoule et en farine et représentent plus du double des besoins du marché intérieur algérien, reconnaît un rapport de conjoncture établi par l’OAIC en 2019. La transformation en semoule et en farine est assurée en Algérie par les 263 minoteries et les 135 semouleries réparties à travers le territoire national. Elles sont donc environ 400 usines à assurer plus du double de la demande nationale. La disponibilité en blés (dur et tendre) est assurée principalement par les importations de blé tendre à hauteur de 78% destinées à la transformation en farine panifiable et par la production locale (55%) de blé dur destiné à la fabrication de la semoule.

L’Algérie distribuent-elles à ses minoteries des quantités de blé supérieures à leurs véritables besoins nationaux et leurs capacités de production ? Oui, nous répondent plusieurs experts et acteurs du secteur céréalier algérien. Cette situation a permis de nombreux dérapages. Ainsi, les petites minoteries disposant d’une capacité de production variant entre 60 jusqu’à 100 tonnes par jour détournent régulièrement leur stock de blé qui leur a été attribué par l’OAIC pour le revendre au profit des grosses minoteries comme celles appartenant au groupe SIM du défunt Tayeb Ezzeraimi ou Benamor dont le premier patron le milliardaire Mohamed Laid Benamor est incarcéré depuis le 13 février dernier pour son implication dans plusieurs scandales de dilapidation de deniers publics.

Ces grosses minoteries utilisent, par la suite, ces quantités de céréales subventionnées par les pouvoirs publics pour la fabrication de pâtes alimentaires qui seront revendues au prix fort sur le marché intérieur ou exportés à l’étranger vers les pays voisins enrichissant ainsi les propriétaires des minoteries privées au détriment du Trésor Public qui consent à des sacrifices financiers énormes pour subventionner la farine ou la semoule.

Le gouvernement algérien veut mettre un terme à ces pratiques scandaleuses. Et pour ce faire, deux décisions ont été prises. Toutes les minoteries du pays ont été placées sous des enquêtes menées par la gendarmerie nationale et les quotas qui leurs sont attribués par l’OAIC ont énormément baissé. Dorénavant, les minoteries privées ne recevront pas plus de l’équivalent de 20 % de leurs capacités de production afin de rationaliser la consommation des céréales et réduire ainsi la facture de leurs importations.

dernières nouvelles
Actualités