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mardi, avril 30, 2024

1 dollar US = 100 Da : pourquoi cette proposition de Tebboune est non seulement absurde mais elle est aussi une très mauvaise idée pour l’Algérie

Le 30 mars dernier, lors de son interview diffusée par les télévisions algériennes, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé aux Algériennes et Algériens la réévaluation du dinar comme l’une des mesures phares de son programme des mesures de sauvegarde de l’économie nationale et notamment du renforcement du pouvoir d’achat. Abdelmadjid Tebboune a en effet évoqué la question en indiquant qu’il est temps de renforcer la valeur de la monnaie nationale qui s’est dépréciée consécutivement aux décisions inappropriées qui avaient été prises avant 2019 par l’ancien système.

Abdelmadjid Tebboune a dans son exposé rappelé pour l’exemple que 1 dollar s’échange actuellement à 140 DA et souhaite raffermir la monnaie nationale pour la ramener à un cours de 1 dollar pour 100 DA. Selon Tebboune, cette projection pourrait contribuer à réduire la valeur des produits importés au bénéfice des opérateurs et surtout du consommateur final, le citoyen. Tebboune croit savoir qu’actuellement la faiblesse du dinar participe au renchérissement des importations et constitue à ce titre un élément aggravant le pouvoir d’achat.

Cependant, il s’avère en réalité que cette proposition de Tebboune d’augmenter la valeur du dinar algérien face au dollar américain est une très mauvaise idée qui portera un important préjudice à l’économie algérienne. Et pour cause, s’il est vrai qu’un dinar algérien plus fort permettra de réduire le coût de la facture des importations, un dinar algérien plus fort va aussi impacter dangereusement les recettes en devises du pays qui proviennent directement et essentiellement des exportations des hydrocarbures. En effet, la fiscalité des hydrocarbures représente chaque année de 40 jusqu’à 60 % des recettes budgétaires de l’Etat algérien. C’est le pilier des recettes du pays qui permet à l’Etat algérien de financer ses dépenses colossales qui vont dépasser en 2024 l’équivalent de 113 milliards de dollars US, un seuil vertigineux en comparaison aux autres dépenses publiques des pays africains. Avec un Dollar US = 100 dinars algériens, l’Algérie gagnerait beaucoup moins de recettes en devises au niveau de ses exportations en hydrocarbures alors qu’un dinar plus faible lui garantit des revenus conséquents provenant de ces mêmes exportations.

Or, si les recettes budgétaires de l’Etat algérien baissent, comment le pays va-t-il faire pour financer son fonctionnement et la couverture de ses besoins fondamentaux ? Un dinar plus fort va donc inévitablement priver l’Etat algérien de ressources substantielles et déséquilibrera dangereusement la situation financière en créant une importante baisse des revenus du pays dont les besoins de financement sont de plus en plus importants au regard de sa croissance démographique. Il est à rappeler également que la valeur actuelle du dinar algérien au niveau du taux de change officiel est artificielle et elle est fixée par la Banque d’Algérie suivant des critères purement politiques et administratifs qui n’ont aucun lien avec la logique économique car la valeur réelle d’une monnaie dépend du niveau de confiance que lui accorde les investisseurs étrangers, la croissance ou performance économique du pays utilisant cette monnaie ainsi que la demande exprimée sur cette monnaie au niveau local.

C’est pour cette raison que la valeur véritable du dinar algérien se trouve dans la bourse du marché parallèle des squares ou s’échangent les devises contre la monnaie nationale. Dans ces marchés obéissant aux véritables règles économiques définissant la valeur d’une monnaie, un dollar vaut pas moins de 223 dinars et un euro vaut aujourd’hui plus de 240 dinars. Des cotations largement opposées à celles du taux de change officiel pratiquées par la Banque d’Algérie où un dollar américain s’échange actuellement contre 134,6 dinars. La banque centrale algérienne a, en vérité, d’ores et déjà commencé à augmenter la valeur du dinar puisque un dollar valait il y a de cela 3 ans 147,3 dinars. Et Cette hausse du dinar n’a rien apporté réellement de bénéfique à l’Algérie.

Par ailleurs, il s’avère en réalité que cette proposition de Tebboune d’augmenter la valeur du dinar algérien face au dollar américain est également une très mauvaise idéé portant un important préjudice à l’économie algérienne parce que le véritable problème de l’Algérie n’est pas réellement la valeur ou l’état de santé de sa monnaie, c’est d’abord et avant tout la politique économique chaotique menée depuis 2020 par le régime Tebboune. Cette politique est basée uniquement sur l’augmentation phénoménale et irrationnelle des dépenses publiques à travers le budget de l’Etat. Ce dernier est passé en 2017 de 6.800 milliards de dinars (mds DA) à plus de 15 275,3 Mrds DA en 2024, puis à 15 900,4 Mrds DA en 2025 et à 15 705,6 Mrds DA en 2026 selon les orientations fixées par le régime Tebboune.

En clair, les dépenses de l’Etat algérien sont passées de l’équivalent de 50,5 milliards de dollars US en 2017 à l’équivalent de plus de 113 milliards de dollars US en 2024. Et c’est le poids de ce budget de l’Etat algérien qui a déséquilibré dangereusement les finances de l’Algérie car cette situation a aggravé le volume de circulation de la masse monétaire dans le pays. Jusqu’à fin septembre 2023, la masse monétaire en circulation dans le pays s’élève 24.368,2 milliards DA en augmentation de 6,11 % par rapport à septembre 2022, une augmentation très élevée et anormale alors que la croissance économique du pays varie à peine de 3 à 4 %. En glissement annuel, la masse monétaire de l’Algérie, hors dépôts de la Sonatrach, s’est accrue de 10,72% et tout cet argent a été créé ou fabriqué par la Banque d’Algérie sans aucune croissance économique équivalente, à savoir sans production de biens, de produits, de services ou de richesses. Et c’est cette situation qui a fait exploser l’inflation en Algérie puisque trop d’argent circule dans le pays sans correspondre à une activité économique dynamique qui peut produire les biens de consommation recherchés par la population. Retrouvez tous les dessous, axes et enjeux de ce décryptage dans les podcasts vidéos de notre Directeur de Publication, Abdou Semmar :

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