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mardi, avril 30, 2024

Expulsion du journaliste Farid Alilat à l’aéroport Alger : les motivations cachées de la Présidence algérienne et les non-dits d’un nouveau scandale politique

Le journaliste algérien établi en France Farid Alilat a été retenu pendant onze heures dans les locaux de la police à l’aéroport d’Alger, avant d’être expulsé vers Paris. Le journaliste établi en France depuis 2004 et collaborateur du magazine spécialisé dans l’actualité africaine Jeune Afrique avait pourtant l’habitude de se rendre en Algérie. Il a affirmé dans un témoignage diffusé sur sa page Facebook avoir été refoulé samedi par les autorités à son arrivée à l’aéroport d’Alger et expulsé vers Paris après avoir été interrogé notamment sur ses articles.

Farid Alilat a expliqué dans une publication postée dimanche soir sur sa page Facebook qu’il avait été retenu pendant onze heures dans les locaux de la police, dans la nuit du 12 au 13 avril dernier, à l’aéroport d’Alger avant d’être expulsé vers la France. Farid Alilat, établi depuis 2004 en France où il dispose d’une carte de séjour, se rendait pourtant régulièrement en Algérie. «Durant l’année 2023, je me suis rendu trois fois en Algérie dans le cadre de mon travail. Je n’ai jamais fait l’objet de la moindre interpellation de la part d’une quelconque autorité. Mon dernier séjour en Algérie remonte du 15 au 24 décembre 2023. Là encore je suis rentré et sorti du territoire sans le moindre souci.», a-t-il précisé. Selon lui, les policiers l’ont interrogé notamment sur ses écrits, sur la ligne éditoriale de son journal, sur l’objet de son voyage, et sur les opposants algériens à l’étranger et ont fouillé ses deux téléphones et son ordinateur.

Les autorités algériennes n’ont fait aucun commentaire. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a condamné, dans un message sur X, une «expulsion sans justification» et dénoncé «une entrave inacceptable à la liberté de la presse». Jeune Afrique est régulièrement critiqué par les médias officiels algériens qui accusent l’hebdomadaire, dont de nombreuses éditions ont été censurées ces dernières années dans le pays, d’être biaisé en faveur du Maroc, le rival régional de l’Algérie.

Selon nos investigations, l’ordre d’expulser Farid Alilat vers la France a été communiqué à la direction générale de la Police Aux Frontières (PAF) par les services du Palais Présidentiel d’El-Mouradia. Le Président Abdelmadjid Tebboune en personne n’apprécie pas Jeune Afrique le média pour lequel travaille Farid Alilat qu’il considère comme « pro-marocain » et coupable à ses yeux de « diffuser des contenus visant à déstabiliser l’Algérie au profit des intérêts politiques et diplomatiques du Maroc », attestent nos sources. Par ailleurs, le journaliste algérien muni d’un ordre de mission délivré par la rédaction de Jeune Afrique a été empêché d’exercer son travail dans son propre pays pour empêcher la parution de reportages ou d’articles « torpillant le bilan d’Abdelmadjid Tebboune et portant préjudice à son éventuel projet de candidature pour un 2e mandat lors des prochaines élections présidentielles anticipées du 7 septembre 2024 », certifient nos sources.

C’est donc pour cette raison que la Présidence algérienne a pris brutalement la décision d’empêcher Farid Alilat de réaliser des reportages dans son pays natal à propos de l’atmosphère politique caractérisant l’organisation des prochaines élections présidentielles anticipées du 7 septembre 2024. La Présidence algérienne redoutait clairement des articles virulents caricaturant le bilan d’Abdelmadjid Tebboune et remettant en cause ses réalisations ou la légitimité de son 2e mandat qu’il pourrait briguer lors de l’élection du 7 septembre prochain. Le Palais Présidentiel d’El-Mouradia pensait également que Farid Alilat détenait la nationalité française et c’est pour cette raison qu’elle a uniquement ordonné son expulsion au lieu de son placement en garde-à-vue et de sa présentation devant un tribunal pour décider éventuellement de son emprisonnement comme plusieurs autres journalistes algériens ayant été incarcérés pour leur travail jugé très critique, voire « subversif » pour reprendre le vocabulaire de la Justice algérienne, à l’égard de l’actuel régime algérien. Ce dernier semble vouloir éviter à tout prix toute crise impromptue avec Paris où Abdelmadjid Tebboune veut exécuter prochainement une visite d’Etat de grand prestige. Voici de plus amples révélations sur les dessous de cette troublante affaire dans les podcasts vidéos de notre Directeur de Publication, Abdou Semmar :

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