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samedi, avril 27, 2024

Panique, peur et passage en force : la stratégie de Tebboune pour imposer son 2e mandat avec une élection présidentielle anticipée

Non, la surprenante annonce de l’organisation d’une élection présidentielle anticipée en Algérie ne correspond nullement à la probabilité d’une démission de l’actuel Président Abdelmadjid Tebboune et ne reflète pas une volonté de sa part d’abdiquer le pouvoir. Au contraire, nous avons pu confirmer au cours de nos investigations que cette annonce controversée entre dans le cadre de toute une stratégie machiavélique visant à préparer l’Algérie au… passage en force de son 2e mandat qui lui permettra de rester encore pendant 5 années supplémentaires à la tête de l’Etat algérien.

En effet, cette stratégie a été élaborée en concertation entre Abdelmadjid Tebboune, son entourage le plus proche et Said Chengriha, le patron de l’Institution militaire algérienne. Le 21 mars, la première étape consistait à convoquer une réunion d’urgence avec une mise en scène bien étudiée puisque l’objectif inavoué était de faire croire aux Algériennes et Algériens que leur pays va vivre une situation d’exception, voire de subir un état de siège. Effectivement, les présidents du Parlement, du Conseil de la Nation et de la Cour Constitutionnelle ont été réunis pour la première fois depuis la fin de décennie noire des années 90 avec le Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale et Populaire (ANP) et le Premier-ministre sous l’égide du Chef de l’Etat comme le décrit la Constitution algérienne dans ses articles 97 et 98 portant sur la nécessité de « décréter l’état d’urgence ou l’état de siège, pour une durée maximale de trente jours » renouvelable une deuxième fois. Il s’agit d’une réunion prévue par la Constitution algérienne uniquement dans le cas où « le pays est menacé d’un péril imminent dans ses institutions, dans son indépendance ou dans son intégrité territoriale ». Mais à la fin de cette réunion du 21 mars, aucune décision officielle n’a été annoncée concernant la mise en place d’un quelconque dispositif d’Etat d’Exception.

L’objectif était de donc dans une première étape de communiquer ou de diffuser au sein de la population algérienne un sentiment d’insécurité, d’instabilité inspirée par la supposée situation exceptionnelle qui prévaut dans le pays. Pas d’état d’urgence ou de siège déclaré, mais une date fixée pour des élections présidentielles anticipées sans fournir le moindre bien-fondé juridique pouvant justifier une telle décision surprenante. L’effet de surprise est générale et c’était le premier but recherché par Abdelmadjid Tebboune et Said Chengriha. Créer la panique et prendre de court les opposants, les partis politiques et la société civile afin de ne pas leur laisser le temps de réagir. La campagne électorale devra, en plus, commencer au mois d’août 2024 en plein été avec des températures caniculaires qui séviront dans toutes les régions du pays sans oublier la torpeur estivale qui va démobiliser la population et décourager ainsi toute initiative politique. Les opposants à Tebboune sont toujours dans l’expectative et attendent toujours sa décision finale concernant l’option de briguer son deuxième mandat. Cette décision va tarder puisque Tebboune va jouer le chronomètre jusqu’au bout en laissant planer un suspense qui fera perdre beaucoup de temps, tout en les épuisant, à ses adversaires lesquels cherchent des informations fiables afin d’adapter leurs stratégies au contexte politique en vigueur dans le pays.

Et c’est ainsi que Tebboune pourrait attendre jusqu’à la fin du mois d’avril, voire début mai pour faire son annonce de candidature présidentielle laissant ainsi très peu de marge de manœuvres , moins de deux mois avant la campagne électorale, à ses adversaires qui chercheront à torpiller ou empêcher son 2e mandat. Avec cette configuration, et une campagne électorale en plein mois d’août, période des congés avec des universités vides, écoles vides, entreprises quasiment vides aussi, les services de sécurité pourront imposer un contrôle très strict et absolu de la rue ainsi que des bureaux de vote. C’est le scénario qui permet à Abdelmadjid Tebboune d’être couronné président pour un 2e mandat avec le moins de fracas possibles et sans souffrir d’une résistance farouche puisque les risques d’une reprise du Hirak populaire ou de déclenchement d’actions hostiles de l’opposition seront réduits au strict minimum. C’est le parfait passage en force pour le 2e mandat.

Par ailleurs, force est de constater que le président Algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé d’écourter son mandat présidentiel mais sans pour autant sa démission de sa fonction de Chef de l’Etat. Ce n’est pas nous qui l’affirmons, c’est bel et bien l’APS, l’agence de presse étatique, la voix médiatique officielle de l’Etat algérien qui le dit dans une dépêche diffusée partout dans les médias algériens qui expliquent les raisons ayant conduit le président algérien à programmer des élections présidentielles anticipées. « L’annonce du Président Tebboune est donc le signal, officiel, d’une sortie de crise. L’Etat algérien n’est plus en crise ou en situation d’urgence. Il a reconquis sa stabilité. Ses institutions ont retrouvé leur équilibre. Il a retrouvé son processus décisionnaire. L’agenda électoral est donc re-calibré en fonction de cette norme. De la norme démocratique. De ce retour à la quiétude constitutionnelle et institutionnelle. Quitte à écourter de son propre mandat, la réflexion présidentielle semble avoir été guidée par ce souci de re-stabilisation de l’édifice de l’Etat », a expliqué ainsi la très officielle APS, porte-parole attiré de l’Etat algérien, dans une dépêche diffusée le vendredi 22 mars en fin d’après-midi.

C’est donc une source officielle qui fait cette affirmation solennelle : Abdelmadjid Tebboune a décidé d’écourter son mandat. Cependant, la Constitution algérienne interdit catégoriquement ce cas de figure. L’article 88 de la Constitution algérienne affirme clairement que « la durée du mandat présidentiel est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ou séparés. En cas d’interruption du mandat pour cause de démission du Président de la République en exercice ou pour toute autre cause, ce mandat est considéré mandat accompli ». En clair, Abdelmadjid Tebboune doit démissionner de poste de Président de la République s’il doit écourter son mandat. Une décision qu’il n’a pas encore prise ou visiblement qu’il n’a pas encore voulu ou ne veut tout bonne pas prendre plongeant ainsi le pays dans une situation d’insécurité politique, institutionnelle et déstabilisant dangereusement l’Algérie à travers cette manœuvre indélicate d’une élection présidentielle anticipée.

D’autre part, nous pouvons constater aussi que la surprenante et brusque annonce de l’organisation d’une élection présidentielle anticipée en Algérie ne reflète nullement une quelconque volonté de renforcer la stabilité du pays. Au contraire, elle participe à un large plan de déstabilisation du pays dans le seul but de permettre à Abdelmadjid Tebboune de commencer le plus rapidement possible son 2e mandat consécutif. Le régime Tebboune est actuellement rongé par une peur profonde en raison de son incapacité chronique à redresser le pays et à offrir à la population algérienne le bien-être social, l’espoir d’un renouveau économique et des garanties d’un avenir meilleur.

Craignant le retour en force des protestations populaires à la prochaine rentrée sociale de septembre 2024, une explosion sociale alimentée par une abyssale colère populaire en raison de l’accumulation incessante de la détresse sociale, de la misère économique et de la précarité généralisée, le régime Tebboune a établi un stratagème pour reprogrammer le calendrier électoral afin de faire avancer la date du scrutin présidentiel anticipant ainsi tous risques d’une vigoureuse contestation de la légitimité du 2e mandat que veut briguer Abdelmadjid Tebboune. Comme il avait été révélé précédemment par Algérie Part, jusqu’au mois de février, le régime Tebboune réfléchissait au scénario du report des élections présidentielles prévues initialement en décembre 2024 arguant d’un contexte géopolitique très menaçant contre la sécurité nationale et de crise extérieures aux portes des frontières du pays. Mais nos révélations et les commentaires qui ont suivi sur les intentions malsaines et objectifs égoïstes des dirigeants algériens consistant à instrumentaliser excessivement des tensions externes pour annuler une élection présidentielle ont fini par contraindre le régime Tebboune à revoir sa copie.

Le pouvoir algérien a inversé par la suite son équation en utilisant, comme il est dans la dernière dépêche de l’APS, les menaces extérieures pour planifier une élection… présidentielle anticipée avec des préparatifs qui auront lien en pleine saison estivale et prenant de court les autres potentiels opposants à Tebboune qui voudront préparer, compléter et déposer leurs dossiers de candidatures pour participer à cette compétition électorale. « Les menaces extérieures sont telles, réelles et palpables, qu’écourter le premier mandat est une nécessité tactique. Une anticipation de turbulences programmées. L’enjeu international prédomine sur l’enjeu national », a écrit à de sujet l’APS reconnaissant une nouvelle fois que Tebboune va écourter son mandat pour faire face à ces menaces… mais sans pour autant démissionner de son poste ! La peur de perdre le pouvoir, l’incapacité de conserver ce même pouvoir jusqu’à décembre 2024, la crainte d’une explosion de la colère populaire, les pressions exercées par des opposants et journalistes exilés, ont poussé le régime Tebboune à se précipiter dans un vaste plan d’urgence avec pour seule priorité : lancer le 2e mandat dans les plus brefs délais sans prendre nullement conscience des risques inhérents à cette démarche vis-à-vis de la sacro-sainte stabilité de l’Algérie. Retrouvez tous les éléments de ce décryptage dans les podcasts vidéos de notre Directeur de Publication, Abdou Semmar :

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