Le 11 mars 2024, la Présidence française, l’Elysée, a révélé dans un communiqué public que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, viendra en France, pour une visite d’État, « fin septembre-début octobre ». Cette annonce est survenue juste après un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et son homologue algérien. La date précise n’avait pas encore été divulguée, mais cette annonce a suscité l’effet d’une bombe à partir du 21 mars 2024 date à laquelle la Présidence algérienne a annoncé la tenue d’une élection présidentielle anticipée prévue le 7 septembre 2024.
La concordance entre ces deux évènements a suscité de nombreuses interrogations et de nombreux observateurs des très complexes relations algéro-françaises ont été amenés à constater que la France est en train de cautionner ouvertement le 2e mandat que veut briguer le président Abdelmadjid Tebboune puisqu’elle va lui dérouler le tapis rouge quelques semaines après sa « future réélection » en tant que Chef d’Etat fort d’une deuxième mandature. Si ce constat peut paraître légitime puisqu’il s’appuie sur des faits troublant liés à la proximité déconcertante entre l’agenda de la visite d’Etat de Tebboune à Paris et l’organisation des élections présidentielles anticipées en Algérie, il s’avère que la réalité des enjeux cachés de ce dossier est beaucoup plus complexe qu’on ne le pense.
Et pour cause, selon les investigations menées par Algérie Part, l’establishment français s’est appuyé sur des informations concordantes qui lui sont parvenues depuis Alger et indiquant un report des élections présidentielles de décembre 2024 jusqu’au printemps ou l’été 2025. Les autorités françaises auraient été également totalement surprises et prises de court lorsque la Présidence algérienne a annoncé l’organisation des élections présidentielles anticipées pour le 7 septembre 2024 plaçant ainsi la perspective de la visite d’Etat de Tebboune à Paris dans un vaste plan d’instrumentalisation et de manipulation politique qui aura pour but de combler le déficit de légitimité lequel caractérisa fortement la réélection de Tebboune à travers le forcing brutal pour la mise en place de son 2e mandat successif à la tête de l’Etat algérien. A travers sa visite à Paris qu’il espère grandiose, Abdelmadjid Tebboune espère soigne la très piètre image qui se dégagera de lui au lendemain du 7 septembre 2024 où une élection très impopulaire et largement boycottée par l’opposition ainsi que la population algérienne devra le conduire à un 2e mandat en dépit de son bilan catastrophique à la tête du pays.
En réalité, la France a été manipulée par le régime algérien pour l’utiliser comme un paramètre de régulation des rapports de force internes au sein du régime algérien et un outil de légitimation du controversé projet du 2e mandat de Tebboune dans le très obscur jeu de poker politique du pouvoir algérien. Dans ce podcast vidéo, notre directeur de publication, Abdou Semmar, explique les tenants et aboutissant de ce piège tendu par le régime à la France et les dessous de son instrumentalisation pour les besoins des manipulations autour de la prochaine élection présidentielle anticipée. En clair, Abdou Semmar explique que l’Elysée été utilisée comme subterfuge pour faire croire à l’opinion publique algérienne que le deuxième mandat de Tebboune est activement soutenu par une importante puissance universelle, à savoir la France, et ce même subterfuge a servi au clan Tebboune pour persuader l’opinion publique cette fois-ci internationale que sa réélection pour un futur 2e mandat sera une simple formalité qui ne souffrira d’aucune ambiguïté.
Rappelons enfin que la visite de Tebboune en France avait été programmée d’abord début mai 2023, puis elle avait été repoussée à juin de la même année, les Algériens craignant alors qu’elle ne soit gâchée par les manifestations du 1er mai contre la très contestée réforme des retraites en France, selon des sources concordantes.
