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dimanche, mai 5, 2024

Documents exclusifs. Approvisionnement en carburants : comment le PDG de Sonatrach a sauvé le privé PETROGEL au lendemain de sa visite à NAFTAL

Algérie Part a obtenu de nouveaux documents exclusifs au cours de ses investigations qui démontrent les rapports affairistes liant le PDG de Sonatrach à l’entreprise privée PETROGEL, l’un des plus gros opérateurs privés algériens spécialisés dans la distribution des carburants et des produits pétroliers. 
Comme il a été expliqué dans une précédente enquête publiée récemment par Algérie Part, l’opérateur privé PETROGEL, basé à Batna, fait partie des 10 opérateurs agréés par les autorités algériennes pour intervenir dans la distribution de gros des carburants sur le marché national. Il est donc censé être le concurrent de l’opérateur public NAFTAL, filiale du groupe Sonatrach, qui est chargé de la commercialisation et distribution des carburants par la société nationale des hydrocarbures.
En dépit, de cela NAFTAL a été instruite par le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, de secourir ce concurrent privé embourbé dans certaines difficultés financières en raison de son expansion très rapide et incontrôlée, à savoir PETROGEL, en lui débloquant l’approvisionnement en carburants de plusieurs de ses stations-services basées dans plusieurs wilayas de l’est du pays. En effet, le 16 juin dernier, le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar s’est rendu en toute discrétion à NAFTAL pour rencontrer en privé Kamel Benfriha, le directeur général par intérim de NAFTAL. Comme par hasard, au lendemain de cette rencontre avec le PDG de Sonatrach, la direction générale de NAFTAL envoie un document officiel le 17 juin dernier pour demander l’approvisionnement en carburants de 14 stations-services de l’opérateur privé PETROGEL, le concurrent direct de NAFTAL puisqu’il est également acteur de ce marché stratégique de la distribution en gros des carburants !
Le document en notre possession est signé par le directeur de la branche commercialisation au niveau de la direction générale de NAFTAL. Il a été adressé à tous les directeurs des districts de la branche commercialisation NAFTAL de Biskra, Annaba, Sétif et Alger. Ce document explique clairement que c’est le DG de NAFTAL qui a ordonné lui-même « l »approvisionnement des stations-services de PETROGEL jusqu’à nouvel ordre ». Ce document demande, par ailleurs, l’application en « urgence » à la livraison des carburants aux points de vente du privé PETROGEL.
Une « urgence » décidée le 17 juin au lendemain de la visite discrète de Toufik Hakkar à Kamel Benfirha. Le puzzle se recompose ainsi sous nos yeux. Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a abusé de ses fonctions de PDG de Sonatrach pour octroyer d’indus avantages et des privilèges illicites à l’entreprise privée PETROGEL appartement à son ami et partenaire en affaires, l’homme d’affaire Hamza Guettai. Le PDG de Sonatrach a exercé des pressions pour persuader Kamel Benfriha d’autoriser NAFTAL d’approvisionner son « concurrent » sur le marché national PETROGEL. C’est une initiative inédite et gravissime qui en dit long sur le trafic d’influence qui s’opère dans le secteur des hydrocarbures en Algérie.

Les revenus de cet distributeur en gros des carburants dépassent l’équivalent de 32 millions de dollars par an. Algérie Part a publié récemment plusieurs révélations concernant les pratiques opaques et les relations troublantes du propriétaire de Petrogel.

Cette entreprise appartient à l’homme d’affaires Hamza GUETTAI. En dépit de son jeune âge, à peine 36 ans, ce monsieur est devenu milliardaire dans une Algérie ébranlée par tous les soubresauts.  Ce jeune homme d’affaires originaire de Batna est l’ami intime de Toufik Hakkar, l’actuel PDG de Sonatrach. Comme Toufik Hakkar, Hamza Guettai est originaire de Batna où Petrogel dispose de ses installations énergétiques. Comme il avait été révélé récemment par Algérie, A Bir Mourad Rais, à Alger, ce milliardaire réunit dans le bureau du siège algérois de son entreprise son ami le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, qui est toujours accompagné par MELAIKA Amine, Vice-Président Transport par Canalisations de Sonatrach, ainsi qu’Abdelaziz Belaid, l’ex-candidat infortuné aux élections présidentielles du 12 décembre 2019 et patron du parti politique le Front El-Moustakbal. Cette clique multiplie régulièrement les conciliabules pour parler des affaires les plus juteuses du secteur des hydrocarbures.

 

Dans une autre de nos enquêtes, nous avions expliqué comment le réseau de Toufik Hakkar a profité à l’opérateur de Petrogel. Ce dernier va obtenir, effectivement, un atout inédit dans l’histoire des hydrocarbures en Algérie. Sonatrach  est importateur net de fuel de soutage, carburant  destiné  à  faire  tourner  les bateaux, cargos  et ferries. Depuis  l’indépendance, NAFTAL  est  le seul  opérateur qui vend aux navires ce carburant avec un prix pour le marché  national  et un autre  prix pour les navires étrangers. Mais depuis 2019, la société privée Petrogel a réussi à  décrocher  un agrément  du ministère  de l’énergie  pour commercialiser le fuel et signer  un contrat avec Sontrach afin de commercialiser des quantités  importantes du fuel  au prix du marché  national.
Contrairement  aux  lois en vigueur dans notre pays, PETROGEL a réussi  avec l’aide et la complicité  de Toufik Hakkar à acheter au rabais  un fuel importé en devises  par Sonatrach pour le revendre aux navires étrangers en devises sonnantes et trébuchantes engrangeant ainsi un bénéfice important au détriment de NAFTAL et de Sonatrach qui auraient pu commercialiser ce fuel comme ils le faisaient depuis toujours…
En plus, nous avons appris au cours de nos investigations que l’entreprise privée Petrogel  bénéficie  d’un délai  de paiement  très  important lui permettant d’accumuler récemment jusqu’au mois de mois-avril 2020 des impayés  d’une  valeur  de 85 milliards de Da, à savoir près de 59 millions d’euros. Cet argent n’a toujours pas été payé à Sonatrach contrairement aux autres  clients qui doivent s’acquitter des factures d’achat en gros des divers carburants avant même la livraison. Mais, grâce à Toufik Hakkar, Petrogel n’est pas un opérateur comme les autres. Il a le droit à un traitement de faveur qui coûte malheureusement des pertes financières énormes à Sonatrach.
L’opérateur privé est ainsi une entreprise choyée étrangement par tous les lobbys en Algérie. Preuve en est, nous avons appris enfin qu’elle a bénéficié récemment d’une ligne de crédit de 45 milliards de Da, à savoir l’équivalent de 31 millions d’euros, pour développer ses activités et concurrencer ainsi le géant public NAFTAL. PETROGEL est donc un opérateur privé soutenu largement par les banques, la direction générale de Sonatrach et encore par son grand concurrent NAFTAL pour qu’il puisse prospérer sur le marché algérien et gagner de l’argent. C’est tout simplement inédit.
Force est de constater en dernier lieu qu’aucune voix ne s’est élevée à NAFTAL pour dénoncer ces pratiques illicites et ce sabotage de l’entreprise publique nationale au détriment de l’enrichissement d’une entreprise privée détenue par un milliardaire allié et ami du PDG de Sonatrach.
Bien contraire, nous avons pu confirmer au cours de nos investigations que cette récente décision de porter secours aux stations-services de PETROGEL a reçu la bénédiction du Secrétaire général du syndicat UGTA de NAFTAL, Lazhar Adjroud dont le mandat a expiré depuis plus d’un mois avec un bilan catastrophique dont un climat social pitoyable pour les travailleurs de NAFTAL.  Algérie Part poursuit ses investigations et publiera de nouvelles révélations à propos de ce dossier très sensible.
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