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jeudi, mai 2, 2024

Une banque jordanienne fortement présente en Algérie impliquée dans un gros scandale international de financement de terrorisme

Après les Panama Papers, de nouvelles révélations basées sur des fuites de documents confidentiels sont à l’origine d’u nouveau scandale qui est en train d’ébranler le système bancaire mondial. Il s’agit de ce que les médias internationaux appellent, désormais, le scandale du FinCEN Files. Et dans ce méga-scandale international, une banque jordanienne fortement présente en Algérie est impliquée dans de dangereuses pratiques de financements de terrorisme et de blanchiment d’argent. Cette banque s’appelle l’Arab Bank PLC. 

Mais, d’abord, parlons du FinCEN Files. Il s’agit d’une nouvelle enquête mondiale qui a été rendue possible grâce à ce qu’on appelle des Suspicious Activity Reports (SAR, rapports d’activités suspectes) envoyés par les banques américaines lorsqu’elles détectent des transferts de fonds douteux.

Les SAR sont destinés au service de renseignement financier américain FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network), au cœur du système mondial de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Tout a commencé lorsque pas moins de 2 100 de ces documents confidentiels ont été obtenus par le média en ligne BuzzFeed News, célèbre site d’information américain, qui les a partagés avec l’ICIJ (Consortium international des journalistes d’investigation). Ce dernier a alors constitué une équipe de plus de 400 journalistes travaillant pour 110 organes de presse dans 88 pays, afin de les analyser et d’enquêter. Parmi ces médias, nous retrouvons la cellule investigation de Radio France et Le Monde se sont mobilisés sur ce projet.

Dans un compte rendu publié par le site internet de France Info TV, une chaîne de télévision française et publique d’information en continu, la banque jordanienne L’Arab Bank PLC est citée dans le financement d’un attentat perpétré en 2003 à Jérusalem.

A partir de 2010, un procès fut intenté aux États-Unis contre la banque jordanienne L’Arab Bank PLC. L’institution financière jordanienne a été accusée ouvertement d’avoir transféré des fonds ayant permis de financer cet attentat ainsi que d’autres. Les révélations des FinCEN Files montrent que également que l’Arab Bank était alors en relation avec une banque beaucoup plus grande et plus influente : Standard Chartered. Cette banque, dont le siège est au Royaume-Uni, a aidé les clients d’Arab Bank à accéder au marché financier américain, et ce en dépit des défaillances constatées par les autorités de régulation dans le système de lutte contre le blanchiment d’argent d’Arab Bank en 2005. Elles l’avaient contrainte à réduire ses activités de transfert d’argent aux États-Unis.

Les FinCEN Files montrent que malgré ses promesses d’écarter ses clients suspects, Standard Chartered a réalisé 2 055 transactions, pour un montant de plus de 24 millions de dollars, pour le compte de clients de l’Arab Bank entre septembre 2013 et septembre 2014.

Fin septembre 2014, dans le cadre du procès intenté notamment à la suite de l’attentat à la bombe contre le bus de Jérusalem, un jury de Brooklyn a jugé Arab Bank responsable d’avoir sciemment soutenu le terrorisme en virant de l’argent déguisé en dons de charité au Hamas, le groupe palestinien considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis.

Un an plus tard, le personnel chargé de la conformité de Standard Chartered envoie à FinCEN un rapport d’activité suspecte signalant que des transactions de la banque avec Arab Bank avaient eu lieu jusqu’à quelques jours après le verdict à Brooklyn, et exprimant des inquiétudes quant au « financement potentiel du terrorisme ».

Selon des documents issus des FinCEN Files, Standard Chartered a en effet transféré près de 12 millions de dollars supplémentaires pour le compte de clients d’Arab Bank entre le lendemain du verdict et février 2016. De nombreux télégrammes faisant référence à des « organisations caritatives », des « dons », du « soutien » ou des « cadeaux », y apparaissent.

Le verdict contre Arab Bank a finalement été annulé, la cour d’appel ayant identifié des vices de procédure lors du procès. Arab Bank a alors conclu un accord avec près de 600 victimes et parents de victimes, dont le montant n’a pas été divulgué.

En Algérie, l’Arabe Bank est l’une des plus importantes banques étrangères présentes sur le marché national. Très discrète, l’Arabe Bank est surtout impliqué dans le financement des opérations d’importations à l’étranger. Rarement médiatisé, l’Arabe Bank s’est installée en Algérie à partir de 2008 où elle avait commencé à élargir son réseau d’agences bancaires après avoir inauguré une première agence à Alger. Une autre représentation avait lancée à Sétif portant à quatre le nombre de ses agences en Algérie en 2008. Aujourd’hui, cette banque jordanienne a 8 succursales à Hydra, Oran, Kouba et Annaba.

L’Arabe Bank n’a jamais voulu étoffé son réseau pour rester très discrète en Algérie. Ce mystère que cette banque jordanienne a entretenu durant ses longues années dans notre pays soulèvent, désormais, à la lumière des ces nouvelles révélations internationales sur le blanchiment d’argent au sein du système bancaire mondiale, de sérieuses interrogations sur son fonctionnement et la conformité de ses usages financiers.

Fondée voilà plus de 70 ans, en 1930, à Jérusalem, par feu Abdelhamid Shoman, Arab Bank PLC est l’une des plus grandes et des plus importantes institutions financières du Proche-Orient.

Abdul Majeed Shoman est décédé le 5 juillet 2005. Son fils, Abdel Hamid Shoman a été élu président à la mort de son père. En 2005, Arab Bank a rouvert ses opérations en Syrie et a pris les dispositions préliminaires nécessaires pour commencer ses activités en Iraq, si les circonstances le permettent.

En 2006, Arab Bank a obtenu le feu vert pour créer Europe Arab Bank (EAB), une filiale à 100% basée à Londres. La banque a également acquis 50% de Turkland Bank en Turquie et 50% d’Al Nisr Al Arabi Insurance en Jordanie, introduisant ainsi la bancassurance à sa gamme de produits. Aujourd’hui, le Groupe Arab Bank possède l’un des plus grands réseaux bancaires arabes mondiaux avec plus de 600 succursales réparties sur les cinq continents.

Le 13 août 2008, Arab Bank plc a obtenu la licence pour établir et exploiter une filiale en propriété exclusive à Khartoum – Soudan, sous le nom de «Arab Sudanese Bank», qui est destinée à offrir une gamme complète de produits et services bancaires islamiques conforme à la charia. Le capital versé de la banque est de 50 millions de dollars américains.

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