Le nom du général Ghali Belkecir, l’ancien commandant de la gendarmerie nationale et l’un des officiers les plus corrompus de l’armée algérienne, a été évoqué lors des audiences du procès d’Abdelghani Hamel, ancien Directeur général de la sûreté nationale (DGSN), et de Noureddine Berrachdi, ancien chef de Sûreté de la wilaya d’Alger qui s’est ouvert ce jeudi après son report cinq fois consécutives en raison de la pandémie Covid-19.
Lors de son témoignage pour répondre aux accusations d’abus de fonction pour l’obtention d’indus privilèges à caractère professionnel en vue de la préservation du poste de DGSN ou d’un poste supérieur, Nourredine Berrachdi a fait savoir au juge qu’il appliquait uniquement les consignes et instructions de son supérieur Abdelghani Hamel, l’ex-patron de la DGSN de 2010 jusqu’à 2018. Néanmoins, Berrachdi a révélé une histoire croustillante qui en dit long sur les ramifications complexes des pratiques scandaleuses du milliardaire Kamel Chikhi alias le Boucher, le célèbre promoteur immobilier et le plus gros importateur des viandes surgelées en Algérie, le principal suspect dans l’affaire de la cocaine du Port d’Oran.
Selon Berrachdi, sous sa coupe la police de la wilaya d’Alger a bel et bien enquêté sur les affaires immobilières très louches du milliardaire Kamel le Boucher contrairement à ce que laissent entendre ses détracteurs et accusateurs. Berrachdi en veut pour preuve une enquête diligentée entre 2016 et 2017 sur un immeuble construit par Kamel le Boucher à Hydra composé de 15 appartements. Les enquêteurs de la Police ont demandé aux services de la la conservation foncière de la wilaya d’Alger les noms des bénéficiaires de ces appartements. Les identités de 14 bénéficiaires ont été communiquées à la DGSN sauf le 15e. Pourquoi ? Parce que cette 15e personne s’appelait le général Ghali Belkecir, le fameux patron de la gendarmerie nationale. Des autorités de la wilaya d’Alger dirigée à l’époque par l’ex-Wali Abdelkader Zoukh ont donc sciemment effacé le nom du général Ghali Belkecir pour lui offrir l’anonymat total dans cette transaction immobilière douteuse et suspecte qui peut lui porter un très sérieux préjudice moral.
De son côté, Tayeb Louh, convoqué en tant que témoin dans ce procès, a été interrogé lui-aussi par le juge sur ses relations avec l’ex-commandant de la gendarmerie nationale, le général Ghali Belkecir. Le parquet général voulait comprendre pourquoi l’ex-ministre de la Justice de 2013 jusqu’à 2019 a dessaisi en 2018 la DGSN de l’enquête sur les affaires de blanchiment d’argent du milliardaire Kamel Chikhi alias le Boucher pour la confier ensuite à la gendarmerie nationale sous la coupe de Ghali Belkecir. D’après Tayeb Louh, la justice avait estimé que la gendarmerie nationale supervisait d’ores et déjà deux enquêtes sur Kamel le Boucher et qu’il était donc judicieux de lui permettre de poursuivre les investigations sur un troisième dossier impliquant le même acteur considéré comme le premier suspect dans l’affaire de de la cocaine du Port d’Oran qui avait ébranlé toute l’Algérie à la fin du mois de mai 2018.
Le juge comme les avocats de la partie civile ne semblent pas avoir été convaincus par les arguments de Tayeb Louh qui est très gêné à chaque fois que son amitié et liaison avec Ghali Belkecir est abordée publiquement. Signalons enfin que les audiences de ce procès se poursuivent toujours au tribunal de Blida.
