Une deuxième usine, Swicorp permet, surtout, à Abdelmalek Sahraoui de conclure avec le géant BP une alliance nouée en 2005 pour lui donner l’exclusivité de la commercialisation en Algérie des lubrifiants du groupe pétrolier britannique. En plus, Swicorp va investir à partir de 2008 pas moins de 15 millions de dollars en Algérie, tout en conservant une participation minoritaire au sein de Petroser, pour se développer aux côtés de Petroser en Algérie.
Pour piloter ce projet ambitieux, Kamel Lazaar persuade Abdelmalek Sahraoui de désigner un vrai manager doté d’une expérience internationale. On lui ramènera à ce poste un certain Serge Dubois, un français originaire de Marseille qui était l’un des représentants de Castrol, une autre marque de lubrifiants pour moteurs qui appartient également au groupe pétrolier anglais BP. Jusque-là, un véritable rêve était en train de se réaliser pour l’homme d’affaires Abdelmalek Sahraoui qui commençait à devenir parmi les poids lourds de la scène économique algérienne. Mais les appétits voraces du businessman algérien et sa profonde malhonnêteté vont mettre en péril les ambitions de ce projet industriel. En 2010, Swicorp demande au bureau de Tunis de KPMG, l’un des leaders mondiaux de l’audit, du conseil et de l’expertise comptable, de réaliser un audit sur les comptes financiers et d’examiner la gestion de Petroser.
Un premier trou de 12 milliards de centimes a été découvert. Une irrégularité que les auditeurs de KPMG n’ont jamais su comment expliquer puisque Abdelmalek Sahraoui a fait disparaître toutes « les pièces à conviction »avec une déchiqueteuse. En dépit de ses pratiques sombres et illicites, Swicorp tente de résister et reste attaché aux perspectives prometteuses du marché algérien.
En 2012, la situation va se dégrader encore davantage et les pratiques immorales d’Abdelmalek Sahraoui vont pousser au départ son manager français Serge Dubois. Les deux hommes sont se disputer et le milliardaire algérien a voulu se débarrasser du manager français après avoir bien profité de toutes ses compétences. Mais pour résilier son contrat, Abdelmalek Sahraoui a déboursé la coquette de somme de 400 mille euros au profit de Serge Dubois.
Ce dernier va tourner la page et rejoint Lafarge Holcim pour diriger leur direction de communication. Abdelmalek Sahraoui va tenter de continuer à manipuler son partenaire Swicorp qui lui a permis de décoller économiquement et de réaliser des revenus dépassant les 60 millions d’euros (6 milliards de dinars) en 2011 alors qu’il gagnait à peine l’équivalent de 20 millions d’euros en 2007. A partir de 2014, Abdelmalek Sahraoui se croit très puissant en raison de son soutien financier à la campagne du 4e mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Un soutien qui lui permettra d’accéder au cercle très fermé de l’oligarchie algérienne choyée par le pouvoir politique algérien.
A ce moment-là, le divorce avec Swicorp était devenu inévitable car personne ne pouvait tolérer les pratiques peu légales d’Abdelmalek Sahraoui et l’ingérence brusque de ses frères dans la gestion interne de Petroser. Un conflit éclate et Swicorp exige des réparations, des indemnisations à la suite de son investissement auprès de Petroser. Abdelmalek Sahraoui refuse et croit savoir que le régime algérien va le protéger coûte que coûte. Le conflit est porté au niveau de l’arbitrage international. Abdelmalek Sahraoui prend un très discret cabinet tunisien pour le secourir et lui sauver la peau. Il s’agit du cabinet Kammoun & Kallel basé à Tunis. En parallèle, Abdelmalek Sahraoui fera de son mieux pour éviter que le scandale ne soit pas médiatisé en Algérie au risque de lui porter un sérieux préjudice.
Un accord à l’amiable a été trouvé entre Petroser et Swicorp. Mais Abdelmalek Sahraoui n’a jamais voulu dire comment il a fait pour indemniser ses anciens partenaires saoudiens. Comment a-t-il pu mobiliser les devises faisant l’objet d’un très sévère dispositif juridique de contrôle des changes en Algérie pour les calmer et les faire taire afin d’éviter un procès retentissant ? Naturellement, en Algérie, ni la justice ni les services de sécurité ne vont s’intéresser à ce dossier car les caciques du régime algérien protègent l’oligarque qui deviendra à partir de mai 2017 député FLN de la wilaya de Mascara jouissant ainsi de l’immunité parlementaire, le parfait bouclier pour ce businessman.
Une impunité qui dure jusqu’à aujourd’hui puisque de tous les oligarques de l’ère Bouteflika, il est le seul qui a survécu à la purge menée par la justice algérienne et les services de sécurité. En effet, le milliardaire Abdelmalek Sahraoui a conservé en impunité toute son immense fortune qui avoisine les 1 milliard de dollars alors qu’il s’est enrichi illicitement durant les 20 dernières années en profitant des mêmes largesses ou mécanismes de corruption qui ont permis l’enrichissement d’Ali Haddad, Mourad Oulmi, Mahieddine Tahkout, Mohamed Laid Benamor ainsi que tous les autres richissimes oligarques incarcérés à El-Harrach depuis la chute des Bouteflika le 2 avril 2019.
Comme tous ces oligarques emprisonnés et sous enquête, Abdelmalek Sahraoui s’est enrichi grâce à des lignes de crédits évaluées en plusieurs milliards de Da, des concessions agricoles qui lui ont permis d’exploiter des milliers d’hectares à Mascara, Saida, El-Bayadh ou Adrar, ou des facilités déconcertantes qui lui ont permis de fonder la première chaîne privée de stations-service. Il s’agit effectivement de Petroser qui a raflé des parts de marchés importants à NAFTAL, la société nationale de distribution des carburants et filiale de Sonatrach, notamment dans les wilayas de l’ouest du pays. Petroser est l’entreprise la plus prospère du groupe privé dirigé par Abdelmalek Sahraoui et ses frères appelé le groupe Promo Invest.