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vendredi, avril 26, 2024

Retour de la peine de mort en Algérie : les déclarations de Zeghmati jettent le trouble

La peine de mort est-elle de retour en Algérie ? Oui si on prend en considération les dernières déclarations du ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, qui a fait une sortie médiatique très troublante sur le plateau de l’ENTV, la télévision étatique algérienne. 

Invité du JT de 20 H 00, Belkacem Zeghmati a affirmé dimanche soir que le nouveau projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les crimes d’enlèvement prévoit une série de mesures sévères, à leur tête la perpétuité ou la peine de mort pour les auteurs d’enlèvement d’enfants soulignant la possibilité de se constituer partie civile pour les associations activant dans la protection des droits humains.

A ce propos, le ministre algérien de la Justice a relevé sur le plateau de l’ENTV le caractère « pénal » de toutes les peines prévues, allant de 10 et 15 ans d’emprisonnement dans le cas où la victime est libérée dans les dix jours, au lieu d’un (1) mois actuellement dans la loi en vigueur. Zeghmati a rappelé aussi, dans ce cas, la condition que la personne enlevée n’ait subi aucune forme de violence ou de mal-traitance et qu’elle soit majeure.

Dans le cas de la prise de la victime en otage ou de recours à la violence lors de son enlèvement, la peine variera entre 15 et 20 ans, a fait savoir Zeghmati précisant que la peine pourra aller jusqu’à la perpétuité, si la victime a subi un préjudice où un handicap permanent ou aura été prise en otage pour demander une rançon. Dans le cas où l’enlèvement a pour conséquence le décès de la victime, la peine encourue est la peine capitale, a encore précisé le ministre de la Justice. Oui, vous avez bien entendu, la peine capitale si l’enlèvement a pour conséquence le décès de la victime.

Cela signifie-t-il que l’Algérie appliquera réellement et concrètement la peine de mort ? Zeghmati ne répond pas par oui ni… par non. Il jette le trouble et laisse sa déclaration susciter la polémique au moment où la société algérienne est en proie à une émotion collective à cause de l’horrible féminicide ont fut victime la jeune Chaima, violée ensuite brûlée par son bourreau. 

Une émotion légitime, mais qui suscite un débat houleux sur la nécessité de « punir » les violeurs et les bourreaux par l’application stricte de la peine de mort. Belkacem Zeghmati cherche-t-il à récupérer cette douleur nationale à son profit en promettant la mise en place de la peine de mort ? Une astuce politique qui lui permet de redorer son blason au moment où les Algériennes et Algériens critiquent sévèrement le fonctionnement actuel de la Justice en raison des incessantes incarcérations arbitraires des militants et activistes du Hirak.

Il faut savoir que la peine de mort est officiellement gelée en Algérie. L’Algérie est même l’un des pays parrains de la résolution des Nations-Unies appelant à l’instauration d’un moratoire universel sur les exécutions. Cependant, les autorités algériennes n’ont pas encore aboli définitivement la peine de Mort en dépit de son inefficacité dans la lutte contre toutes les formes de criminalités.  Pour rappel, la dernière exécution en Algérie remonte au 1993. Elle concerne les impliqués dans l’attentat à la bombe qui a ciblé l’aéroport international Houari Boumedienne en aout 1992 et qui a fait au moins 8 morts.

Depuis, la peine de mort est prononcée, mais elle n’est jamais appliquée et se transforme en perpétuité. En 2018, une seule condamnation à mort a été prononcée par la justice algérienne alors que 27 personnes avaient été condamnées à mort en 2017, contre 50 en 2016 et 62 en 2015.

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