Le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, prouve de jour en jour sa totale incapacité à diriger le secteur le plus névralgique en Algérie. Une incapacité qui s’explique par le manque de maîtrise inquiétant de ce ministre des dossiers les plus stratégiques du secteur. Sans oublier les annonces totalement farfelues et fausses qui relèvent d’un populisme troublant. Prenons deux dossiers de l’heure : les prix du baril du pétrole et le fameux projet Desertec.
Dans le premier dossier, celui des prix du baril du pétrole, Mohamed Arkab a tout simplement raconté n’importe quoi aux Algériens. Dans une déclaration faite à l’APS, l’agence de presse officielle de l’Etat algérien, le ministre a fait savoir que la réduction volontaire de la production par d’autres pays pétroliers accélèrera le recouvrement de l’équilibre des marchés des hydrocarbures. Mohamed Arkab a souligné que les pays ayant participé à la Réunion OPEP avaient consulté les rapports élaborés par l’organisation au sujet du marché mondial de pétrole notamment en ce qui concerne les 15 millions de barils par jour j d’excédent enregistré. Et lorsqu’il il s’est ’exprimé sur les prix pétroliers après l’accord de baisse de la production de 10 millions barils/jour durant deux mois à partir du 1er mai, Mohamed Arkab a souligné « en tant que techniciens, nous ne privilégions pas de parler des prix, mais plutôt de se concentrer sur l’offre qui doit être en équilibre avec la demande ».
Ces arguments sont totalement faux, infondés et ne relèvent d’aucune réalité des marchés mondiaux. Et pour cause, le prix du baril du pétrole demeure toujours la seule et uniquement référence qui détermine les équilibres du marché. En aucun cas, l’offre de la production suffit pour déterminer les prévisions du marché. Proférer de tels propos relève de l’ignorance la plus crasse du secteur des hydrocarbures. Il faut savoir que le prix du baril du pétrole est toujours aujourd’hui de 31 dollars le baril.
L’euphorie sur les marchés pétroliers dont parle Mohamed Arkab est d’ores et déjà de courte durée après l’annonce, dimanche soir que les principaux pays producteurs de pétrole avaient conclu un accord pour mettre un terme à la guerre des prix déclenchée début mars entre la Russie et l’Arabie saoudite. Le rebond enregistré en début de journée en Asie s’est heurté à un plafond d’inquiétudes, les marchés redoutant que cet arrangement difficilement trouvé entre grands pays producteurs ne suffise pas à réduire la surproduction tandis que la pandémie de coronavirus continue de laminer la demande.
Oui, la demande est en baisse à cause du confinement de la moitié de l’humanité et de tous les gros pays consommateurs d’énergie. Ce paramètre, notre ministre de l’Energie peine à le comprendre parce qu’il ne maîtrise pas son sujet.
Que se passe-t-il concrètement en ce moment sur le marché mondial ? Les contrats à terme sur le brut de référence cèdent 60 cents, soit 1,9 %, à 30,88 dollars le baril après avoir atteint 33,99 dollars en début de séance en Asie. Le brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) est lui aussi repassé dans le rouge, mais oscille entre augmentation et recul.
Il faut savoir également que l’accord sans précédent dans l’histoire de l’Opep et représente, selon les termes dévoilés vendredi, une restriction de 10 % de l’offre mondiale. L’Arabie saoudite et la Russie doivent en être les principaux artisans (2,5 millions de bpj chacun). La réduction doit ensuite passer à 8 millions de barils pour les six derniers mois de l’année, puis à 6 millions de janvier 2021 à avril 2022.
Mais même avec cet accord, les algorithmes des super ordinateurs de la bourse ne mordent pas à l’hameçon parce qu’il n’y a aucun signe palpable que la consommation va se relancer avec le développement toujours en cours de la pandémie du coronavirus COVID-19.
D’autre part, les Bourses asiatiques ont terminé lundi dans le rouge, trouvant peu de soutien dans l’accord entre les pays pétroliers pour réduire leur production, et alors que la place de Hong Kong était toujours fermée en raison des fêtes de Pâques. Mal orienté dès l’ouverture, l’indice vedette de la Bourse de Tokyo, le Nikkei, a accentué ses pertes dans l’après-midi pour clôturer en recul de 2,33% à 19.043,40 points. L’indice élargi Topix a lâché 1,69% à 1.405,91 points. Même tendance, quoique moins marquée, en Chine continentale, où l’indice composite de Shanghai s’est replié de 0,49% à 2.783,05 points alors que celui de Shenzhen a perdu 0,80% à 1.707,46 points.
En clair, les annonces de l’OPEP et ses partenaires « ne sont pas suffisantes pour soutenir durablement les prix » de l’or noir, alors que l’économie américaine devrait plonger au deuxième trimestre en raison de la pandémie de Covid-19, et avec elle la demande de pétrole, a souligné Shoji Hirakawa, stratégiste en chef du Tokai Tokyo Research Institute cité par l’agence Bloomberg.
Dans le deuxième dossier, relatif au fameux projet Desertec, Mohamed Arkab a encore une fois raconté du n’importe quoi. Mohamed Arkab, a annoncé que l’Algérie avait signé un accord préliminaire avec la partie allemande début avril, pour la relance du projet Desertec soulignant que les négociations avancent à grands pas ces derniers jours via la technique de vidéoconférence. Mais l’accord porte sur quoi ? Quels sont les projets qui seront développés ? Aucune explication, seulement des annonces vagues.
Il faut savoir que le programme Desertec a totalement changé de vocation depuis 2017. Desertec est un vaste programme de construction de centrales solaires et de fermes éoliennes dans les déserts du pourtour méditerranéen dont l’objectif initial en 2010/2011 était d’exporter de l’énergie électrique produite depuis les sites solaires et éoliens installés dans le grand Sahara de l’Afrique du Nord.
Mais cette première option a été rapidement abandonnée au regard des dissensions qui ont éclaté entre les différents industriels allemands partenaires de cet ambitieux programme. En effet, ces dissensions internes entre les partenaires industriels et la fondation responsable du projet, avaient mené, en 2013, à une scission et à la création de DII, initiative dissidente rassemblant des entreprises principalement allemandes. Depuis, Desertec s’est relancé en se choisissant un nouveau président pour son Alliance, en la personne de Charles Ifrah. Et ce dernier a imprimé une nouvelle direction à ce méga-projet : « Nous ne sommes plus MedGrid (vaste réseau électrique transméditerranéen, ndlr). Cette vision de production photovoltaïque exportée vers l’Europe est dépassée. Desertec un réseau de travail centré sur l’Afrique sub-saharienne, avec deux volets : le renforcement des infrastructures réseaux et le développement de solutions autonomes, hors réseau, couplées à des stations agricoles pour augmenter les ressources », a-t-il fait savoir lors de ces interventions médiatiques.
En clair, le nouveau Desertec ne veut plus exporter de l’électricité produite par le soleil du grand Sahara vers l’Europe. L’objectif est désormais de développer de l’énergie solaire au niveau des pays sub-sahariens pour couvrir leurs besoins énergétiques. Il n’est plus question donc de fournir des revenus en devises au pays du Maghreb ou de l’Afrique Sub-saharienne. Quel sera, dés lors, les contours de ce nouveau partenariat que négocie l’Algérie avec Desertec ? L’Algérie ne pourra pas gagner de nouvelles ressources devises avec ce partenariat. Elle pourra à peine diversifier ses sources de production de l’énergie électrique. Mais Mohamed Arkab ne semble pas avoir compris ces enjeux…