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samedi, mai 4, 2024

Privatisation partielle des banques publiques en Algérie : enfin une bonne décision, mais…

Enfin une bonne décision ! Après des décennies de retard, de fausses polémiques et d’éternels débats idéologiques, les autorités algériennes ont reconnu finalement la nécessité de privatiser, au moins partiellement, les banques publiques algériennes du moins à travers une ouverture de leurs capitaux. 

L’annonce a été faite dimanche 5 décembre par le Premier-ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane. D’après ce dernier, l’ouverture des capitaux de banques publiques interviendra à l’entame de l’année 2022. Si aucun calendrier précis et clair n’a été dévoilé, le Premier-ministre algérien a expliqué, néanmoins, que le capital de certaines entreprises publiques sera ouvert via la bourse d’Alger,  soulignant l’importance d’améliorer les mécanismes de gestion de la bourse d’Alger et lui conférer un rôle important.

Pour l’heure, on ignore les banques publiques qui seront concernées par ce processus d’ouverture de leur capital. L’Algérie dispose officiellement de 6 banques étatiques.  Il s’agit de la Banque extérieure d’Algérie (BEA), la Banque nationale d’Algérie (BNA), le Crédit populaire d’Algérie (CPA), la Banque de développement local (BDL), la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) et la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance (Cnep Banque).

Il est à souligner également que le processus de cette privatisation partielle n’a pas été encore clairement identifié ou développé. Le Premier-ministre algérien s’est contenté hier dimanche à Alger d’indiquer que le gouvernement travaille sur des nouvelles dispositions à adopter dans le cadre du nouveau mode de gestion des entreprises étatiques. Ce nouveau management devra permettre la soumission des gestionnaires à une évaluation périodique, semestrielle et annuelle pour évaluer l’efficacité du processus de gestion. Le Premier ministre a assuré que son gouvernement mettra l’accent également sur la poursuite par le Gouvernement de son plan visant à relancer les entreprises publiques qui connaissent une stagnation en s’appuyant sur des partenariats fructueux.

Ces annonces sont encourageantes, mais elles ne sont pas suffisantes car l’Algérie ne pourrait pas réussir ce processus de privatisation si elle ne se dote pas d’une feuille de route transparente et précise au préalable. Les expériences internationales des autres pays ayant mené la privatisation de leurs banques publiques ont démontré que ce processus doit traverser plusieurs étapes et subit l’influence de plusieurs facteurs politiques ou économiques.

Une étude menée par des chercheurs de la Faculté des sciences économique et de gestion de Tunis relevant de l’Université de Tunis El Manar, Tunisie, a examiné les principales considérations qui influencent le processus de la privatisation des banques publiques dans
16 pays de la région MENA dans une période de 24 ans allant de 1988 jusqu’à 2011. Et cette étude a constaté que les facteurs économiques, politiques et institutionnels influencent significativement sur la décision d’un gouvernement de privatiser les banques publiques. Les influences les plus importantes sur la décision d’un gouvernement de privatiser une banque publique se rapportent à des conditions politiques, institutionnels et de la qualité du secteur bancaire du pays.

Cette étude a constaté aussi que la privatisation des banques publiques est plus probable lorsque les banques sont moins performantes (sont de moins bonne qualité) et qui possèdes les prêts non performants les plus élevés. Les données récoltées par cette étude suggèrent aussi que, dans la région MENA, les caractéristiques politiques sont importantes pour déterminer si un pays peut privatiser leur banques publiques. Plus précisément, les pays qui sont politiquement plus instables et plus risqués sont moins susceptibles de privatiser leurs banques publiques. Alors que, les pays qui ont une plus grande responsabilité envers les électeurs et une bonne qualité de réglementation sont plus susceptibles de privatiser leurs banques publiques. Encore, les pays qui sont plus corrompus et qui ont des gouvernements plus stables sont moins susceptibles de privatiser les banques publiques.

C’est dire que les autorités algériennes doivent se doter d’une véritable feuille de route politique et économique pour amorcer ce processus de privatisation des banques et le réussir. Sinon, cette annonce sera encore… une énième promesse sans… lendemain comme ce fut le cas pendant ces 20 dernières années ou ce chantier avait été abordé à maintes reprises sans jamais le concrétiser.

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