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vendredi, mai 3, 2024

Près de 35 % de tout l’argent du pays échappe aux banques : l’Algérie, un pays totalement archaïque sur le plan financier

L’Algérie a commencé l’année 2021 en restant un pays totalement archaïque sur le plan financier. Preuve en est, la Banque d’Algérie vient de reconnaître dans son dernier bilan communiqué sur la situation monétaire du pays la masse monétaire qui circule hors des banques a grimpée de 12,93 %, passant à 6.140,7 mds de DA à fin 2020, contre 5.437,6 mds de Da à fin 2019. Cela signifie que l’équivalent de plus de 38 milliards d’euros circulent dans le secteur informel et échappent au circuit bancaire. C’est tout simplement colossal pour un pays qui dont les banques et agences postales souffrent continuellement de la crise des liquidités bancaires. 

Officiellement, la Banque d’Algérie affirme que la masse monétaire dans le pays a augmenté vers la fin de l’année 2020 à 17.682,7 milliards DA  contre 16.506,6 milliards DA à fin 2019. Cela signifie que l’ensemble de la masse monétaire qui circule en Algérie ou dont dispose tout le pays est de l’ordre de l’équivalent de 110 milliards d’euros. Les liquidités qui sont disponibles en Algérie mais circulent hors du circuit bancaire représentent jusqu’à 34,73 % de la masse monétaire globale du pays. C’est tout simplement énorme car cela signifie que ces liquidités ne sont pas intégrées au circuit bancaire et ne peuvent en aucun bénéficier à l’économie formelle. Avec tout cet argent qui est existe en dehors du secteur bancaire, on aurait pu financer des entreprises, créer des emplois, améliorer les recettes fiscales du pays ou fournir des liquidités aux salariés et fonctionnaires algériens qui n’en trouvent pas dans les agences d’Algérie Poste.

Cet argent qui échappe aux banques en Algérie illustre parfaitement le caractère archaïque du système financier algérien. Ce fléau économique remonte à plusieurs dizaines d’années. Les autorités algériennes savent pertinemment que le secteur informel représente jusqu’à 40 % de tout le PIB du pays, à savoir la richesse annuelle créée en Algérie. Mais rien n’est fait pour contrôler cet argent ni le récupérer pour financer le développement du pays.

D’autres pays émergents ont fait des efforts pour capter cet argent et améliorer les équilibres financiers de leurs économies. En Algérie, certains on continue de penser qu’un secteur informel est un indicateur de bonne santé économique. Ce qui est totalement faux ! Bien au contraire…

Lorsque dans un pays, le secteur informel  représente en moyenne 35 % du PIB, cela signifie que ce pays souffre d’une contrainte majeure qui empêche son développement. Pourquoi ? Parce que le secteur informel induit d’importantes distorsions microéconomiques (concurrence déloyale, inefficacité dans l’allocation sectorielle du capital, etc.) et macroéconomiques (faible productivité du travail et du capital, dissuasion à l’innovation, augmentation des inégalités de revenus et de la pauvreté). Un secteur informel important pèse également sur la mobilisation des ressources domestiques, indispensable pour financer les services publics de base (santé, éducation) ou des projets d’infrastructures, pourtant essentiels à la diversification économique et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales, et à l’atteinte atteinte des objectifs de développement durable.

C’est donc un fardeau, une calamité plutôt qu’une opportunité ! Comment donc réduire le poids de l’informel dans une économie ? Les experts les plus pragmatiques du monde entier suggèrent les moyens de paiement électroniques comme le paiement en ligne et le paiement mobile qui a fait ses preuves dans plusieurs pays africains.

Plusieurs études ont démontré que les services financiers mobiles (SFM) ont fortement progressé dans les pays en développement jusqu’alors caractérisés par une faible profondeur financière et une prédominance des services financiers informels.  Ces pays se distinguent par une forte préférence pour les transactions en espèces, un faible accès aux services financiers formels pour de larges segments de la population (inclusion financière insuffisante), et un recours crédit (et à l’épargne) informel pour financer la consommation et les projets d’investissements. Cet environnement a malgré tout favorisé l’innovation financière avec, par exemple, l’émergence au Kenya en 2007 d’un nouveau produit/service financier mobile, M-Pesa. Ces services financiers mobiles sont offerts par un nombre croissant de fournisseurs (opérateurs de télécommunication, FinTech et banques commerciales) et se diversifient avec le lancement de services de crédit et d’épargne mobiles, et plus récemment d’assurances mobiles.

Une récente étude internationale s’est appuyée sur des estimations du FMI réalisée à partir d’un panel de 101 pays émergents et en développement sur la période 2000-15. Les conclusions de cette étude indiquent  une relation négative entre la diffusion des SFM et le secteur informel. Cela signifie clairement que là où le paiement mobile progresse, le marché informel recul. Malheureusement, en Algérie, le paiement mobile est quasiment inexistant et de nombreux pays africains font beaucoup mieux que notre pays.

Ce lundi 1 mars, le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) a fait savoir qu’il va lancer « dans une semaine ou quinze jours au plus tard » l’application « Mobile banking » devant permettre aux clients d’effectuer des opérations bancaires à partir d’un téléphone mobile pour davantage d’efficacité et célérité dans la gestion de leurs activités et affaires. Enfin une lueur d’espoir ? Il faudra des démonstrations concrètes pour le prouver car l’écosystème entier demeure hostile en Algérie à ces paiements électroniques.

A ce retard technologique humiliant, il faut rajouter la faible pénétration des banques en Algérie.  La place bancaire algérienne, avec à peine 1 664 agences et un taux de couverture d’une agence pour 27 587 habitants, alors que la norme est d’une agence pour 5 000 habitants, se positionne parmi les systèmes financiers les plus sous-développés du monde. Le secteur bancaire algérien reste dominé par 6 grandes banques publiques dont une caisse d’épargne : BNA, BEA, BADR, BDL, CPA et CNEP. Les banques publiques jouent un rôle clé en contrôlant une part importante du marché : elles collectent 87% des dépôts et octroient 89% des crédits. Le secteur bancaire compte aussi 14 banques à capitaux étrangers, soit 10 filiales et 3 succursales de banques internationales et une banque à capitaux mixtes. Aucune banque privée à capitaux algériens n’active sur le marché local depuis plus de 10 ans.

 

 

 

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9 تعليقات

  1. aucun gouvernement n’a eu le courage politique de s’attaquer à l’éradication de l’informel qui ne cesse de prendre de l’ampleur .si volonté il y a lieu la mesure salvatrice consiste à décréter le remplacement en 3 jours des billets de banque actuellement en circulation mais cependant thésaurisés en grande quantité la monnaie .obligation aux détenteurs pour être contraints de les bancariser avec ouverture d’office de comptes et d’établir à cette occasion la liste des gens fortunés inconnus sans aucun doute du fisc et d’interdire en meme temps les transactions commerciales pour un montant déterminé. De plus le système du E paiement devra être développé par l’amélioration d’un débit continu d’internet. Pour ce faire, il est nécessaire d’engager un plan spécial de developpement rapide des moyens des télécommunications au demeurant encore défaillants

  2. Rami :. Vous avez raison ! Le problème c’est que le poids de l’informel est très important !
    En 2018, il représente 50 % du PIB, plus de la moitié des employés actifs sont dans l’informel, environ 200 000 commerçants ne sont pas déclarés !
    2 milliards $ de change parallèle ! (El Watan 6/03/19).
    L’informel est un fléau car plus de la moitié des Algériens actifs n’ont pas de protection sociale !

  3. Moi, j’ai entendu parler d’un procureur qui s’est fait arrêté avec des pépites d’or plein son coffre de voiture !
    Récemment, Ouyahia nous a avoué que tout les maîtres d’hôtel du Grand Hôtel 5 étoiles « Algérie » avaient reçus en récompenses, pour services rendus inavouables, des tas de lingots d’or de clients richissimes des Emiratis et d’Arabie Saoudite ! Le système, qui se sucre par ailleurs, ferme les yeux sur ces petites gâteries aux personnel et leur permet même de les revendre au marché noir et de convertir le produit de la vente en €uros à port saïd, au marché parallèle.
    Voyez-vous, vous êtes mal placé pour conseiller les algériens d’Algérie adeptes de la « Chkara » infaillibles en affaires.
    En Algérie, on n’a pas besoin de conseils, on a besoin d’argent, beaucoup d’argent…facile de préférence !
    Alors, changer de monnaie, ça va pas, non ! Tuer la poule aux oeufs d’or ou quoi ?

  4. Si les algériens gardent leur argent chez eux au lieu de les mettre en banques c’est parce qu’il y a un manque de confiance structurel dans le système bancaire. Le poids du cash hors circuit est un indicateur de la confiance. Et le système financier se fonde sur la confiance dans la monnaie. Du reste les algériens recourent quasi à 100% au marché noir pour changer leurs billets car les banques algériennes sont complétement en inadéquations avec les cours réels du marché.
    Le système bancaire algérien a toujours été archaïque. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Je m’en suis personnellement rendu compte lors d’un voyage en Algérie avec une amie Kabyle. Les banques n’acceptaient pas ma carte visa j’ai dû recourir a un emprunt auprès de son oncle architecte que j’ai remboursé avec un chèque en euro qu’il a déposé dans sa banque…à Paris! C’était en 2004 et à l’époque il n’ y avait pas de guichets automatiques à mon étonnement alors qu’au Maroc ils existaient depuis…1984.
    Je me souviens que le réceptionniste de l’Hôtel Albert, en face de la Grande Poste, m’avait répondu qu’il n’y avait pas de guichet automatique et ajouta t-il  » Au Maroc et en Tunisie c’est pareil! ». C’est comme cela qu’on se console en Algérie.

  5. Et pourtant c’est très facile, il suffit de changer les billets , une fois l’argent rentré dans la banque tout s’éclaire et la banque qui détient les gosses sommes. Mais je ne crois pas que les dirigeants actuels souhaite le faire , puisque ces groupes de détenteurs de l’argent informel ont été créés par eux pour acheter l’Euro pour eux et leurs progénitures afin pour qu’ils puissent fuire l’Algérie et s’installer en Europe.

  6. Un rapport des Nations Unies indique que le Maroc est l’un des pays de la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord qui souffre le plus de pauvreté et de restriction.

    Dans le rapport, il est précisé que 60% des Marocains vivent dans la pauvreté et dans le besoin. Cette partie de la population marocaine se divise en deux classes : les Marocains qui vivent dans la pauvreté extrême et les autres qui vivent dans un stade de pauvreté moyenne et qui sont privés de leurs droits les plus élémentaires.

    Notamment l’éducation, la santé et enfin le droit au logement. En plus des droits élémentaires pour les enfants, tels le fait de jouer avec les autres enfants du même âge ou encore la lecture des livres.
    Le plus grand taux de ces Marocains qui vivent au bord de la précarité extrême a été confirmé par le rapport onusien et a démontré que le Maroc fait partie des pays les plus pauvres d’Afrique, à côté du Zimbabwe, du Mali, de la Somalie et du Gabon. Avec ces chiffres inquiétants, le Maroc atteint donc naturellement la 126ème position dans le classement de l’indice de développement humain dans les pays du monde.

    https://eljadidascoop.com/la-banque-mondiale-dresse-un-rapport-choquant-sur-la-pauvrete-au-maroc/

    Si certains veulent savoir pourquoi il y a 500 000 clandestins Marocains chez nous…C’est juste qu’ils viennent pour se nourrir…
    Si les frontières n’étaient pas fermées depuis 1994 ( Merci à Zeroual!) On aurait 2 millions de gueux Marocains chez nous… Autant dire une calamité.

    Quelle déchéance que d’être sujet marocain…t’as vraiment rien mais alors rien de positif….C’est pour cela qu’ils nous jalousent à en crever…Ils se soignent en lisant nos journaux…..

    Mais nous on lit jamais leurs torchons…C’est une des différences entre eux et nous.
    Faut pas ouvrir les frontières, expulser les clandestins ( 0 confiance ) et soutenir notre armée qui attend juste le faux pas pour tout aplatir…J’adore !

  7. Dey Hussein : Vous parlez toujours du Maroc !
    Mais, le But de l’indépendance de l’Algérie c’était devenir un pays développé grâce à toutes ses richesses ! l’Algerie ne devrait pas se comparer au Maroc (qui ne détient pas de ressources naturelles) mais aux pays développés ! ! Regardez la Norvège, pays pétrolier et gazier qui était pauvre dans les années 40 !