11.9 C
Alger
jeudi, mai 2, 2024

Pourquoi il faut à l’Algérie beaucoup de moyens financiers pour gérer la rentrée scolaire de 2020

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a reconnu hier dimanche 20 septembre qu’aucun calendrier n’a été encore déterminé ou arrêté pour annoncer la prochaine rentrée scolaire de cette année 2020. La situation sanitaire très complexe qui prévaut encore en Algérie. 

« Je ne prendrai pas seul la décision d’ouvrir les écoles, et cette décision ne sera pas autoritaire mais prise de concert avec les médecins algériens et le Comité scientifique national qui assumera ses responsabilités », a indiqué Abdelmadjid Tebboune lors d’une entrevue avec les représentants de médias nationaux. « Des pays européens ont ouvert les classes et repris les cours, mais ont été contraints de refermer les écoles après avoir constaté que les enfants étaient exposés, eux aussi, à la contamination au coronavirus », s’interrogeant par la même « si l’objectif est d’appliquer le programme d’enseignement ou de protéger le citoyen ».

L’Algérie a opté pour « la protection du citoyen », a-t-il souligné, annonçant la possibilité de programmer la rentrée scolaire en fonction de la situation pandémique de chaque wilaya. En vérité, l’Algérie peine à réconcilier les préparatifs de la rentrée scolaire avec les mesures sanitaires préventives contre le coronavirus COVID-19 en raison de plusieurs dysfonctionnements du système éducatif algérien.

Le principal problème des écoles algériennes qui risque mettre en péril la santé des élèves et des enseignants est  sans doute la surcharge scolaire. En Algérie, au moins 18% des établissements primaires et moyens sont en situation de surcharge scolaire. … Selon les chiffres officiels, 3 127 écoles primaires et 1 023 collèges sont concernés par la surcharge des classes”.  Selon d’autres sources proches des syndicats autonomes de l’éducation nationale, dans la réalité,  le taux global de surcharge des classes dépasse de loin les 18% annoncés par les autorités algériennes.

Il faut savoir que la norme internationale en la matière tourne autour de 20 à 25 élèves par classe. Si l’on se base sur ce chiffre, le pourcentage des établissements surchargés devrait sans doute être fortement revu à la hausse en Algérie. Des sources syndicales parlent d’un taux de surcharge qui concerne jusqu’à 40 % des classes des écoles algériennes. C’est énorme et très inquiétant car au delà de l’impact négatif sur les performances pédagogiques des enseignants incapables de répondre à la demande de 40, voire plus, élèves par classes, le risque sanitaire demeure incontrôlable dans des classes aussi « surpeuplées ».

Que faire dans ces conditions ? Si l’Algérie veut protéger la santé de ses enseignants et élèves, elle n’a pas le choix : il faut sortir le chéquier et dépenser beaucoup d’argent pour établir un dispositif spécifique à l’occasion de la rentrée scolaire.

En Italie, la rentrée des classes a débuté le14 septembre dernier et  elle a été très délicate car l’Italie était l’un des pays européens les plus touchés par l’épidémie de Covid-19 au printemps dernier. Pour assurer « une réouverture des écoles en toute sécurité », le premier ministre italien, Giuseppe Conte, et les régions ont publié une série de mesures sanitaires strictes, parmi lesquelles : distanciation physique, achat de 2,5 millions de pupitres individuels, port du masque obligatoire quand la distance ne peut pas être respectée ou encore horaires décalés.

Le gouvernement italien a annoncé récemment la création de 84 000 postes dans l’enseignement afin de permettre de diminuer le nombre d’élèves dans chaque classe. Le quotidien Il Sole-24 Ore estime qu’environ 25 000 de ces postes devraient être pourvus pour la prochaine rentrée.

En Grèce, les autorités ont également sorti le chéquier pour financer de nouvelles mesures préventives afin de garantir le bon déroulement de la rentrée scolaire.  La Grèce  a ainsi décidé de réduire la capacité des salles de classes : la norme a été fixée à 17 élèves, qui pourront être présents dans la même pièce. Des gourdes et des masques lavables ont également été achetés par le gouvernement et devraient être distribués à chaque élève de primaire.

En Espagne, le gouvernement a mis en place aussi un protocole sanitaire qui impose le port du masque pour les enfants dès l’âge de six ans. Ils devront le porter toute la journée, y compris lors des récréations. Des « bulles d’élèves » devraient aussi être créées : plusieurs enfants seront placés ensemble, dans les mêmes classes et sans aucun contact avec d’autres bulles d’élèves. Le but est de réduire les contacts potentiellement infectieux entre les écoliers. Et aussi de maintenir l’école ouverte en cas d’infection : la bulle concernée serait placée à l’isolement, sans conséquence sur les autres bulles.

Ces pays méditerranéens ont donc adopté une organisation totalement novatrice pour empêcher la propagation du virus à l’occasion de la rentrée scolaire. Et ces dispositifs ont coûté beaucoup d’argent. Malheureusement, frappée de plein fouet par la crise financière, l’Algérie n’a pas du tout ces moyens financiers pour organiser une rentrée scolaire conforme aux exigences sanitaires nécessaires à la préservation de la santé publique contre la pandémie de la COVID-19. C’est pour cette raison que les autorités algériennes tergiversent et observent encore en attendant de faire un choix déterminant pour l’avenir des plus de 8,5 millions d’élèves algériens.

dernières nouvelles
Actualités

1 تعليق