Dans l’indifférence générale, un autre journaliste algérien a été placé en détention sans que personne n’élève la voix pour dénoncer cette incarcération arbitraire et violation des droits de l’homme. Il s’agit du journaliste Ahmed Benattia, correspondant du média arabophone Echorrouk à Oran, et journaliste indépendant. Le 17 août dernier, le tribunal de Gdyel, une localité de la wilaya d’Oran, a placé sous mandat de dépôt Ahmed Benattia et un ami à lui en les accusant de « tentative de chantage et association de malfaiteurs », le chef d’inculpation traditionnel employé par la justice algérienne pour salir, discréditer et emprisonner des activistes politiques ou des journalistes qui dérangent.
En réalité, Ahmed Benattia se retrouve en prison parce qu’il avait osé s’attaquer à un sujet tabou à Gdeyl : le trafic et la contrebande de la chemma. Un réseau mafieux dont les membres sont originaires de Sétif dispose d’une usine clandestine de fabrication de « Chemma » où le tabac à chiquer. Ce réseau mafieux écoulait des quantités considérables de « chemma » dans le marché national de l’oranie engrangeant ainsi des bénéfices monstrueux qui échappent au contrôle des services du fisc algérien.
Et pourtant, au mois de décembre 2019, la police judiciaire de la sûreté de wilaya d’Oran avait procédé à des arrestations de plusieurs membres de ce réseau mafieux. Mais une « intervention d’en haut » a épargné la prison à ces contrebandiers et trafiquants qui ont été acquittés à la surprise générale par la justice algérienne au mois de février 2020. Quant au premier chef de la police judiciaire de la sureté de wilaya d’Oran, il a été, juste après cette affaire, sanctionné et muté vers… Chlef !
Selon plusieurs sources concordantes, un général et des hauts gradés de l’armée algérienne protègent ce réseau de trafiquants de « chemma ». Ahmed Benattia avait tenté d’enquêter sur ce scandale qui a secoué Gdyel et toute la wilaya d’Oran. Sur une page Facebook spécialisée dans l’actualité oranaise dont il est l’administrateur, le jeune journaliste algérien avait diffusé plusieurs informations compromettantes sur l’existence de cette usine clandestine de fabrication du tabac à chiquer. Mais le journaliste reçoit rapidement des menaces très sérieuses et craint ainsi pour son intégrité physique. Les trafiquants ont essayé également de soudoyer Ahmed Benattia. Or, ce dernier a refusé de « manger de ce pain ». Malheureusement, la justice oranaise, au lieu de protéger Ahmed Benattia, elle a fini par l’inculper et le mettre en prison ! Un autre scandale de répression de la liberté d’expression dans le seul but de préserver des intérêts mafieux qui a été passé sous silence par les très peureux médias algériens.