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vendredi, mai 3, 2024

Nouvelles Fake News du gouvernement algérien : non, l’Algérie n’est plus le fournisseur en gaz naturel préféré des pays européens

De nouveaux mensonges ont été proférés aujourd’hui ce jeudi 4 juin par le gouvernement algérien concernant la fourniture du gaz naturel à plusieurs pays européens. Le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, a fait savoir ce jeudi en marge d’une plénière au Conseil de la nation consacrée aux questions orales que l’Algérie « demeurera le fournisseur préféré » des pays européens, notamment grâce aux pipelines garantissant le raccordement direct aux clients ». Cette affirmation relève de la désinformation  car la réalité du marché gazier européen prouve l’exact contraire. 

Depuis le début de cette nouvelle année 2020, les États-Unis ont remplacé l’Algérie comme premier exportateur de gaz naturel vers l’Espagne. L’Algérie a cessé d’être le premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne après 30 ans. Une position désormais occupée par les États-Unis car le gaz de schiste américain représente 27 % des importations espagnoles. 

Depuis le mois de février 2020, le gaz naturel américain représentait exactement 27 % des importations espagnoles – atteignant 7,924 gigawatts par heure (GWh) -, selon les données de Cores, la société espagnole chargée de maintenir les stocks stratégiques de produits pétroliers et de contrôler les stocks de l’industrie des hydrocarbures. C’est la première fois que les États-Unis atteignent la position de privilège maximum depuis le début des enregistrements, selon l’entité de notre pays.  Les fournitures algériennes, en revanche, ont représenté dans la période mentionnée 22,6 % du total des importations espagnoles de gaz naturel, selon les données de l’organisme de droit public espagnol.

En 2018, le gaz algérien représentait pas moins de 48,5 % de ce qui était consommé en Espagne. C’es vous dire la chute vertigineuse des parts de marché pour le gaz algérien. Et cette tendance baissière car avec la chute brutale des prix du gaz naturel rend accessible l’importation du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) transporté à bord de navires méthaniers et dont le coût d’achat est aujourd’hui inférieur à celui du gaz algérien livré par gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne ou l’Italie.

Aujourd’hui, sur le marché mondial, le prix du gaz est cédé à moins de deux dollars, à savoir 1,8 dollars, par million de BTU, l’un des prix les plus faibles dans l’histoire récente de l’industrie gazière. Dans ce contexte, les clients européens de l’Algérie comme l’Espagne favorisent amplement le GNL. Depuis février 2020, 65,8 % des importations espagnoles en gaz naturel sont importés sous forme de gaz naturel liquéfié et 34,2 % par gazoduc. Par zone géographique, les importations en provenance d’Amérique du Nord (+3 621,2 %) et d’Amérique centrale et du Sud (+50,4 %) ont augmenté d’une année sur l’autre, tandis que les approvisionnements en provenance du Moyen-Orient (-19,5 %), d’Europe et d’Eurasie (-32,7 %) et d’Afrique (-36,3 %) ont diminué. L’Algérie est donc la plus grosse perdante et ne représente plus le fournisseur préféré de l’Espagne.

Le même constat est à dresser en Italie, deuxième client le plus important de l’Algérie. Depuis 2017, l’Italie a établi une stratégie pour diversifier ses importations du gaz. L’Italie, le 2e importateur net d’électricité au monde en 2017, 4e importateur de gaz naturel en 2018 et le 7e importateur de pétrole en 2017, s’est rapproché de l’Azerbaïdjan, un pays avec lequel elle avait conclu un partenariat stratégique  autour du projet du gazoduc Transadriatique (TAP) visant à l’acheminement du gaz naturel azerbaïdjanais vers l’Europe. Ce projet menace directement les exportations algériens vers l’Italie.

L’Azerbaïdjan a inauguré en mai 2018 ce gazoduc constituant considéré par les experts comme un “corridor gazier” alimentant l’Europe par le sud, qui vise à réduire la dépendance du continent au gaz russe et algérien. Les premières livraisons en Europe devraient commencer en 2020.

Ce gazoduc entre dans le cadre du méga-projet du “Southern Gas Corridor” qui est un complexe de trois gazoducs devant acheminer en Europe du gaz provenant de gisements offshore azéris via la Turquie, la Grèce, l’Albanie et la mer Adriatique. Il va parcourir au total 3.500 kilomètres en traversant sept pays et implique plus d’une douzaine de grandes entreprises énergétiques pour un investissement total d’environ 40 milliards de dollars.

En 2018, l’Italie a importé au total 16,8 milliards de mètres cubes de gaz d’Algérie, ce qui représentait une légère baisse par rapport aux 18 milliards de mètres cubes importés en 2017. L’Algérie compte pour environ 15% des importations italiennes de gaz. Mais cette position est très menacée par de nouveaux acteurs alors que le gaz transitera par le gazoduc Transmed d’une capacité de 90 millions de mètres cubes par jour.

En 2016, l’Algérie avait retrouvé son rang de deuxième fournisseur de gaz en Italie derrière la Russie, après une régression au 5e rang l’année précédente, devancée par la Russie, les Pays-Bas, la Norvège et la Libye. A partir de cette année 2020, avec les nouvelles fournitures du gazoduc en provenance de l’Azerbaïdjan, l’Algérie perdra des parts très conséquentes du marché italien.

A cela, il faut ajouter que les pays européens viennent de décider d’augmenter leurs importations de GNL pour ne plus dépendre seulement des gazoducs. Si le GNL ne représentait encore que 11 % de la consommation de l’Union européenne en 2018, cette part est appelée à doubler d’ici à 2025, pour atteindre 22 % de la demande européenne. Toutes ces nouvelles données indiquent clairement que l’Algérie n’est plus du tout le fournisseur préféré des pays européens. Le ministre Mohamed Arkab prouve une nouvelle fois qu’il n’a aucune maitrise de ce dossier stratégique.

 

 

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