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vendredi, mai 3, 2024

Mort de George Floyd : partout, dans le monde on se mobilise contre le racisme sauf en… Algérie

Depuis le 25 mai dernier, le jour du meurtre de George Floyd, un citoyen Afro-américain mort lors de son interpellation par un policier blanc aux États-Unis, les manifestations contre le racisme et les violences policières se multiplient dans le monde. En Afrique, de nombreuses personnalités expriment leur solidarité et leur colère. De nombreuses villes africains ont abrité des manifestations ou des actions de protestation pour soutenir la cause des afro-américains aux Etats-Unis. Mais, en Algérie, force est de constater que ce combat contre le racisme ne mobilise… personne. 

Alger était l’une des rares capitales au monde qui n’a abrité ni connu la moindre action de protestation contre le racisme qui ravage l’humanité. Pour de nombreux observateurs, cette indifférence des Algériens s’explique par la banalisation dangereuse du racisme en Algérie. En effet, le racisme anti-noir en Algérie est vécue comme une banalité qui ne choque presque personne en Algérie.

Preuve en est, les réactions hostiles après l’élection d’une femme à la peau mate au titre de Miss Algérie 2019 a rappelé combien le racisme anti-Noirs était important dans notre pays. Rappelez-vous du déluge des insultes racistes provoquée par l’élection de Khadidja Benhamou, une jeune femme aux cheveux bouclés et à la peau mate et, le 4 janvier 2018 qui a remporté le concours de Miss Algérie 2018.

 

Un déluge de tweets et de posts a arrosé la toile algérienne, les moins virulents estimant que la jeune femme ne représentait pas la beauté du pays quand d’autres, plus violents, insultaient sa couleur de peau. A l’époque, cette polémique a démontré la complexité des rapports entre les Algériens et les Noirs. Des relations qui n’ont jamais été vraiment sereines.

En 2017, le traitement honteux réservé par les autorités algériennes aux migrants noirs a provoqué une polémique internationale. Les médias algériens ont publié des Une sans aucun complexe et assumant totalement leur racisme pour dire qu’ils ne veulent plus voir des migrants noirs africains dans leur pays. Les témoignages abondent sur le sort réservé aux migrants noirs qui ont été expulsés par l’Algérie ont fait froid dans le dos. Amnesty International a publié un rapport accablant à l’encontre de l’Algérie où elle avait dénoncé des arrestations qui se fondent sur «le profilage ethnique». Un racisme anti-noir développé sans aucune gêne par l’Algérie officielle.

Mohamed Saïb Musette, directeur de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) et spécialiste des questions migratoires. Pour lui, il y a, en Algérie, plus de réticence à accepter la présence des étrangers noirs.

«En Algérie, les victimes de la xénophobie sont essentiellement les Noirs. Les étrangers blancs n’ont aucun problème. Pour moi, il s’agit d’une forme de racisme anti-noir. La population noire algérienne elle-même n’est-t-elle pas visible que dans le sud du pays?», s’est interrogé le sociologue algérien en octobre 2017 lorsqu’il avait été interrogé par Franceinfo. Auparavant, dans une interview parue sur le site Algeria-Watch, il fait remarquer qu’il est devenu banal aujourd’hui d’appeler un Noir «Kahlouch», un terme dont la connotation péjorative est pourtant évidente. Mais Mohamed Saïb Musette reste optimiste. Il pense que l’ouverture médiatique et l’accès massif aux médias étrangers permettront de rompre l’enfermement culturel dans lequel l’Algérie a vécu pendant longtemps.

C’est sans doute à cause de ce racisme ambiant en Algérie que la lutte mondiale contre le racisme n’a pas mobilisé réellement les Algériens au-delà du blocus imposé par les autorités algériennes concernant les marches et manifestations publiques. Ailleurs, en Afrique, plusieurs actions de protestation ont été organisées pour se solidariser avec le combat des afro-américains.

A Tunis, le 7 juin dernier, des centaines de Tunisiens et de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne ont organisé une manifestation devant le théâtre municipal, au centre de la capitale, Tunis, pour dénoncer le racisme aux États-Unis. Le sit-in s’inscrit le contexte du meurtre de George Floyd, un citoyen Afro-américain mort lors de son interpellation par un policier blanc aux États-Unis. Les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans tels que : « Je ne peux pas respirer », « le racisme est fatal », « non à la violence », « respectez notre existence ou respectez notre résistance », et « ne respirons pas l’air de l’humiliation et du racisme ».
À Nairobi, des manifestants se sont réunis devant l’ambassade américaine en brandissant des pancartes « Black Lives Matter ». L’organisatrice de ce rassemblement y a déclaré que la violence contre les Noirs est internationale et a pointé la responsabilité de la police kényane dans les violences survenues dernièrement dans le pays durant l’application des mesures anti-Covid-19. Au Ghana, une pétition a été déposée à l’ambassade des États-Unis, à Accra, par une organisation défendant les droits des diasporas africaines afin de demander à la justice américaine de se montrer exemplaire. Au Nigeria, quelques dizaines de personnes ont également manifesté avec des pancartes « Black Lives Matter » en soutien aux Afro-Américains.

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