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dimanche, mai 5, 2024

Mesures face au crash pétrolier : les nouvelles promesses populistes et utopiques de Tebboune et ses ministres

Depuis son accession au pouvoir, Abdelmadjid Tebboune multiplie les promesses populistes et utopiques qui ne seront jamais réalisables au regard de la situation économique actuelle du pays. Ainsi, pour faire face au crash pétrolier, Tebboune a tracé un objectif au ministère de l’Agriculture : réduire d’au moins 50% l’importation de produits de consommation humaine et animale, notamment le maïs et les  viandes rouges. Or, cet objectif est totalement irréalisable en un laps de temps très court. 

Et pour cause, l’Algérie importe chaque année plus de 8 milliards de dollars de produits alimentaires. Et cette tendance baisse à peine depuis 2010 en raison de la chute des recettes en devises de l’Etat algérien puisque les années précédentes, les importations alimentaires de l’Algérie ont dépassé les 10 milliards de dollars. Comment l’Algérie pourrait réduire de 50 % ses importations alimentaires en une seule année alors qu’elle est largement dépendante de l’étranger pour nourrir sa population depuis des décennies ? Ce qu’il n’a pas été réalisé en 20 ans, peut-il être concrétisé en une seule année ? Naturellement, non !

Il faut savoir que les céréales, le lait et les produits laitiers, les sucres et les légumes représentent 33,88 % des importations globales de notre pays. Certes, durant les 9 premiers mois de l’année 2019, l’Algérie a pu réduire de 12,54 % ces importations de céréales, -17,78 % pour le sucre, –11,18 % pour le lait et les produits laitiers, –8,88 % pour les légumes et –1,07 % pour les préparations alimentaires diverses. Mais en aucun cas l’objectif d’une réduction globale de 50 % de ces importations n’est encore possible et ce en raison de la faiblesse ou quasi-inexistence d’une production nationale fiable et efficace.

L’Algérie arrive à économiser quelques dizaines de millions de dollars. Mais elle a toujours besoin de dépenser énormément d’argent pour couvrir les besoins alimentaires de sa population. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 9 mois en 2019, les importations des céréales, semoule et farine ont atteint 2,11 mds usd, les importations des produits laitiers ont également reculé à 1,01 md usd, la facture d’importation du sucre et des sucreries a atteint les 538,73 millions usd. Certes, durant la même période en 2018, elle était plus élevée puisqu’elle avait été fixée à 647,18 millions usd. L’Algérie a donc économisé près 16,76%. Se fixer comme objectif une réduction de 20 % est imaginable. Mais parler de 50 % relève du populisme à moins de vouloir créer des pénuries sur le marché national et perturber fortement l’approvisionnement des algériens en produits alimentaires.

Quant à l’agriculture algérienne, ses problèmes sont immenses et très complexes. Des problèmes qui durent depuis de longues années. Peut-on les résoudre en une année ? Jamais de la vie. Sinon comment expliquer que l’Algérie continue de dépenser beaucoup de devises pour acheter des fruits et légumes. A titre d’exemple, en 2019, durant les neuf premiers mois, les achats de l’Algérie des fruits comestibles (fruits frais ou secs) se sont chiffrés à 215,65 millions usd, contre 134,33 millions de dollars, soit une hausse de 60,53% !

Même au niveau de l’importation des animaux vivants, l’Algérie a dépensé en 2019 pas moins de 195,21 millions usd en 2019, contre 128,43 millions usd, soit une augmentation de +52% durant la même période de comparaison par rapport à l’année 2018.

Ces données démontrent enfin que l’Algérie est malade sa dépendance vis-à-vis de ses importations alimentaires à l’étranger. Une cure de longue durée est nécessaire pour soigner cette maladie. Et ce prendra beaucoup plus qu’une simple et ordinaire année. Tebboune devra revoir sa copie et réviser ses notes. On ne dirige pas économiquement un pays avec les émotions et le populisme.

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