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vendredi, mai 3, 2024

Les harragas algériens font trembler de peur l’Espagne et l’Europe

Conséquence de l’instabilité politique en Algérie et de l’incapacité de son régime à offrir de l’espoir à sa jeunesse, les Harragas algériens reprennent la « traversée de la Méditerranée » pour débarquer sur les côtes européennes notamment espagnoles qui sont les plus proches du territoire algérien notamment des wilayas de l’ouest comme Ain Témouchent, Mostaganem, Oran ou El-Ghazaouet. Ce qui s’est passé dans la nuit du vendredi à samedi dans la province de Murcia avec le « débarquement » de plus de 418 harragas algériens est un signe avant-coureur de la tragédie qui attend l’Espagne dans les prochaines semaines, voire prochains mois. 

Oui, de nombreux observateurs et spécialistes de la migration clandestine s’attend à un rebond de la « harga » en Algérie. Et pour cause, la détérioration accélérée des conditions socio-économiques des jeunes algériens depuis le début de la pandémie et l’échec du processus de changement politique, à travers le mouvement populaire le Hirak, a aggravé le sentiment de désespoir dans le pays. Et cette tendance a été notée par les autorités européenne depuis la fin de l’année 2019. Preuve en est, les Algériens constituent aujourd’hui plus de 55 % des migrants clandestins qui arrivent en Espagne alors qu’ils ne représentaient que 10 % des arrivées en 2018. Une hausse vertigineuse qui s’explique par la situation politique et économique très inquiétante en Algérie.

« La route algérienne » constitue aujourd’hui la principale voie des harragas dans ce qu’on appelle la mer d’Alboran, à savoir la la partie la plus occidentale de la mer Méditerranée, au centre de la région géologique de l’Arc de Gibraltar. Elle est comprise entre la péninsule ibérique au nord, l’Algérie et le Maroc au sud et le détroit de Gibraltar à l’ouest.

À la fin du mois de mai dernier,  l’Espagne a enregistré une baisse de 31% des arrivées de migrants cette année, en raison notamment du confinement imposé dans de nombreux pays du monde pour endiguer la pandémie de coronavirus. Cependant, cette baisse n’a pas concerné les Harragas algériens car leur nombre  dans la péninsule ibérique a en revanche nettement augmenté !

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur cité par le journal local El diaro de Sevilla, près de 1 700 ressortissants algériens, également appelés harragas, sont parvenus à atteindre l’Espagne depuis le début de l’année, sur un total de 6 773 migrants – au cours de la même période l’an dernier, ils n’étaient qu’une centaine d’Algériens. Ces derniers représentent désormais la première nationalité des arrivées illégales dans le pays. Ils dépassent même les Marocains avec moins de 1 000 arrivées depuis janvier. Un tel phénomène ne s’était pas produit depuis 2016, d’après le quotidien El País qui cite les données de la direction générale de la police.

Un rapport de la commission européenne, que s’est procuré El País, montre que les Algériens empruntent de moins en moins la voie marocaine pour rejoindre l’Espagne par la mer, comme c’était le cas depuis des années. Ces harragas partent désormais directement des plages algériennes. Depuis janvier, 46% des arrivées par bateau via la mer d’Alboran sont parties d’Algérie, contre 10% en 2019, note le rapport de la commission européenne.

« Les bateaux utilisés par les passeurs en Algérie sont mieux équipés que ceux empruntés par les migrants qui partent du Maroc ou de Libye. Les embarcations sont composées généralement de huit passagers maximum, et sont munies d’un moteur de 300 chevaux qui peut facilement atteindre 40 noeuds, soit 74 km par heure », note à ce sujet le site spécialisé Info Migrants.  « Ces bateaux n’ont besoin que de trois à quatre heures pour parcourir les 200 km qui séparent Oran, ville côtière algérienne d’où partent la majorité des canots, d’Almeria, ville du sud de l’Espagne où arrivent les migrants. À cette vitesse, il est difficile de les intercepter. Les bateaux sont capables de toucher terre avant l’arrivée des agents frontaliers avertis par par les radars du Système intégré de surveillance externe (Sive), géré par le commandement d’Almeria », souligne enfin la même source.

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