Il y a de cela quelques décennies, les Algériens traitaient avec mépris les émiratis en les qualifiant de « vulgaires bédouins ». Aujourd’hui, la situation semble avoir radicalement changé car les Emirats Arabes Unis (EAU) sont devenus un véritable centre stratégique pour le développement économique et technologique internationale. Preuve en est, les émirats ont lancé lundi avec succès depuis le Japon une fusée vers la planète…Mars. Et pendant ce temps-là, en Algérie, on peine encore à fabriquer un masque ! Un saisissant décalage.
La sonde émiratie « Al-Amal » (Espoir) est entrée dans l’histoire. Elle est la première mission interplanétaire arabe qui a été lancée lundi avec succès depuis le Japon, en route pour l’orbite de Mars dont elle devra fournir des images pour mieux comprendre son atmosphère et son climat. Le décollage de cet engin spatial non habité, retransmis en ligne et en direct, a eu lieu comme prévu depuis le centre spatial de Tanegashima (dans le sud-ouest du Japon) à 6h58 heure locale (dimanche 22h58 heure française), après deux reports la semaine dernière en raison du mauvais temps.
Le décollage a aussi été vécu avec fierté et émotion dans les Emirats arabes unis (EAU). Le Burj Khalifa de Dubaï, la plus haute tour du monde, avait symboliquement projeté un compte à rebours de dix secondes sur son immense façade avant le décollage.
« Cette mission est une étape importante pour les EAU et leur région », a déclaré Yousuf Hamad Al Shaibani, directeur général du Centre spatial Mohammed bin Rashid (MBRSC) de Dubaï lors d’une conférence de presse au Japon après le lancement. Ce projet « a déjà inspiré des millions de jeunes » dans le monde arabe pour « rêver en grand et travailler dur pour réaliser ce qui paraît impossible », a-t-il ajouté.
Ce projet est un énorme pas franchi par les émirats vers la modernité. Avec des cités prospères comme Dubai ou Abu Dhabi et volontairement tourné vers l’ouverture sur le monde et le développement du savoir. Les Emirats ont tracé une intelligente stratégie pour s’émanciper de la rente pétrolière afin de construire leur propre modèle de développement en développant principalement des secteurs financiers et touristiques solides.
Abu Dhabi a investi dans des formes alternatives de production d’énergie et la première centrale nucléaire du pays, Barakah Power Plant, devrait ouvrir ses portes en 2020 après plusieurs retards.
A partir de 2019, les EAU ont fait leur entrée parmi les 30 premières économies mondiales avec un PIB avoisinant les 400 milliards de dollars. Des champions de l’économie jouent un rôle prépondérant dans le développement comme le fond Abu Dhabi Investment Authority (830 milliards de dollars avec des investissements partout dans le monde), DP World, le troisième exploitant portuaire mondial qui gère 74 ports dans le monde avec une forte présence en Afrique, Etihad Airways et Emirates, deux des plus importantes compagnies aériennes dans le monde. On trouve également d’autres groupes ayant la même trajectoire de croissance comme Emaar et Damac dans l’immobilier, First Abu Dhabi Bank et Emirates NBD dans le secteur bancaire et Etisalat dans les télécommunications.
Les EAU ont obtenu ses performances en investissant énormément sur l’éducation et l’enseignement supérieur. En octobre 2019, les Émirats Arabes Unis ont annoncé l’ouverture de l’Université de l’intelligence artificielle Mohamed bin Zayed (MBZUAI). Présentée comme étant la première université au monde consacrée à l’intelligence artificielle et à la recherche, elle permettra aux étudiants diplômés, aux entreprises et aux gouvernements de progresser en intelligence artificielle. Les Émirats Arabes Unis se sont investis dans l’intelligence artificielle depuis plusieurs années.
En octobre 2017, le projet « Vision des EAU sur l’Intelligence artificielle » avait été présenté et le premier ministère de l’intelligence artificielle au monde avait été créé avec à sa tête l’émir Omar Bin Sultan Al Olama. En avril dernier, le pays avait défini leur stratégie quant à l’IA dans leur programme BRAIN (Build a Responsible Artificial Intelligence Nation).
Et au moment où les EAU s’intéressent à l’intelligence artificielle, l’Algérie sombre dans un sous-développement inédit. Et dire que durant les années 70 et 80, l’Algérie était un modèle et un exemple à suivre pour les EAU. 30 ans plus tard, la roue a tourné et c’est l’Algérie qui est à la traîne. Un pays totalement dépendant vis-à-vis de ses importations y compris alimentaires, ne fabricant ni lait, ni semoule ni encore moins des machines modernes. Pis encore, l’Algérie peine à fabriquer des masques en cette période de crise sanitaire très délicate. Triste décadence pour une ancienne puissance régionale qui faisait rêver des pays du tiers-monde.