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jeudi, mai 2, 2024

L’effondrement économique de l’Algérie inquiète l’Union Européenne depuis juin 2019

Si l’Algérie sombre dans une faillite économique et financière, c’est toute la stabilité de l’Union Européenne qui sera compromise. C’est la conclusion a laquelle a abouti une note confidentielle rédigée en juin 2019 et adressée aux représentants de la Délégation de l’Union Européenne en Algérie. Il s’agit d’une note qui a été élaborée par Hervé Bougault, directeur de l’Agence française de développement (AFD) d’Alger, dans laquelle cet expert français analyse principalement les grandes faiblesses de l’économie algérienne en pleine tourmente politique. L’Algérie, un pays qui risque la faillite et pourrait emporter dans sa chute toute la stabilité régionale, a averti cette note qui date de la fin du mois de juin 2019. Cette note d’expertise est toujours d’une poignante actualité. 

Cette commence par rappeler que  la balance des paiements de l’Algérie est dangereusement déficitaire (-17 Mds $ en 2018) et entraîne une érosion des
réserves de change (79 Mds $ fin 2018). « A ce rythme, celles-ci pourraient être épuisées dans les 4 à 5 années à venir », estiment les prévisions de cette note confidentielle.  « Aussi, le budget de l’Etat est dans une situation de déficit chronique. En 2018, les recettes
de l’Etat sont de 57 milliards de dollars et dépendent des hydrocarbures à hauteur de 60% (en prenant en compte les taxes et impôts liés aux hydrocarbures). Supérieures de plus de 10 milliards de dollars aux recettes », déplore encore cette note qui met en exergue les faiblesses inquiétantes de l’Etat algérien et son incapacité à redresser la situation économique d’un pays de 44 millions d’habitants.

« Les dépenses de l’Etat sont difficilement compressibles en raison des subventions des
produits de base ; les transferts sociaux représentent en effet 30% du budget de l’Etat. L’importance du secteur informel – 40 à 50% du PIB – limite en outre les recettes fiscales de l’Etat. Le budget de l’Etat accorde 20% au budget militaire et ce taux est sanctuarisé. Pour financer le déficit, l’Algérie a eu recours à des impayés et à « la planche à billets » qui, pour l’instant, ne s’est pas répercutée sur l’inflation car celle-ci est calculée sur un panier de produits dont les prix sont administrés », rappelle encore cette note pour expliquer les mauvais choix financiers et économiques décidés par l’Algérie depuis 2018.

Mais le plus inquiétant demeure la dépendance irrémédiable de l’Algérie vis-à-vis des hydrocarbures. Et les dirigeants algériens échouent toujours à trouver des nouvelles alternatives.  « Le pays a peu d’alternatives aux hydrocarbures. L’industrie est atrophiée et sinistrée : elle représentait 15% du PIB dans les années 1990 contre 5% aujourd’hui et n’est plus un moteur de développement. Non seulement l’industrie n’est pas compétitive mais elle est peu intégrée. L’essor de l’industrie nécessite des IDE, aujourd’hui peu présents : le volume des IDE en Algérie représente 0,9% du PIB (contre 3,9% au Maroc) », souligne la même note qui fournit beaucoup de détails sur les fragilités dangereuses de l’économie algérienne.

Une fragilité qui s’explique beaucoup par l’importance de la croissance démographique de la population algérienne.  « Le marché de l’emploi est incapable d’absorber la croissance démographique soutenue : 70% de la population a moins de 40 ans et 300.000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. Comme l’économie n’est pas créatrice d’emploi, le taux de chômage réel est estimé à 40% (chômage officiel, personnes qui ne cherchent pas d’emploi et sous-emploi). Par ailleurs, l’insertion des femmes dans le marché du travail est très limitée : leur taux d’activité est de 15% (contre 21% au Maroc et 24% en Tunisie – 48% en moyenne mondiale) », assure à ce propos la note confidentielle communiquée à la délégation de l’Union Européenne à Alger.

Cette note confidentielle conclut en affirmant que « l’Algérie est une priorité pour l’UE en raison de son importance géostratégique ». Elle appelle les autorités européennes à poursuivre  son lobbying pour « convaincre les autorités locales de faciliter les investissements étrangers ».

« Compte tenu de la crise politique, des problèmes structurels de l’économie algérienne et de la paralysie des systèmes de financement interne, il fallait dès aujourd’hui
préparer avec l’Algérie la riposte face à une situation problématique qui annonce à moyen terme la nécessité de recourir au financement externe », indique enfin cette note qui sonne comme une mise en garde sur l’impact alarmant sur la stabilité de l’Europe de la future crise économique et financière algérienne qui semble, malheureusement, inévitable.

 

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