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samedi, mai 4, 2024

Le défaut de maintenance et la vétusté des équipements à l’origine du « cratère » d’Oued Kniss (Kouba)

Ce mardi matin, les Algérois se sont réveillés en découvrant ébahis que les fortes pluies ont provoqué d’énormes dégâts routiers notamment un « cratère » en plein coeur d’Oued Kniss à (Kouba) dans la banlieue d’Alger. En réalité, ces routes éventrées ont été endommagées par l’explosion d’un important collecteur d’assainissement. 

Il s’agit d’un collecteur datant de l’époque coloniale et qui a subi un affaissement sur con côté droit, provoquant ainsi un cratère de 4 mètres de profondeur. Celui-ci a été causé par d’importante infiltrations d’eaux pluviales, suite aux pluies torrentielles qu’a connu la capital Alger la nuit du 7 au 8 septembre en cours.

Les autorités locales de la wilaya d’Alger et le ministère des ressources en eau, Berraki Arezki, ont tenté d’expliquer cet impressionnant incident par les fortes averses de pluies qui se sont abattues sur Alger en 48 heures. D’après les autorités algériennes, une pluviométrie de 78 millimètres a été enregistrée au niveau de la station de Bir Mourad Raïs et a atteint les 85 millimètres au niveau de celle de Baraki, il « s’agit là de niveau exceptionnels engendrés par les changements climatiques qui touchent de plein fouet notre pays », a noté à ce sujet le ministère des Ressources en Eau pour expliquer l’explosion de ce vieux collecteur.

En vérité, le problème est beaucoup plus complexe car cette explosion impressionnant de cet équipement très vétuste s’explique aussi, et surtout, par le défaut de maintenance et l’amateurisme inédit des autorités des collectivités locales de la wilaya d’Alger. Il faut savoir que dans les villes modernes, les eaux usées domestiques sont évacuées et traitées par un réseau d’assainissement collectif ou individuel institué progressivement sur un territoire donné. Dans ce contexte, un ensemble de collecteurs assurent l’évacuation et l’assainissement des eaux usées et pluviales, afin de les rendre « plus saines, plus pures ».

La durée d’un collecteur des eaux usées peut facilement atteindre les 100 ans. Le problème ne se pose pas à ce niveau-là, a-t-on appris de plusieurs experts et connaisseurs de ce secteur particulier des hydrauliques. Cependant, les collectivités locales, à savoir les villes ou communes doivent continuellement contrôler les raccordements au réseau public de collecte, assurer l’épuration des eaux usées et garantir l’élimination des boues produites pour garantir le bon fonctionnement des collecteurs des eaux usées.

Si les travaux de mise en conformité des ouvrages nécessaires pour amener les eaux usées à la partie publique du branchement ne sont pas supervisés bien comme il se doit, des incidents majeurs majeurs peuvent éclater lors des intempéries. Par ailleurs, les villes doivent assurer régulièrement les travaux de suppression ou d’obturation des fosses et autres installations de même nature pour garantir l’efficacité du raccordement des immeubles ou constructions au réseau des collecteurs d’assainissement.

Il faut savoir encore qu’un collecteur est une canalisation qui collecte et transporte les eaux usées et pluviales jusqu’à la station d’épuration ou un milieu naturel. Cette infrastructure doit être entretenue et intégrée à un dispositif de lutte contre les inondations. Malheureusement, à Alger, comme ailleurs dans les villes algériennes, ces précautions et dispositif de prévention ne sont jamais déployés ou appliqués faute de compétence et de bonne gouvernance au niveau des wilayas et mairies.

Par ailleurs, un autre problème explique les dégâts impressionnants des fortes pluies de ces dernières 24 heures à Alger : l’urbanisation sauvage et incontrôlée ! Des études menées par des urbanistes et architectes ou chercheurs universitaires ont prouvé à plusieurs reprises que le bassin versant de l’Oued Kniss est malheureusement fortement urbanisé alors qu’il situé au centre d’Alger. « Le long de ce cours d’eau des habitations anarchiques ont été construites au cours des dernières décennies, ainsi qu’un réseau routier le long du lit mineur. De ce fait, des crues exceptionnelles, telle celle qui ont causées les inondations et coulées de boues de Bab El Oued (Alger) du 11 novembre 2001, peuvent rendre certaines zones très vulnérables aux inondations », avaient prévenu en janvier 2013 des experts du Centre National de Recherche Appliquée en Génie Parasismique CGS basé à Hussein Dey à Alger.

 

Ces chercheurs ont élaboré une étude pour délimiter « des zones potentiellement inondables ». Malheureusement, leur travail ne fut jamais pris au sérieux par les autorités de la wilaya d’Alger.

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