8.9 C
Alger
samedi, mai 4, 2024

L’Algérie offre 100 millions de dollars à des hauts responsables palestiniens impliqués jusqu’au cou dans de gros scandales de corruption

C’est un geste, certes, noble et louable. Mais c’est un geste généreux qui ne risque d’améliorer nullement les conditions de vie déplorables de la population palestinienne. Et pour cause, le don de 100 millions de dollars offerts hier lundi 6 décembre par l’Algérie à l’Etat palestinien a de fortes chances d’être détourné par des hauts responsables de l’Autorité Palestinienne qui sont impliqués jusqu’au cou dans de gros scandales de corruption. 

« Par fidélité à la glorieuse histoire révolutionnaire de l’Algérie et à l’engagement immuable de tout le peuple algérien soutenant la cause palestinienne juste en toute circonstance, et en application des résolutions pertinentes de la Ligue arabe, l’Etat algérien a décidé de remettre ce chèque comportant une contribution financière de la part de l’Algérie de l’ordre de cent (100) millions de dollars à notre frère, son excellence Abou Mazen, président de l’Etat palestinien et de l’Organisation de libération de Palestine », a déclaré le Président Tebboune lors d’une conférence de presse conjointe animée hier lundi avec son homologue palestinien, M. Mahmoud Abbas, qui effectue une visite d’Etat en Algérie.

Cette annonce a suscité une très vive polémique en Algérie et de nombreuses voix se sont élevées pour s’interroger sur le bien-fondé de ce don très généreux. D’abord, Abdelmadjid Tebboune n’a consulté aucune instance, ni le Parlement, ni le Conseil de la Nation, pour remettre ce chèque onéreux de 100 millions de dollars, une somme considérable, pour ne pas dire colossale, qui sera versée par une Algérie étouffée par l’une des pires crises financières de son histoire à une Palestine dirigée actuellement par des dirigeants plus que jamais contestés et controversés.

En effet, l’Autorité actuelle en Palestine ne peut fournir aucune garantie concernant le bon usage de ces 100 millions de dollars. Le détournement de l’argent destiné à l’aide du Peuple palestinien est une vieille habitude chez les dirigeants de l’Autorité Palestinienne.

Rappelons-nous des scandaleuses révélations du « Panama papers »  en 2016 concernant la fortune offshore de l’Autorité palestinienne.  L’un des fils de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne qui est accueilli en ce moment avec tous les honneurs à Alger, détenait près d’un million de dollars d’actions dans une société des îles Vierges britanniques, l’un des plus sombres paradis fiscaux. L’affaire est née dans le secret du cabinet fiscal Mossack Fonseca, au Panama. Il immatricule en septembre 1994 la société Arab Palestinian Investment Company (APIC) aux îles Vierges britanniques. Yasser Arafat est alors le chef de la Palestine, Mahmoud Abbas a conduit la délégation palestinienne qui a signé les accords d’Oslo un an plus tôt.

Les actionnaires d’APIC se réunissent la première fois le 24 mai 1995 à l’hôtel Sheraton de Dubaï. Le cheikh Omar Aggad, un homme d’affaires saoudien d’origine palestinienne, est nommé administrateur. Il évoque, selon le procès-verbal, « les objectifs généraux de la société, la situation économique dans le monde arabe et les territoires occupés, ainsi que les obstacles rencontrés par les investisseurs. Il a souligné qu’il leur fallait créer des emplois pour éviter que l’économie palestinienne ne pâtisse de celle d’Israël ». Effectivement, en vingt ans, APIC est devenu un géant économique en Palestine. La société a aujourd’hui des activités dans presque tous les domaines : l’alimentation, le matériel médical, la communication, les véhicules ou les centres commerciaux. Elle est même cotée depuis 2014 à la Bourse palestinienne. Son directeur général et président du conseil d’administration est Tarek Aggad, fils d’Omar Aggad.

Les liens entre APIC et l’Autorité palestinienne ne sont d’ailleurs pas seulement financiers. Mohammed Rashid, proche confident et gestionnaire financier de Yasser Arafat, était membre du conseil d’administration d’APIC et président du PIF. En 2012, un tribunal palestinien l’a jugé coupable par contumace du détournement de plusieurs millions de dollars – dont une partie volée au PIF. Or, en 2011, un nouveau membre a fait son entrée au conseil d’administration d’APIC : Tarek Abbas, l’un des fils du chef de l’Autorité palestinienne. Sa nomination était connue, mais les « Panama papers » révèlent qu’il détenait en juin 2013 pour 982 000 dollars d’actions dans la société des îles Vierges.

Tarek Abbas est par ailleurs un homme d’affaires puissant. Il était déjà directeur général adjoint de l’agence de communication Sky, qui domine le marché publicitaire palestinien, lorsqu’APIC l’a rachetée en 1999 – il en est devenu le président du conseil d’administration, au nom d’APIC. Sky a signé en 2006 un contrat pour une campagne de communication visant à améliorer l’image des Etats-Unis dans les territoires occupés. Kareem Shehadeh, l’avocat de Tarek et de Yasser, les fils Abbas, a indiqué à l’époque que laisser entendre que le choix de l’agence reposait sur ses liens avec la famille Abbas était « contraire à l’éthique, et sans fondement ».

Mahmoud Abbas est lui-même cité également dans des affaires de corruption très troublantes. C’est lui qui a tout orchestré pour prendre le contrôle d’un puissant fonds d’investissement, le Palestinian Investment Fund (PIF). « Ce décret présidentiel place le PIF plus directement sous le contrôle du cabinet du président, écrit Jake Walles, alors consul des Etats-Unis à Jérusalem, dans un câble de février 2006 dévoilé par WikiLeaks. Le portefeuille d’investissement de plus d’un milliard de dollars du PIF (…) est maintenant mieux contrôlé par le président Abbas grâce à un conseil d’administration qu’il a choisi, à l’exception des postes ministériels ». L’Autorité palestinienne n’a certes pas d’actions dans APIC, mais le PIF détient 18 % du capital de la société offshore révélée par le scandale « Panama Papers ».

Il est à signaler, en outre, que la famille de Mahmoud Abbas est liée directement à plusieurs business florissants. Son fils Tarek était directeur général adjoint de l’Arab Palestinian Shopping Centers Company, qui possède plusieurs centres commerciaux dans les territoires occupés, et membre du conseil d’administration d’Unipal General Trading Company, le principal distributeur des territoires, qui vend des produits alimentaires, des cigarettes, des cosmétiques.

L’affairisme de Mahmoud Abbas et de sa famille a longtemps révolté et répugné les Palestiniens qui n’ont jamais hésité à manifester leur colère contre cette corruption généralisée. En juillet 2021, une vague de manifestations a secoué plusieurs villes des Territoires occupés après la mort d’un militant des droits humains, critique des dérives du pouvoir.

Les manifestants palestiniens ont réclamé justice après la mort, le 24 juin dernier à Ramallah, d’un célèbre militant des droits de l’homme, Nizar Banat qui s’est fait connaître grâce à des vidéos postées sur les réseaux sociaux dénonçant la corruption qui gangrène l’Autorité palestinienne.

Le décès à 43 ans de ce critique de l’Autorité palestinienne (AP), quelques heures après son interpellation par les forces de sécurité – et après avoir été battu à mort selon sa famille – a provoqué un vent de colère d’Hébron à Ramallah, en passant par Bethléem.

« Abbas dégage », « À bas le régime militaire », « Non aux assassinats politiques »…  des centaines de manifestants ont scandé ses slogans lorsqu’ils se sont rassemblés à quelques centaines de mètres de la Muqata, le palais présidentiel, protégée par une importante présence policière. Certaines routes avaient été fermées en amont pour empêcher l’arrivée de manifestants d’autres villes. Pendant ces manifestations, la corruption de l’entourage de Mahmoud Abbas a été durement et publiquement dénoncée.

Signalons enfin que le mandat de président de l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas a expiré depuis déjà plusieurs années, à savoir depuis 2009 et au lieu de renouer avec la voie démocratique, c’est-à-dire d’organiser des élections présidentielle et législatives libres et pluralistes dans les Territoires palestiniens, Mahmoud Abbas s’est accroché au pouvoir sans aucune légitimité. Cette dérive autoritaire est au coeur de la colère populaire des palestiniens qui sont nombreux à souhaiter le changement.  C’est dire que l’Algérie a remis un chèque de 100 millions de dollars à un dirigeant qui n’illustre nullement les valeurs révolutionnaires du Peuple Palestinien et qui n’a absolument aucune légitimité pour le représenter sans oublier les risques avérés de voir cet argent filer vers les comptes bancaires personnels des dirigeants fidèles à Mahmoud Abbas sans que le pauvre citoyen palestinien ne puisse sentir son odeur. C’est un scandale absolu.

 

 

 

 

 

 

dernières nouvelles
Actualités

6 تعليقات

  1. Un dicton paysan plein de bon sens dit :
    « Il peine à entretenir sa maison, mais il se propose d’aller balayer la mosquée » !
    Tous les arabes, toutes hontes bues, se bousculent pour signer des accords avec
    Israël et l’Algérie des « pseudo-arabes-autoproclamés » se veulent plus royalistes
    que les rois ! On en perd (son latin, pardon !) son berbère !

  2. Au passage l’ autorité palestinienne reconnait l’Etat d’Israël et collabore tres activement avec les services, la police et l’armée israélienne pour securiser Israël.
    Ajoutons qu’Alger et Israël ont des relations derriere les rideaux…Mais les menteurs et hypocrites en chef du pouvoir algérien preferent leurrer l opinion algerienne intoxiquee H24 par la pravda du régime, l ‘ENTV, l APS et la presse couche toi là.

  3. C’est encore une malice des profiteurs, c’est bien d’aider les palestiniens , mais jusqu’à quand ,150 millions au tunisiens, 100 millions aux maliens, 100, millions aux égyptiens, 50 millions aux mauritaniens, 80 millions au Niger et 50 millions aux Libyens, alors que le peuple paye sa nourriture très cher, il manque des hôpitaux et du travail pour les algériens, les routes sont dans un délabrement total, et le pouvoir se permet de jeter de l’argent du peuple comme si c’est son propre argent sans demander l’avis du peuple , ils ont mis en place leurs propres amis a l’assemblée (FLN et RND) avec un salaire moribolant pour chaque député,il touche 450 millions par mois et il assuré en quittant l’assemblée de toucher une retraite même salaire jusqu’à la fin de sa vie en plus il garde la voiture de l’Etat une année, le FLN dirigé par Badji dont sa femme est marocaine et son beau-frère colonel du DRS marocain et on vient nous endormir avec l’espionnage marocain alors qu’eux même ils placent des marocains dans les rouages de l’Etat, savait- vous qu’ils y a 7 députés marocains qui ont trafiqués des papiers algériens ,ces gens sont dans l’assemblée de la nouvelle Algérie .

  4. « D’abord, Abdelmadjid Tebboune n’a consulté aucune instance, ni le Parlement, ni le Conseil de la Nation, pour remettre ce chèque onéreux de 100 millions de dollars, … ». Décidément vous ne cesserez jamais de m’étonner. Mais depuis quand un président algérien a-t-il demandé quoi que ce soit à qui ce soit pour se servir à même le Trésor Public? Mr Tebboune, à l’instar de tous ses prédécesseurs, considère ce même Trésor Public comme sa propriété personnelle et se sert donc à sa guise. De plus, quoi de plus légitime que de s’entraider entre corrompus au long cours et dilapideurs des deniers publics. Le pôvre peuple palestinien ne verra jamais la couleur de ces 100 millions qui iront très certainement garnir les comptes déjà bien garnis de tous ces pseudo responsables qui les gouvernent.

  5. Et dire que nos compatriotes n’arrivent pas joindre les deux bouts, pendant ce temps là , ces gouvernants mafieux distribués des centaines de millions voir de milliards de dollars à tours de bras
    à gens qui ne le méritent pas, en pensant que tout leurs appartient.
    Pauvre peuple spolié est dépouillé de toute sa substance.

  6. 100 millions, c’est tout? Quelle honte. Les Palestiniens sont nos frères Arabes. Nous sommes avec eux dhalimoune Aw moudhlimine, el Djazaïr tekfihoum ou tekfina. Il doit rester quelques milliards,il faut leurs donner la moitié, car ceux sont nos frères !
    Quant au Ghachi qu’ils mangent du sable et se vaccine avec de l’eau de javel. Et surtout pour se soigner il y’a du chih et du guetrane, donc pas besoin d’hôpitaux du moment que nos frères veulent bien de nous.