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samedi, avril 27, 2024

Exclusif. Plus de 3 millions de subventions européennes ont disparu de la comptabilité de l’administration pénitentiaire algérienne

La Direction générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion est au coeur d’un énorme scandale en Algérie. Une mission d’inspection diligentée par l’inspection générale des Finances (IGF) a planché depuis bientôt 20 jours sur les comptes financiers de cette institution qui gère toutes les prisons algériennes réparties sur l’ensemble du pays. Cet audit a révélé d’ores et déjà une inquiétante anomalie : La disparition de la comptabilité déclarée de l’institution d’une subvention accordée par l’Union Européenne dont le montant dépasse les 3 millions d’euros !

Nous sommes bel et bien à la veille d’un immense scandale de dilapidation et de détournement des deniers publics. Un scandale qui risque de secouer fortement la direction générale de l’administration pénitentiaire. Et pour cause, les subventions accordées au cours de plusieurs années par l’Union Européenne pour moderniser le fonctionnement de cette institution dans le but d’humaniser les prisons algériennes ont été dépensées dans une totale opacité et sans aucune traçabilité, révèlent les premières conclusions des enquêteurs de l’IGF, a appris Algérie Part au cours de ses investigations.

Ces aides européennes ont été destinées essentiellement à la direction de la réinsertion des détenus, a-t-on aussi appris au cours de nos investigations. Il faut savoir que l’administration pénitentiaire algérienne collabore avec les instances de l’Union Européenne depuis plus de 10 ans. En décembre 2018, l’Union européenne et l’Algérie ont même célébré le 10e anniversaire de leur coopération en matière pénitentiaire. Depuis 2008, l’Union Européenne débloquait des budgets pour financer la mise en œuvre d’importantes réformes du système carcéral algérien.

Les prisons algériennes avaient ainsi bénéficié du “Programme d’appui à la réforme du système pénitentiaire en Algérie” qui était doté par l’Union Européenne d’un budget de 18,5 millions d’euros. Ce premier programme a pris fin en 2014. Formation des directeurs des prisons en Algérie, formation du personnel pénitentiaire, déploiement des psychologues pour prendre en charge les détenus, mises en place de formation à l’emploi au profit des détenus, bref, ce programme européen a changé un tant soit peu le visage sombre des prisons algériennes.

L’Union Européenne voulait appuyer la réintégration sociale et économique des détenus libérés en Algérie tout en améliorant les conditions de détention, d’élever le niveau de compétence du personnel pénitentiaire, de moderniser le fonctionnement et la sécurisation des établissements et de rénover le système de gestion des prisons.

En mai 2016, l’Algérie procède à la signature d’un projet de jumelage financé par l’Union européenne entre la Direction générale de l’administration pénitentiaire algérienne et ses homologues française et italienne. Ce programme a axé sur l’amélioration du système de gestion de l’administration centrale des établissements pénitentiaires, le renforcement de la capacité de prise en charge des détenus dans le cadre de la réinsertion ainsi que le renforcement de la sécurité des établissements pénitentiaires. Encore une fois, l’Union Européenne débloque plus de 3 millions d’euros pour financer ce programme au profit de l’Algérie.

Justement, cet argent, les enquêteurs de l’IGF peinent à retrouver les traces de son utilisation dans la comptabilité de l’administration générale. Du fait que les prisons algériennes est un univers sombre, aucune voix ne s’est élevée pour dénoncer une véritable opacité susceptible de donner naissance à des pratiques de corruption.

Ces soupçons de corruption trouvent tout leur sens lorsqu’on sait que l’administration pénitentiaire jouit chaque année d’un budget de 600 milliards de centimes, à savoir près de 39 millions d’euros. Or, les conditions de vie déplorables et misérables des détenus algériens ne reflètent pas du tout le niveau des dépenses officiellement déclarés par l’administration pénitentiaire algérienne. Plus de 90 mille détenus algériens croupissent dans 154 prisons où le minimum vital comme une alimentation saine et des conditions d’hygiène basiques manquent cruellement à l’appel. Où sont donc partis ces 600 milliards de centimes ? Mystère …

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