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samedi, mai 4, 2024

Exclusif. L’état réel des stocks du pays et l’impossibilité de respecter le plafond de 40 Da : tout ce qu’il faut savoir sur les masques en Algérie

Aucune pharmacie en Algérie n’a pu vendre un seul masque de protection à 40 Da comme il a été promis par les autorités algériennes. Depuis ce dimanche 24 mai, premier jour de l’Aid El Fitr, le port du masque est obligatoire dans l’espace public pour les Algériens et Algériennes. Or, dans les pharmacies, les prix des masques a varié d’une wilaya à une autre, d’une ville à une autre. Dans certaines villes, les prix ont avoisiné les 100 Da, voire les 130 Da. Dans d’autres, ces prix ont dépassé les 80 Da. Les masques les moins chers ont été vendus à 50 Da l’unité dans quelques pharmacies à Alger. 

« Un masque à 40 Da, c’est tout simplement impossible dans le contexte actuel », a-t-on appris de plusieurs sources proches du syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo). Le professeur Riad Mehyaoui, chef de service réanimation au Centre national de la médecine du sport (CNMS) et membre du comité scientifique de lutte contre le Covid-19, avait, pourtant, assuré que les autorités algériennes ont pris des mesures concrètes pour permettre aux Algériens d’acheter des masques au niveau des pharmacies à 40 Da l’unité. Or, cette annonce s’avère totalement déconnectée du terrain, a-t-on appris au cours de nos investigations.

Et pour cause, les masques fabriqués localement en Algérie reviennent à plus de 60 Da. Certains fabricants algériens notamment des ateliers de couture produisant des masques alternatifs ne peuvent pas fabriquer des masques de protection à moins de 80 Da l’unité en raison des coûts de revient.

Quant aux masques importés à l’étranger notamment depuis la Chine, leur prix est encore plus cher. Selon nos recherches, il est est impossible de trouver ces masques à moins de 100 Da l’unité car les prix de leur acquisition à l’étranger augmentent ces derniers jours à cause du processus de déconfinement lancé dans plusieurs pays à travers le monde provoquant ainsi une très forte demande mondiale des masques de protection ou des bavettes médicales.

Actuellement, sur le marché mondial, les fournisseurs chinois ont fixé les prix du masque à 0,50 euros. Pour comprendre la cherté excessive de ces prix, il faut juste comprendre qu’avant le début de la pandémie du COVI-19 dans le monde, ces mêmes masques étaient vendus à 0,05 euros l’unité. Dans ce contexte, il est impossible d’obtenir un masque vendu en Algérie à un prix de 40 Da l’unité qu’il soit produit localement ou importé.

Les autorités algériennes ne peuvent aucunement plafonner ainsi les prix des masques à moins de mettre en place un système de subventions. Ce qui revient à réfléchir sur un système très complexe qu’il faut instaurer en toute urgence. Une mission qui paraît impossible.

En parallèle, Algérie Part a appris au cours de ses investigations que cette cherté des prix des masques et leur disponibilité risquent de devenir encore plus problématique dans les jours à venir. Et pour cause, les stocks actuels du pays ne dépassent guère les 20 millions de masques qui se trouvent en ce moment dans les hangars et locaux de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux (PCH). Ce stock va baisser dans les jours à venir car la PCH n’a pas encore procédé à l’acquisition de nouvelles quantités de masques de protection à l’étranger en raison du scandale de dilapidation des deniers publics qui a entièrement paralysé les services de la PCH depuis le 18 mai dernier. 

D’autre part, les capacités de production nationale sont encore très faibles. Il y a, effectivement, que trois unités privées de production des masques de protection. Il s’agit des sociétés privées GIAP, Condomed et la Gazelle. Ces trois usines produisent l’équivalent d’à peine 1 million de masques par mois. Et leur production est entièrement réquisitionnée par le gouvernement algérien pour les distribuer au profit des hôpitaux. Il faut savoir à ce sujet que les coûts de production d’une bavette made in Algérie ne dépasse pas les 11 Da. Cela signifie que si l’Algérie avait élaboré une véritable stratégie industrielle pour se doter d’une production nationale, ni la cherté des masques ni leur disponibilité n’auraient causé problème actuellement dans notre pays.

De son côté, le Groupe public Textiles et Cuirs (GETEX) fabrique de son côté l’équivalent de 1 million de masques par mois. Or, cette quantité est entièrement dédiée aux services de sécurité, la protection civile, le personnel des administrations publiques de l’Etat algérien.

Pour répondre aux besoins de sa population, l’Algérie est donc entièrement dépendante de ses importations à l’étranger notamment auprès des fournisseurs chinois. Et les fortes tensions qui perturbent ces derniers jours la PCH, l’opérateur public algérien qui gère les achats, supervise les acquisitions et stocks des masques, sont en train de provoquer une immense panique à travers le territoire national. Le gouvernement algérien doit mettre de l’ordre à la PCH dans les plus brefs délais.

 

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