8.9 C
Alger
dimanche, avril 28, 2024

Exclusif. Le PDG de Sonatrach veut favoriser 2 sociétés chinoises pour un important marché de 280 millions de dollars à Skikda

Un marché de 280 millions de dollars suscite une énorme controverse au sein de la Direction générale de Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures. Il s’agit d’un important marché de réalisation d’un grand réservoir de GPL au niveau du port de Skikda. Ce projet était bloqué depuis 2019. Il avait même été remis en cause par le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, dés son accession aux commandes du groupe au début du mois de février 2020. 

A la surprise générale, Toufik Hakkar, revient sur sa décision et relance subitement ce marché alors qu’il voulait l’annuler tout bonnement prétextant auparavant la situation financière complexe et difficile que traverse Sonatrach en raison des conséquences financières désastreuses de la pandémie de la COVID-19 sur les exportations des hydrocarbures.

Au mois d’avril dernier, la direction générale de Sonatrach donne pour instruction de relancer les modalités commerciales de ce marché. La Sonatrach a entamé ainsi dans une grande discrétion une série de consultations restreintes en adressant des « invitations » à plusieurs sociétés étrangères pour leur demander de soumettre des offres techniques et commerciales concernant la réalisation de ce grand réservoir de GPL dont a cruellement besoin le port de Skikda.

Cependant, un nombre limité de sociétés internationales ont été « invitées » par Sonatrach à ces consultations restreintes. Il s’agit de JCG, Sofregaz, Hyundai, Samsung, Entrepose, HQC et Sinopec. Le choix très sélectif de ces entreprises étrangères cause énormément problème et jette le discrédit sur les intentions de la Direction générale de Sonatrach. Et pour cause, la compagnie algérienne des hydrocarbures a pris le soin d’écarter les sociétés disposant d’une expertise avérée et reconnue mondialement dans la réalisation d’ouvrages aussi spécifiques que les réservoirs des hydrocarbures. A titre d’exemple, ni le géant su-coréen Daewoo ou le groupe italien Bernini Impianti, un spécialiste reconnu mondialement pour son savoir-faire dans les solutions pour les brûleurs qui utilisent différents types de carburants tels que le pétrole lourd, le gaz, le GPL, le charbon et le coke de pétrole (biomasse), n’ont été associés par Sonatrach à ces consultations restreintes.

Au lieu de cela, Toufik Hakkar et ses collaborateurs ont privilégié comme « interlocuteurs »  des sociétés qui ont des références très limitées dans ce domaine ou présentent des bilans d’activités décevants comme la filiale algérienne de la société française Entropose Group qui est en faillite et cherche d’ores et déjà un nouveau repreneur afin de se relancer sur le marché algérien.

En vérité, les choix de la Sonatrach ne sont pas fortuits. Selon nos investigations, la direction de la compagnie nationale des hydrocarbures a voulu sciemment organiser une compétition commerciale biaisée pour favoriser les intérêts de deux sociétés chinoises : la société China Huanqiu Contracting & Engineering Co. Ltd. (HQC) et Sinopec (China Petroleum & Chemical Corp).

Algérie Part a pu constater au cours de ses investigations que ces deux sociétés ont été « officieusement » recommandées à la Sonatrach par la China Harbour Engineering Company Ltd (CHEC), la sulfureuse compagnie chinoise en charge du projet de la nouvelle jetée GLN du port de Skikda qui traîne depuis 2019 et qui a donné lieu à de nombreuses irrégularités scandaleuses comme il a été démontré dans les précédentes enquêtes d’Algérie Part.  

Selon nos investigations, au départ Toufik Hakkar et son plus fidèle collaborateur Aoudjhane Fredj, le premier responsable de la direction centrale de l’Engineering & Project Management (EPM), ont voulu confier ce nouveau marché à Skikda suivant la controversée formule de gré à gré à la CHEC qui jouit d’un traitement de faveur depuis le lancement de ses activités dans le secteur des hydrocarbures en Algérie. Or, la CHEC a pris conscience qu’elle ne  dispose ni du savoir-faire ni de l’expérience nécessaire pour prendre en charge la réalisation d’un ouvrage aussi spécifique qu’un immense réservoir de GPL. Embourbée dans ses retards successifs et ses propres dysfonctionnements dans le chantier de la nouvelle jetée GNP du port de Skikda, la CHEC s’est contentée d’intervenir auprès de la Sonatrach en faveur de deux autres sociétés chinoises avec lesquelles elle partage des intérêts commerciaux communs.

En l’absence d’un appel d’offres national et international comme le veut la logique d’une concurrence loyale et transparente qui doit dicter la gestion de tels marchés publics stratégiques, ces deux sociétés chinoises ont été d’ores et déjà avantagées par Toufik Hakkar et Aoudjhane Fredj puisqu’elles n’ont pas confrontées à une rude concurrence dans cette compétition pour l’obtention d’un marché de… 280 millions de dollars. Force est effectivement de constater, a-t-on pu confirmer auprès de plusieurs sources concordantes, que les « poids lourds » du secteur de l’engineering pétrolier comme Samsung ou Hyundai n’ont pas affiché leur enthousiasme pour participer à ces consultations restreintes menées par la Sonatrach.

La HQC et Sinopec ont donc tout un boulevard devant elles pour se partager ce marché de 280 millions de dollars. La direction générale de Sonatrach a manipulé de la manière la plus immorale les règles d’une compétition technique et commerciale pour offrir ainsi toutes les parts du « gâteau » à deux sociétés chinoises. Il est à souligner enfin que le montant de ce marché constitue en lui-même un scandale car le budget initial fixé en 2019 pour ce futur réservoir de GPL était de l’ordre… de 120 millions de dollars. Deux ans plus tard, le budget de ce marché a plus que doublé dans des conditions opaques alors que la Sonatrach affirme officiellement qu’elle veut faire des économies pour affronter l’actuelle crise financière qui l’ébranle de plein fouet.

 

dernières nouvelles
Actualités