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samedi, mai 18, 2024

Exclusif. Le patron de l’aéroport d’Alger a racketté des sociétés anglaises en leur demandant un pot-de-vin de 600 mille euros : ces documents ignorés par la justice algérienne

C’est un scandale que la justice algérienne tente d’étouffer depuis le printemps 2019. Tahar Allèche fait l’objet de deux plaintes déposées par deux sociétés anglaises, ULTRA Electronics, leader mondial du logiciel de gestion aéroportuaire, et Gate Technologies,  une autre entreprise britannique leader mondial également dans la conception et de la fourniture de solutions d’équipements aéroportuaires de haut niveau. Ces plaintes ont été enregistrées par la justice algérienne depuis le mois de mai 2019 comme l’attestent les documents exclusifs obtenus par Algérie Part au cours de nos investigations. 

Tim Hodge, le patron de l’entreprise britannique Gate Technologies, s’est déplacé jusqu’à Alger accompagné de son avocat et avec la notification de l’ambassade britannique à Alger pour qu’il rencontre les enquêteurs de la brigade économique et financière de la DGSN. Au mois de juillet 2019, après avoir été entendu par ces enquêteurs, le patron anglais a signé un PV dans lequel il affirme clairement avoir été victime d’une tentative de racket de la part de Tahar Allèche, le patron de l’aéroport d’Alger, qui a exigé le versement d’un pot-de-vin pour permettre à Gate Technologies d’obtenir des marchés publics dans le cadre de la construction de la nouvelle aérogare internationale de l’aéroport d’Alger inaugurée le 20 avril 2019.

La société anglaise Gate Technologies a déposé plainte à Alger contre le patron de l’aéroport d’Alger le 16 mai 2019. Depuis cette date-là, le dossier de ce scandale de corruption est entre les mains de la justice algérienne.

En juin 2019, c’est Tahar Allèche qui a été auditionné lui-aussi par les enquêteurs de la même brigade de la DGSN. Mais l’enquête est restée inachevée et la justice algérienne n’a pas bougé le petit doigt en dépit des preuves accablantes qui pèsent à l’encontre de Tahar Allèche. Tim Hodge n’est, effectivement, pas le seul patron anglais qui a clairement accusé Tahar Allèche de lui avoir envoyé un intermédiaire pour réclamer le paiement d’un pot-de-vin de 600 mille euros en échange de toutes les facilités sur le marché algérien…

Dans cette affaire, plusieurs témoins ont été entendus ou auditionnés par les enquêteurs algériens. Tous les témoins ont accablé Tahar Allèche et confirmé son implications dans des manoeuvres de corruption.

Pour sa part, la Directrice Générale de la deuxième société anglaise, ULTRA Electronics Jenny Lawton a fait une déclaration sur l’honneur le 9 mars 2018 dans laquelle elle raconte sans détours que Fodhil Kerkache, un ami et représentant de Tahar Allache, PDG de la SGSIA, aurait ‘’ouvertement demandé un paiement en avance immédiate d’un montant important en liquide/ cash et en devise européenne (€ euro), Mr Kerkache a précisé que cet argent était destiné au profit du PDG de la SGSIA Mr Tahar Allache’’ ! La Directrice Générale d’Ultra ajoute que : ‘’suite à ces malencontreux événements, notre société a commencé à constater la succession de difficultés, mais aussi des blocages de la part de la SGSIA et de CSCEC qui ont par la suite procéder à l’élimination pure et simple de notre offre’’

Enfin, Mme Lawton conclue en déclarant que: ‘’Nous avons adressé plusieurs correspondances de plaintes et demandes d’intervention au Ministre des Transports algériens, mais nos courriers et multiples appels téléphonique à lui sont restés sans réponses à ce jour’’… ’’Nous déplorons cette situation, et nous espérons que nos chances d’être retenue par la SGSIA seront intactes.  Nous demeurons à la disposition des autorités aéroportuaires et de transports de la République d’Algérie.’’

Algérie Part avait rendu public ce document exclusif qui est parvenu à la Justice algérienne par le biais de l’ambassade britannique à Alger. Algérie Part a été également le premier média à révéler des pratiques douteuses et suspectes lors de l’annulation de l’attribution de la fourniture de mobilier technique de la nouvelle aérogare à Gate Technologies, un opérateur britannique leader mondial du secteur, pour un montant de 7 millions d’euros.

Notre enquête a pu démontrer comment Gate Technologies a finalement été exclu et chassé du chantier de l’extension de l’aéroport international d’Alger après avoir refusé de payer une commission, un backchich, de plus de 600 mille euros. En 2018, face à ses révélations, la direction de l’aéroport d’Alger a activé ses réseaux pour intimider la rédaction d’Algérie Part. Tahar Allache, un cacique en poste depuis de nombreuses années, a dépêché ses « émissaires » pour réduire les journalistes du média au silence, et juré qu’il userait de  toute son influence pour laminer quiconque enquêterait sur sa gestion.

Depuis l’avènement du Hirak et la chute du régime de Bouteflika dont Tahar Allèche est l’un de ses symboles, force est de constater que pas moins de 35 plaintes ont été déposées contre le patron de l’aéroport d’Alger au niveau de la brigade économique et financière de la DGSN, a-t-on pu confirmer auprès de plusieurs sources policières à Alger.  Malheureusement, aucune de ces plaintes n’a abouti et la justice est restée impuissante face à ce pacha. Pis encore, Tahar Allèche nargue la justice et les magistrats algériens puisqu’au mois de septembre 2019, une ordonnance du tribunal de Dar El-Beida inculpant officiellement Tahar Allèche a été ignorée par le ministère des Transports qui est revenu dans des conditions troublantes sur sa décision de limoger Tahar Allèche à la suite de pressions exercées par de nombreuses personnalités influentes.

Pourquoi une telle impunité ? Ce vendredi soir, nous diffuserons une émission qui révélera les tenants et aboutissants de ce scandale d’Etat que la justice algérienne peine à dissimuler en raison des protestations soulevées par de grosses entreprises internationales victimes de la machine de la corruption en Algérie.

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