Les évènements les plus rocambolesques se produisent en ce moment en Algérie. Pendant près de 10 jours, le général-major Athmane Benmiloud, l’ex-patron de la Direction centrale de la sécurité de l’Armée (DCSA), s’est fait passer pour une personne souffrant de « troubles psychiatriques » afin de perturber et de compromettre l’interrogatoire auquel il était soumis lors de sa garde-à-vue, a appris Algérie Part de plusieurs sources militaires concordantes.
Les enquêteurs de la DCSA ont été ainsi contraints de le transférer vers le service psychiatrie de l’hôpital militaire d’Ain Naadja afin de le soumettre à une expertise médicale. Celle-ci a tranché au bout de plusieurs jours d’examens affirmant ainsi que le général algérien est au final qu’un piètre comédien. Muni de cette expertise médicale, la DCSA a pu présenter le général-major Athmane Benmiloud devant le tribunal militaire de Blida. Et cette instance a décidé, par la suite, de l’incarcérer.
C’est encore un autre poids lourd de la hiérarchie militaire algérienne qui vient de rejoindre la prison militaire de Blida. Athmane Benmiloud avait été désigné premier responsable de la DCSA à partir du mois d’août 2018. Il avait souffert de plusieurs problèmes de santé l’obligeant ainsi de se retirer de son poste dés la fin du mois de novembre 2018. Il avait été hospitalisé au niveau de l’hôpital militaire d’Ain Naadja.
Avant cet épisode malheureux, Athmane Benmiloud avait remplacé en août le célèbre général-major Lakhdar Tirèche, l’homme qui dirigeait la DCSA de septembre 2013 jusqu’au mois d’août 2018. Or, ce dernier avait « sauté » dans le sillage du scandale de la cocaine du Port d’Oran. Le défunt Ahmed Gaid Salah avait, d’ailleurs, recouru aux services et rapports du général-major Athmane Benmiloud pour limoger, d’abord, et inculper ensuite ses adversaires directs, à savoir le général-major Habib Chentouf, l’ex-patron de la première région militaire, Said Bey, l’ex-patron de la deuxième région militaire, Menad Nouba, l’ex-patron de la gendarmerie nationale et Abderrazak Chérif, l’ex-patron de la 4e région militaire.
C’est effectivement la DCSA sous l’égide du général-major Athmane Benmiloud qui avait été chargée de mener les enquêtes sur ses puissants officiers supérieurs de l’armée algérienne. Ahmed Gaid Salah, l’ex-chef d’Etat-Major de l’ANP, enclenchera les poursuites judiciaires pour enrichissement illicite contre ces chefs militaires en s’appuyant sur les rapports du général-major Athmane Benmiloud. Le 14 octobre 2018, ces généraux furent placés en détention provisoire. Le 7 novembre 2018, à la suite de l’intervention de la Présidence sous l’influence d’un certain Said Bouteflika, ces généraux sont remis en liberté provisoire.
Après son départ de la DCSA fin novembre 2018, Athmane Benmiloud était, selon nos sources, resté très influent au sein des arcanes du pouvoir militaire algérien. Lorsque le Hirak commence le 22 février 2019, le clan Gaid Salah va beaucoup s’appuyer sur son expertise et ses réseaux pour mener la « contre-révolution » dans le but de diviser les rangs de l’opposition et du peuple algérien.
Mais les luttes claniques ont fait beaucoup de victimes au sein de l’institution militaire durant le règne absolutiste de Gaid Salah. Début novembre 2019, Athmane Benmiloud est interrogé une première fois et placé en garde-à-vue par la DCSA dirigée à l’époque par le général Nabil Benazzouz. Le général-major Athmane Benmiloud échappe de justesse à la prison durant cette période de troubles où le puissant généra Wassini Bouazza, patron de la DGSI des services secrets, menait la danse et neutralisait ses concurrents les uns après les autres.
Il aura fallu finalement attendre la mort de Gaid Salah et la chute de Wassini Bouazza le 14 avril dernier pour que le dossier du général-major Athmane Benmiloud soit réouvert par les enquêteurs de la DCSA. Et cette fois-ci, il sera poursuivi devant la justice militaire et placé en détention. On lui reproche, entre autres, ses attitudes complotistes contre l’autorité de l’Etat et du Haut commandement militaire. Encore un dossier explosif qu’il faut suivre de près.
Rappelons enfin que la DCSA est au coeur de tous les scandales militaires depuis 2018. Limogeages, emprisonnements et poursuites judiciaires, de nombreux officiers et anciens patrons de la DCSA ont fini mal, très mal. La DCSA fut pendant longtemps une des directions du ministère de la défense avant d’être rattachée au Département du renseignement et de la sécurité (DRS).
Elle a été dirigée entre autres par le général Mohamed Betchine puis par le colonel Mohamed Mediène, alias Toufik. Ce dernier, actuellement général de corps d’armée et patron du DRS a été le dernier directeur de la DCSA lorsqu’elle dépendait du secrétariat général du MDN. Après son rattachement au DRS, elle a été confiée au général Kamel Abderrahmane ensuite au célèbre général-major Djebbar Mehenna.
