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vendredi, mai 3, 2024

EXCLUSIF – La Sécurité des Infrastructures Aéroportuaires Menacées !

La sécurité est la priorité absolue des objectifs stratégiques de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). Ses objectifs stratégiques visent à renforcer la sécurité de l’aviation civile dans le monde et sont principalement axés sur une supervision nationale efficace de la sécurité et sur les capacités d’un État en matière de gestion de la sécurité.

Comme on le sait, la sécurité aérienne procède de l’ensemble des mesures visant à réduire le risque aérien et ne peut être confondue avec la  sûreté  aérienne qui comprend l’ensemble des mesures prises pour lutter contre les malveillances intentionnelles, mais les deux sont souvent liés.

A ce titre, en tant que contractant, l’Algérie est tenue selon l’Annexe de sûreté N° 17 de la convention de Chicago organisant l’aviation civile internationale et du Programme National de Sureté de l’Aviation Civile (PNSAC), d’établir et mettre en œuvre un programme national écrit, de sûreté de l’aviation civile destiné à protéger les opérations de l’aviation civile contre les actes d’intervention illicite, au moyen de règlements, de pratiques et de procédures qui tiennent compte de la sécurité, de la régularité et de l’efficacité des vols.

 

Aussi, un comité d’audit des aéroports avait alors été institué, entre la Direction Générale de la Sûreté Nationale – Police aux frontières (DGSN-PAF) et la Direction de l’Aviation Civile et de la Météorologie (DACM) dépendant de la direction des transports au sein du Ministère des travaux publics et du Transport, pour veiller entre autres à vérifier la conformité des plans de sûretés et de sécurité des aéroports algériens.

Il faut savoir que la sécurité des pistes est présentement le domaine où les risques sont le plus élevés. Une incursion sur piste renvoie à tout événement dans un aérodrome impliquant la présence inopportune d’un aéronef, véhicule ou individu sur la zone protégée d’une surface réservée à l’atterrissage et au décollage des aéronefs.

Tout comme il est nécessaire de comprendre qu’un aérodrome est composé d’une  »zone côté ville », qui représente la zone autorisée au public et comprend les voies d’accès aux aérogares, les parcs de stationnement des voitures et les parties publiques des aérogares (restaurants, boutiques, banques d’enregistrement…) et d’une  »zone côté piste », zone de sûreté situées sous douane à accès réglementée, uniquement accessible aux personnes munies d’un titre d’accès (badges pour les personnels, titre de transport pour les passagers), comprenant des espaces tels que les salles d’embarquement, les passerelles, les pistes et zones de circulation de l’aéroport, les zones de tri des bagages au départ et des espaces dits de sûreté.

L’accès de la zone publique en zone réservée ne peut être autorisé qu’après contrôle de l’autorisation portée de manière visible par la personne ou le véhicule concerné, délivrée par l’administration et les services de sécurité de l’aéroport, et par inspection filtrage systématique. Le but étant de limiter au strict nécessaire le nombre de personnes, ayant une raison légitime liée à leurs activités professionnelles, de pénétrer dans les secteurs sensibles.

Cette autorisation obéit normalement à des règles strictes et à une vérification d’antécédents effectuée par les services compétents de l’Etat lors de la demande de titre de circulation afin de s’assurer que la moralité et le comportement de la personne présentent les garanties requises au regard de la sûreté de l’Etat, de la sécurité publique, de la sécurité des personnes et de l’ordre public.

Bien évidemment, les titulaires d’un titre de circulation aéroportuaire sont tenus de ne pas faciliter l’entrée en zones sensibles des personnes dépourvues des autorisations nécessaires.

Ces règles édictées de la part de l’OACI pour améliorer sensiblement la sécurité sur les pistes ont été bien évidemment acceptées par l’Algérie, qui reste soumise, à l’instar de tous les pays contractants, à un programme d’audit de sécurité universel et d’une approche de surveillance continue.

Le 10 février 2020 une visite de préparation de l’audit a été menée durant 4 jours et visait à comprendre et à utiliser les plateformes informatiques, les documents d’orientation de l’OACI et l’utilisation des questions du protocole USAP-CMA ( Programme d’audit universel de sécurité et approche de surveillance continue) relatives aux annexes de sécurité N° 17 et 9.

Equipe en charge du Programme d’audit universel de sécurité
et approche de surveillance continue

Cette visite de préparation à l’audit a permis à l’officier régional de la sécurité aérienne de rencontrer toutes les parties impliquées dans l’audit tels les responsables au sein de l’aéroport, les transporteurs aériens, les agents de manutention, les services de police… pour leur exposer les processus leur permettant de réévaluer les mesures de sécurité mises en œuvre.

L’OACI est une institution spécialisée des Nations Unies établie par les États en 1944 pour gérer et administrer la Convention relative à l’aviation civile internationale (Convention de Chicago) qui œuvre de concert avec les 193 États signataires de la Convention pour normaliser des politiques en matière d’aviation civile internationale, servant de base à un secteur de l’aviation civile sûr et efficace.
Aussi, cette institution coordonne l’assistance et le renforcement des capacités pour le compte des États, en appui à de nombreux objectifs de développement de l’aviation tout en y effectuant des audits des capacités de supervision de l’aviation civile dans les domaines de la sûreté et de la sécurité. Exemple.

Le 18 Mars 2020, une lettre a été transmise par la Secrétaire Générale de l’OACI à la DACM, concernant le respect des normes de l’annexe 9 de l’OACI sur les normes et pratiques recommandées -Facilitations – traitant des  »[…] formalités de douane et d’immigration […] et, lorsqu’il paraît approprié de le faire, de tout autre sujet intéressant la sécurité, la régularité et l’efficacité de la navigation aérienne ».

Mme Bourouis Aicha, chargée de la gestion de la DACM, répond à la missive de l’OACI en apportant des précisions sur les mesures prises par l’Etat algérien pour réduire la propagation du Covid-19 dans le transport aérien.

Parmi les mesures appliquées au niveau des aéroports, dont celui d’Alger par la Société de Gestion et des Services des Infrastructures Aéroportuaires, cite Mme Bourouis, il serait question de  »la dotation du personnel aéroportuaire de masques, de gants et de gels alcoolisés en nombre suffisant ».

Pourtant, toutes les recommandations et règles édictées par l’OACI aux autorités algérienne, pour la sécurité des infrastructures de l’Etat, pour la sûreté des passagers algériens et étrangers et toutes les compagnies aériennes opérant sur notre pays, ont été ignorées et même piétinées par les représentants de l’Algérie que sont les responsables de la sécurité, l’inspecteur en charge de la sûreté au sein de l’Entreprise Nationale de la Navigation Aérienne (ENNA), des responsables de la DACM, du représentant de l’OACI en Algérie…

En effet, il y a quelques jours, un groupe de civils s’est introduit dans l’enceinte la plus sensible de l’aéroport International d’Alger, et a rejoint la  »zone piste » pour y effectuer un Iftar groupé, foulant au passage, en plus des exigences de l’OACI et du Programme National de Sûreté de l’Aviation Civile (PNSAC), les règles de distanciation et de préventions prévues par les autorités sanitaires du Pays et gouvernement algérien…

Avec quelles complicités ces personnes ont-elles pu se retrouver sur le tarmac de l’aéroport d’Alger près des nombreux aéronefs sur leur aire de stationnement ?

Quel message envoient les responsables de l’Aéroport d’Alger et ceux de la DGSN – PAF aux compagnies nationales ou étrangères telle : Lufthansa, Alitalia et autres Qatar Airways, sur le degré de sûreté de l’aéroport d’Alger, dès lors que des civils sans badges évident, ni autorisation préalable peuvent se retrouver avec une déconcertante facilité au bas de leurs aéronefs ? Consternant !

L’État devrait réagir immédiatement et identifier la série de carences de sécurité qui ont pu mener à cet intolérable laisser-aller qui pourrait coûter chère à la sécurité des passagers, des équipages, du personnel au sol et à ses propres infrastructures…

Une enquête doit être ouverte au plus vite par le Procureur de la République en exploitant les enregistrements vidéo des 400 caméras entourant l’enceinte de l’aéroport d’Alger pour déterminer qui a pu laisser rentrer ces individus en zone réglementée, en plus de lancer un véritable audit de sécurité par le Responsable régional de l’OACI en convoquant l’inspecteur local de sécurité de l’aviation civile.

Enfin, avons-nous réellement des compétences à la tête des différents services de contrôles délégués par le Gouvernement pour surveiller des structures aussi sensibles et stratégiques que sont les aéroports et ports algériens et maintenir la sûreté des exploitants nationaux et étrangers fournissant des services aériens à l’Etat algérien ?

Car ceux actuellement désignés font peser un énorme risque sur la certification de nos aéroports et sur notre propre sécurité…

Amir Youness

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