17.9 C
Alger
jeudi, mai 2, 2024

Exclusif. Comment « l’Homme aux yeux bleus » a nommé la majorité des ministres du gouvernement Djerad

Peu d’Algériens le savent, mais la majorité des ministres composant l’actuel gouvernement algérien présidé par Abdelaziz Djerad n’ont pas été nommés par Abdelmadjid Tebboune, le président désigné à la tête de l’Etat algérien depuis le 12 décembre 2019. La majorité des actuels ministres algériens ont été désignés et sélectionnés par le cabinet noir de l’ex-chef de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), la branche la plus puissante des services secrets algériens, le fameux général Wassini Bouazza. 

Oui, Wassini Bouazza est tombé en disgrâce depuis le 19 avril dernier, mais son oeuvre lui survit encore et plusieurs ministres qu’il avait parrainé sont encore au pouvoir. Comment est-ce possible ? En vérité, la composition du premier gouvernement algérien mis en place le 4 janvier 2020 au lendemain de l’intronisation d’Abdelmadjid Tebboune  à la tête de l’Etat algérien est l’oeuvre d’un officier supérieur de la DGSI qui est resté toute sa vie dans l’ombre. Il s’agit du lieutenant-colonel Skander ou celui que les agents du renseignement algérien appellent affectueusement « l’Homme aux Yeux Bleus ». Le lieutenant-colonel Skander avait vraiment les yeux bleus et ce trait distinctif l’a rendu célèbre au sein de la DGSI où il avait fait toute sa carrière. Lors de l’arrivée à la tête de la DGSI du général Wassini Bouazza en avril 2019, nommé à ce poste par le défunt Ahmed Gaid Salah, l’ex- puissant patron de l’Institution militaire algérienne, le lieutenant-colonel Skander fera une ascension fulgurante.

Et pour cause, Wassini Bouazza fera de lui son principal « conseiller » et « collaborateur ». Le général Bouazza appréciait beaucoup la vigueur et le sens tactique de Skander, mais surtout son impressionnant carnet d’adresses au sein de la classe politique et intellectuelle algérienne. Le lieutenant-colonel avait tissé des liens avec plusieurs personnalités et dirigeants politiques grâce notamment à des soirées mondaines et des beuveries organisées dans les chalets discrets de Club-des-Pins.

Beau parleur, charmeur et sympathique, le lieutenant-colonel Skander, l’officier de la DGSI, savait séduire ses interlocuteurs pour devenir l’un de leurs amis les plus proches. Wassini Bouazza va s’appuyer ainsi sur cet officier talentueux pour lui demander de confectionner une liste des personnalités potentiellement « ministérables » afin de préparer l’après Nourredine Bedoui qui dirigeait le gouvernement hérité de l’ère Said Bouteflika durant toute l’année 2019 jusqu’à l’organisation des élections présidentielles du 12 décembre 2019.

L’agent Skander s’attèle à cette mission et pioche dans ses contacts les candidats qu’il doit présenter au général Wassini Bouazza. Et la pêche fut bonne. Autour de plusieurs verres de vin savoureux, Skander a convaincu Ferhat Ait Ali de lâcher l’opposition et de rejoindre le camps du pouvoir pour occuper le porte-feuille du ministère de l’Industrie. Ensuite, l’Homme aux Yeux Bleus va recruter Sid Ali Khaldi, l’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, qu’il côtoyait lors de plusieurs soirées mondaines à Club-des-Pins. Le lieutenant-colonel Skander va enrôler le jeune Yacine Oualid pour faire de lui le plus jeune ministre de l’histoire du gouvernement algérien. Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, est aussi l’une de ses trouvailles.

L’Homme aux yeux bleus va encore récupérer Mustapha Amine, ancien directeur de communication de Rachid Nekkaz, pour le placer au sein de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), aux côtes de son président Mohamed Charfi. Bref, toutes les personnes parrainées par le lieutenant-colonel Skander ont été promues à des postes ministériels ou stratégiques au sein du nouveau régime dessiné par le clan Gaid Salah.

Cependant, le cerveau du général Bouazza n’avait pas anticipé l’élection de Tebboune car c’est lui qui avait persuadé l’ex-patron de la DGSI de miser sur le jeune candidat du RND, le poète et ex-ministre de la Culture Azzedine Mihoubi. Le lieutenant-colonel Skander avait fait du lobbying pour Mihoubi le présentant à Wassini Bouazza comme le futur président le plus prometteur et le plus malléable pour les services secrets algériens. Le général Bouazza est séduit et échafaude tout un plan pour permettre la victoire de Mihoubi.

Ce plan va échouer magistralement parce que le chef de l’ANP, le puissant et défunt Ahmed Gaid Salah avait décidé de privilégier Abdelmadjid Tebboune avec lequel il avait tissé une alliance depuis l’été 2017 pour conquérir le pouvoir contre le clan de Said Bouteflika.

Azzedine Mihoubi est éjecté. Gaid Salah est décédé le 23 décembre 2019. Tebboune se méfie des ses premiers jours au Palais Présidentiel d’El-Mouradia de Wassini Bouazza et de son réseau d’influence. Il fait alliance avec le successeur de Gaid Salah, Said Chengriha, pour le neutraliser et démanteler son lobby. Le 19 avril 2020, Wassini Bouazza est tombé et placé en détention à la prison militaire de Blida. Avant lui, plusieurs de ses plus proches collaborateurs sont arrêtés et emprisonnés comme le colonel Yacine, l’ex-patron du centre opérationnel de la caserne Antar à Ben Aknoun ou le lieutenant-colonel Skander, l’homme aux yeux bleus, son « conseiller politique ». Wassini Bouazza arrêté et son réseau  est démantelé.

Mais les ministres parrainés par Wassini Bouazza et le lieutenant-colonel Skander sont toujours au pouvoir. Pourquoi ? Parce qu’au mois de janvier 2020, Tebboune n’avait ni la force ni la capacité nécessaire de s’opposer à la DGSI et d’imposer sa propre équipe dirigeante.

Et après la chute de Bouazza, Tebboune devait domestiquer la DGSI et s’assurer de la fidélité de ses agents en nommant un nouveau chef à sa la tête de sa direction le général Abdelghani Rachedi. Ensuite, la crise sanitaire du COVID-19 éclate, la crise financière et économique s’aggrave et Tebboune n’avait toujours pas résolu la délicate question de  sa « légitimité ». Le Président algérien se consacre à son projet de Nouvelle Constitution et au ménage qu’il fallait faire au sein de l’Armée pour asseoir son pouvoir. Il laisse les ministres du clan Bouazza au pouvoir en attendant de se libérer pour plancher sur la composition d’un nouveau gouvernement dont les membres seront issus entièrement de son entourage. Le 15 octobre, Tebboune est contaminé et infecté par la COVID-19. Hospitalisé à l’étranger, le projet d’un nouveau gouvernement tombe à l’eau et l’Algérie restera dirigée par un gouvernement issu essentiellement des manoeuvres secrètes de l’Homme aux Yeux Bleus…

 

 

dernières nouvelles
Actualités

9 تعليقات

  1. monsieur abdou semmar vous avez assurément des qualités de maitre espion digne des plus grandes agences de renseignement mondial , l’Algérie àets perdue un James Bond 007 en puissance , avec un homme comme vous l’Algérie aurait pus percée tous les secrets militaires et industriels de nos ennemis , l’entité sionniste , le Maroc etc…. l’ont échappés belle , quel gâchis car avec tout vos investigations l’Algérie serait devenus une des première puissance mondiale , chapeau bas Monsieur abdou semmar

  2. Vous présentez Tebboune comme si c’est un numéro ou une pièce incontournable dans l’échiquier, soyez lucide , il ne pèse rien et ne peut rien faire , le seule qui a pu renverser l’équation c’était bouteflika mais ça a coûté 1500 M $ pour le compte d’une oligarchie qui n’a pas pu préserver le pouvoir.
    maintenant on est revenue aux années maigres , plus précisément 1993 , il nous reste soit descendre à 1989 ou sombrer dans les années de braises, ce qui est sûre, c’est quand les pseudos politiques et les pseudos civils et les pseudos chefs militaires et les pseudos gens ((d’intelligence)) échouent , et quand les réserves s’évaporent on va retourner à la pseudo-democracie puis le soldat confrontera le pauvre , pour remettre les conteurs à zéro , à chaque quart de siècle il faut remettre les compteurs à zéro .
    Sauf quand le peuple arrivera à briser cette matrice en instaurant des règles de jeux équitables entre tous ses composants.

  3. à kimo , devine ou va mon index soit disant bleu , pour vous un énergumène qui se lève tout les matins pour salir l’Algérie encore plus intensément que les journaux Marocains n’est pas critiquable , car son but n’est pas de critiquer certaines personnes qui ont volées ,trahis , corrompues
    l’Algérie , il salit toute l’Algérie par rancune et non par soucis d’informer ,et soit dit en passant je n’ai pas voté aux dernières élections ,car je pensent que tebboune n’a pas suffisamment fait ses preuves et que en France les consulats n’ont pas fait leurs travail d’explications pour ce projet de changement de constitution , je ne peux pas voter pour une chose dont je ne connais ni les tenants et aboutissants , CQFD