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jeudi, mai 2, 2024

Enquête. Les Algériens dénoncent la xénophobie en Europe, mais la pratique ouvertement chez eux…

Les Algériennes et Algériens se plaignent régulièrement du racisme et discrimination dont ils sont victimes dans les pays étrangers notamment occidentaux comme la France, mais dans leur pays, ils ne sont pas du tout particulièrement accueillants avec les migrants étrangers. Preuve en est, l’Algérie peine à accepter qu’elle devient aussi un pays d’immigration qui accueille de plus en plus de migrants étrangers notamment des migrants sub-sahariens. 

Cependant, ces migrants ne sont guère traités par les autorités algériennes comme les Algériens le sont par les autorités européennes ou françaises. Si en Europe ou en France, les Algériens peuvent avoir des titres de séjours, des résidences, accéder à la naturalisation, travailler et bénéficier du régime de la sécurité sociale, construire une vie et s’épanouir dans ces pays étrangers, en Algérie, les migrants sub-sahariens ne peuvent jouir d’aucun de ces « privilèges ».

Et pourtant, les Algériens qui affirment souffrir du racisme et de la discrimination en France ou en Europe exercent eux-mêmes une incroyable ségrégation à l’encontre des migrants sub-sahariens. Il faut savoir qu’n 2020, l’Algérie vient d’être classée parmi les 11 pays les plus hostiles aux migrants étrangers. En effet, l’Algérie arrive au 156e rang mondial sur 167 pays étudiés à travers le monde concernant la tolérance vis-à-vis des migrants étrangers ou des immigrés étrangers.

Ce classement a été dressé par le rapport très approfondi publié par le think tank britannique The Legatum Institute. En effet, le célèbre think tank britannique le Legatum Institute, un think-tank indépendant basé à Londres et financé par le fonds international d’investissement Legatum, a planché sur la tolérance sociale à travers 167 pays de la planète. La tolérance sociale est la capacité de respect d’une personne ou d’un groupe devant ce qui diffère de ses valeurs morales ou des normes établies par la société. Cette importante catégorie sociologique a été intégrée par le think tank britannique à son gros rapport annuel intitulé le “Prosperity index report”. Ce gros classement global permet de comparer les performances relatives de chaque pays en termes de prospérité globale, qui se base sur 12 piliers tels que la santé, l’éducation et le capital social, ainsi que les 66 éléments au sein des piliers. Mais les migrants étrangers notamment sub-sahariens sont-ils réellement aussi détestés et rejetés en Algérie ? Enquête.

L’Algérie, un nouveau pays d’immigration 

Durant les 7 dernières années, l’Algérie est non seulement devenu un pays de transit pour les migrants mais un pays d’immigration à long terme. Elle est aujourd’hui confrontée à une pression migratoire forte et croissante en provenance du Sahel avec « 500 franchissements de ses frontières chaque jour » à la frontière algéro-nigérienne, et plus de 100 000 « Sub-sahariens » en situation irrégulière sur son territoire, selon les chiffres officiels communiqués par les autorités algériennes. D’autres sources issues des associations de la Société Civile et des observateurs des flux migratoires en Algérie estiment que le nombre des migrants sub-sahariens avoisine facilement les 200 mille ressortissants à travers l’ensemble du territoire national.

Il n’existe pas de statistiques publiques sur le nombre des ressortissants étrangers en Algérie ni leur origine. D’après les données de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les quatre nationalités les plus représentées parmi les migrants issus d’Afrique de l’ouest au départ du Niger sont les Nigérians (23%), les Nigériens (18%), les Gambiens (16%) et les Sénégalais (14%). On observe également parmi les migrants présents en Algérie un nombre important de ressortissants de Côte d’Ivoire et de Guinée.

La quasi-totalité des migrants rejoignent l’Algérie de manière clandestine par la voie terrestre. Une majorité d’entre eux ont, initialement, le désir de poursuivre leur route jusqu’en Europe. Certains s’installent toutefois en Algérie, de manière temporaire ou définitive, par choix ou absence d’alternatives.

L’Algérie offre deux couloirs majeurs de migrations subsahariennes, permettant de rejoindre la Méditerranée par les côtes algériennes ou libyennes : l’axe Gao (Mali) – Tamanrasset (Algérie) – Ghât (Libye) et l’axe Agadez (Niger) – In Guezzam (Algérie) – Tamanrasset (Algérie). Une traite d’êtres humains très importante existe
entre la frontière algérienne et le Niger.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a évoqué récemment une concentration de 14 000 trafiquants d’êtres humains (passeurs), équipés de plus 7 000 pickups utilisés pour traverser la frontière algéro-nigérienne. L’axe algérien est toutefois le moins emprunté avec 11% du transit, l’axe passant par Ségéduine (Niger) vers la Libye en concentrant 89%. Depuis 2017, la voie algérienne transitant par Tamanrasset a toutefois pris de l’ampleur en raison d’une sécurisation accrue de la frontière nigéro-libyenne.

Le sujet de l’immigration légale est un sujet tabou en Algérie. Et pour cause, les autorités algériennes ne communiquent que rarement sur leur politique en matière de visas. Des facilités existent toutefois pour un certain nombre de pays. Ainsi, les ressortissants de tous les pays frontaliers (Libye, Mali, Maroc, Tunisie, Mauritanie), à l’exception notable de ceux du Niger, sont exemptés de visas pour entrer sur le territoire algérien. C’est également le cas pour les ressortissants de Syrie, du Yémen, de la Malaisie et des Seychelles.

Mais entrer librement en Algérie ne signifie pas avoir la possibilité de s’y installer durablement. C’est, d’ailleurs, l’un des pays qui refoule et expulse le plus grand nombre de migrants étrangers au monde.  L’Algérie a signé en 2014 un accord de réadmission avec le Niger. Depuis cette date, elle a organisé par an 86 opérations de regroupement et de reconduction à la frontière nigérienne de population migrantes. En décembre 2016, une première opération d’arrestation collective, de regroupement puis d’expulsion de 1400 ressortissants sub-sahariens a eu lieu à la suite de rixes entre populations locale et migrantes.

De violentes opérations de refoulement 

Cette opération n’a pas été accompagnée d’un processus d’identification en amont du refoulement des personnes arrêtées, qui comprenaient des réfugiés et demandeurs d’asile, et de nombreux ressortissants non-nigériens. Depuis août 2017, des opérations similaires, concernant chacune des groupes de 400 à 700 personnes, sont menées de manière hebdomadaire ou bimensuelle par les autorités algériennes. Les témoignages font état d’arrestations au faciès et souvent violentes. Les migrants sont conduits par le biais de transferts routiers particulièrement éprouvants jusqu’à Tamarasset.

Ils sont ensuite acheminés jusqu’à In Guezzam, puis abandonnés en plein désert à proximité du point kilométrique zéro, devant effectuer une marche entre 10 et 27 km pour atteindre la frontière nigérienne et l’avant-poste avancé de l’OIM situé à Assamakka. Si d’après les autorités algériennes, seuls les ressortissants nigériens sont renvoyés au Niger, l’OIM, les autorités nigériennes et les migrants eux-mêmes affirment que beaucoup de ressortissants d’autres nationalités suivent également cette épreuve.

En parallèle à ces opérations de retour organisées, l’armée nationale populaire algérienne procède régulièrement à l’arrestation de migrants venant de franchir la frontière nigérienne à l’aide de passeurs ou de trafiquants. L’armée procède alors à des opérations de refoulement, qui consistent à abandonner les migrants à pied dans le désert en leur indiquant la direction du Niger.

Dans ce contexte, alors que le HCR et l’OIM pointent l’absence d’identification individuelle en amont des procédures de refoulement, on recense depuis le début de l’année 2018 118 cas de personnes disposant de la carte de réfugiés délivrée par le HCR refoulées jusqu’au Niger, souvent de nationalités tierces.

Le 22 mai 2018, la porte-parole du Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, Mme Ravina Shamdasani, a demandé au gouvernement algérien de «cesser les expulsions collectives de migrants particulièrement en provenance de pays d’Afrique subsaharienne», faisant état du fait que «la plupart des personnes [interrogées] ont déclaré qu’elles n’étaient pas soumises à des évaluations individualisées, qu’elles n’avaient pas été informées des raisons de leur détention et qu’elles n’avaient pas non plus été autorisées à ramasser leurs effets personnels, passeports ou argent avant d’être expulsées».

L’Algérie a pour sa part dénoncé une «campagne malveillante». La loi n ° 08-11 du 25 juin 2008 relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers en
Algérie donne aux autorités la prérogative d’expulser les étrangers entrés illégalement sur le territoire algérien ou dont les visas ont expiré, mais les contraint à notifier la personne concernée, qui bénéficie d’un délai allant de 48 heures à 15 jours pour quitter le territoire.

La personne a jusqu’à cinq jours pour contester la décision devant un juge des référés au tribunal administratif, laquelle juridiction dispose d’un délai pour 20 jours pour statuer sur la légalité de l’expulsion, qui est suspendue en attendant la décision. De nombreux observateurs ont constaté que les autorités algériennes n’avaient pas respecté cette procédure dans la majorité des opérations de retour vers le Niger.

Une coopération transfrontalière entre In Guezzam en Algérie et Assamakka au Niger, quasi-inexistante à ce jour, serait indispensable pour définir les modalités de transfert et améliorer les conditions de départ et d’accueil des migrants. Bien que n’ayant pas d’accord de réadmission avec ce pays, l’Algérie procèderait également à des opérations d’expulsion de migrants vers le Mali. Aucune communication officielle n’est faite à ce sujet. Ces opérations, décrites par Human Rights Watch et confirmées par le bureau de l’OIM à Gao, se dérouleraient dans des conditions similaires à celles vers le Niger. Les services diplomatiques et consulaires des pays de destination ne sont pas toujours informés de ces opérations d’expulsion et rarement associés à leur déroulement.

Les pratiques scandaleuses de l’Etat algérien 

Il est à souligner que  Human Rights Watch (HRW) a accusé récemment, le 9 octobre 2020, l’Etat algérien d’avoir expulsé sans aucune procédure légale et régulière “des milliers de personnes, dont des enfants”. Pis encore, l’ONG a indiqué que “les forces de sécurité ont séparé des enfants de leurs familles lors d’arrestations de masse, dépouillé les adultes de leurs biens, les empêchant de contester leur expulsion et refusant de vérifier leur éligibilité au statut de réfugiés”.

“Plusieurs dizaines de demandeurs d’asile enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) font partie des personnes arrêtées, dont plusieurs ont déjà été expulsées”, nous apprend encore l’ONG HRW qui a obtenu en 1997 le prix Nobel de la paix en tant que membre de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel.

L’Algérie a été accusée par l’ONG HRW d’avoir expulsé expulsé plus de 3 400 migrants d’au moins 20 nationalités différentes vers le Niger, dont 430 enfants et 240 femmes. HRW cite comme source des organisations humanitaires travaillant au Niger. “Cela porte le nombre de personnes expulsées sommairement vers le Niger cette année à plus de 16 000, dont un peu plus de la moitié sont des Nigériens”, a expliqué encore HRW laquelle n’a pas manqué de formuler une autre grave accusation à l’encontre de l’Algérie dont les autorités ont procédé à l’abandon en plein Sahara d’un nombre important de migrants infortunés exposant ainsi leur vie au péril d’une morte certaine faute d’eau potable et de moyens de subsistance. Une pratique horrible que l’on peut qualifier aisément de “criminelle” !

A la lumière de ces données, il convient de conclure que l’Algérie est en décalage avec les valeurs humanistes qu’elle prétend défendre lorsqu’elle dénonce le racisme et la xénophobie dont est victime sa diaspora en Occident. Sur son propre territoire, l’Algérie fait subir aux étrangers une brutalité qui n’a aucun équivalent dans tous les pays occidentaux.

 

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7 تعليقات

  1. L’Algerie est un etat raciste . L’apartheid ethnique , culturel/ linguistique et meme religieux sont des facettes de ce racisme.
    Les Algeriens sont racistes entre eux et envers les Africains.
    On a besoin d’une nouvelle Algerie mais les cervelles des gens sont deja programmees pour que cette nouvelle Algerie ne voit jamais le jour.

  2. Merci Mr Abdou Semmar de lever le plus gros lièvre de l’Algérie post indépendance.
    Nous sommes devenus les envahisseurs de notre propre pays, et tous les arabes venus de partout sont devenus les propriétaires de ce pays millénaire avec ses racines amazigh.
    Aujourd’hui on nous dénie même de dire que nous ne sommes pas arabes et nous ne voulons pas de votre arabisme importé à coup de milliards de chez vos frères du golf.
    Regardant autour de nous y’a t’il un ministre Algerien en Tunisie ou au Maroc ?
    Nous on a eu droit même à un Président, et cela chante et danse et cela montre les pectoraux. L’Algérie finira par vous revenir mais la Kabylie sûrement pas et notre destin est tracé. Vous pouvez raconter ce que vous voulez mais la Kabylie sera indépendante un jour ou l’autre, et ce n’est pas la faute des Kabyles mais celle de votre incurie et votre capacité à vous vendre corps et âme au premier chamelier venu. Je n’invente rien c’est malheureusement la vérité, les Emirats viennent d’obtenir de très gros contrat avec sonatrach.
    Pour ma part je préfère être colonisé par des européens, des américains mais jamais par vos frères arabes.

  3. Au polo grillé,
    Sûrement nous n’avons aucune fierté, a insulter un pays qui n’est plus le nôtre.
    C’est devenu le votre depuis votre Boukharoumerde.
    Mais sachez que vous l’avez vôtre pays, mais la Kabylie vous ne l’aurez jamais .
    Continuer à glorifier votre pays, pardon il ne vous appartient plus car il fait partie des imarates, mais à jamais la Kabylie. Nous sommes des centaines de milliers à tout abandonner demain de par le monde pour rentrer et vous montrer de quoi si Mohand ou Mhand se chauffe.

  4. « Ainsi, les ressortissants de tous les pays frontaliers (Libye, Mali, Maroc, Tunisie, Mauritanie), à l’exception notable de ceux du Niger, sont exemptés de visas pour entrer sur le territoire algérien. C’est également le cas pour les ressortissants de Syrie, du Yémen, de la Malaisie et des Seychelles »
    Cette liste est trop drôle et révèle à elle seule la nullité de la « diplomatie » algérienne dont on nous rebat les oreilles?

    Quelle est la cohérence de cette liste? Voyage-ton sans visa dans les pays de la ligue arabe, de l’OUA ou chez « les pays frères »? 3 pays en guerre en voie d’implosion: Syrie, Libye, Yemen! Croyez vous vraiment qu’un citoyen des Seychelles ait l’envie en 2021 de venir chez nous même sans visa, même tous frais payés et même sans corona?
    La nomenklatura FLN/ANP voyage avec des passeports diplomatiques et n’est donc pas concernée par les problèmes de visa. Au lieu de signer des accords d’exemption de visa avec le maximum de pays sur la base de la réciprocité, ils ont verrouillé notre pays comme la Corée du Nord. 80% du trafic international d’Air Algérie a pour destination la France. Ils ont été incapables de s’ouvrir au monde avec leur nationalisme étroit. Résultat un chauvinisme et une xénophobie galopante. Lisez les commentaires, la plupart de nos compatriotes se croient supérieurs à leurs voisins, et au reste du monde. Regardez l’indice Henley 2021, notre passeport est un des plus mal classés chaque année, la Tunisie et le Maroc dont tout le monde se moque sont devant nous

  5. ….Loco …tu peux rêver ! petit chenapan !… ton discours vient de la panique qui s’est emparée de ceux qui ont un jour cru qu’ils pourront jouer le même rôle en Algérie que celui que joue Israel en Palestine !…. Tu penses qu’on vous permettra de nous chiper notre kabylie ?…hé hé! tu pourras attendre que les sel fleurira pour que cela se realise!….Pour detacher la kabylie de la mère patrie il faudrait que vous passez sur nos corps !….Mais demandez d’abord l’avis des millions de kabyles avant de parler et de lancer des cocorico de coqs péteurs! …Ne t en fais pas le jour est proche ou les patriotes kabyles musulmans se réveilleront et balayeront le pays des franco-berberistes-kabyistes-sionistes!…..ce discours est repris par les agents de la france de bernard émié qu’il a recruté au maroc et parmi certains aigris pieds noirs et certains traîtres algériens qui ont vendu leurs âmes au diable!….l’Algérie est une et elle restera Une jusqu’à la fin du monde !.par contre le maroc sera amputée de toutes ses provinces sahariennes et berberophones dans un très proche avenir!…