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dimanche, mai 5, 2024

Eclairage. Le système des retraites en Algérie sur le voie de l’effondrement faute de solutions durables

C’était la seule option qui se proposait aux autorités algériennes pour soulager un système des retraites totalement déficitaire et menacé par l’effondrement. Un dispositif a été mis en place pour permettre aux salariés algériens de poursuivre leur activité au-delà de l’âge légal de départ à la retraite (60 ans), dans la limite de cinq ans. Cela signifie que l’âge de la retraite a été porté à 65 ans en en vertu d’un décret exécutif publié au dernier Journal officiel.

Que dit exactement ce dernier  décret ?  « Le (la) travailleur(se) peut opter, à sa demande, pour la poursuite de son activité au-delà de l’âge légal de la retraite dans la limite de cinq (5) ans », stipule-t-il en fixant les modalités de poursuite de l’activité après l’âge légal de la retraité.

Signé par le premier-ministre, Abdelaziz Djerad, ce décret stipule également que l’employé ayant opté pour la poursuite de son activité après l’âge légal de la retraite doit formuler une demande écrite, datée et signée par ses soins, déposée auprès de l’organisme employeur, au moins trois mois avant l’âge légal de départ à la retraite. En contrepartie, l’organisme employeur lui délivrera un récépissé de dépôt.

« Le travailleur peut transmettre sa demande de poursuite de l’activité à l’organisme employeur, le cas échéant, par tous les moyens, y compris par lettre recommandée avec accusé de réception », détaille le même décret, notant que la personne doit avoir un travail lors du dépôt de la demande de poursuite de son activité après l’âge de la retraite. 

Ce décret a été adopté dans un contexte bouillonnante caractérisé par une quasi-faillite du système des retraites en Algérie. Le système actuel ne pourra pas verser les pensions auxe 3,2 millions de retraités si l’Etat algérien ne vient pas chaque année au secours de  la Caisse nationale des retraites (CNR). Celle-ci souffre d’un déficit qui s’aggrave d’une année à une autre. En 2019, ce déficit a atteint 601,11 milliards de dinars, soit l’équivalent de 6 milliards de dollars ! Il atteindra 1.093,4 milliards de dinars à l’horizon 2030, à savoir l’équivalent de 10 milliards de dollars si des réformes structurelles ne sont apportées au système des retraites, ont prévenu de nombreux experts.

Mais pourquoi le système algérien des retraites est aussi déficitaire ?

Nourreddine Bouderba, expert des questions sociales et ancien administrateur de la CNR, avait fourni en octobre 2019 une première explication. La masse salariale nationale était en 2018 de 5.300 milliards de dinars et si toute cette masse salariale était soumise à la cotisation sociale dont le taux est de 34,5%, les recettes potentielles de tous les systèmes seraient de 1.825 milliards de dinars.

Si on enlève, a-t-il expliqué, les 225 milliards de dinars affectés à la caisse des militaires et à la caisse des cadres supérieurs de l’Etat, il devrait rester à la CNR et à la CNAS 1.600 milliards de dinars par année, sachant que les recettes réelles s’élèvent à 1.000 milliards de dinars. Il reste donc, selon l’expert, 600 milliards de dinars « dans la nature », ajoutant que si on arrive à les mobiliser, on peut arriver à un équilibre. Est-ce réellement la seule explication à la situation catastrophique du système des retraites en Algérie ? Pas vraiment car en Algérie, il y a véritable déséquilibre entre les cotisants et le nombre des départs à la retraite.

L’Algérie est confrontée à une véritable évolution rapide du nombre de retraités ces dernières années. Ils étaient seulement un peu plus de 1, 2 millions en 2000. Leur effectif s’accroît actuellement au rythme de près de 200 mille nouveaux retraités chaque année (soit environ 7 % par an).

Face à des prestations en croissance rapide, le nombre de cotisants, estimé actuellement à 10,6 millions de travailleurs actifs, n’augmente pas au même rythme. En cause, essentiellement, le poids croissant de l’informel qui concerne, suivant les sources, plus de quatre millions de travailleurs non déclarés.

Les bases du système national de retraite sont donc très fragiles en Algérie. Malheureusement les autorités algériennes ont échoué à absorber l’informel en l’intégrant au système bancaire et circuit commercial formel. Toutes les stratégies de ces dernières années ont échoué magistralement et l’informel a continué à prospérer renforçant ainsi l’existence d’une économie parallèle hors du contrôle de l’Etat algérien.

Dans ce contexte, une solution a été expérimentée par le régime algérien : « l’adaptations progressives sur l’âge de départ à la retraite  et sur les durées  de cotisations ». Augmenter l’âge de la retraite pour obtenir des cotisations supplémentaires et diminuer le contingent des personnes admises chaque année à la retraite. Or, cette  solution est artisanale et ne répond pas à la très sombre perspective des financements budgétaires à cause de la très mauvaise situation financière du pays.

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