8.9 C
Alger
vendredi, mai 3, 2024

Des wilayas entières avec un taux d’utilisation des tests PCR inférieur à 10 % : le grand raté de l’Algérie contre le coronavirus COVID-19

Au cours de la deuxième semaine du mois mars dernier, le directeur général de l’OMS lançait un appel à tous les pays du monde pour intensifier les tests de dépistage au COVID-19. « Testez chaque cas suspect, s’ils sont positifs, isolez-les et découvrez avec qui ils ont été en contact étroit jusqu’à deux jours avant l’apparition des symptômes, et testez également ces personnes. » Pour appuyer cette déclaration, l’OMS a expédié près d’un million et demi de tests dans 120 pays. Or, 4 mois plus tard, un pays comme l’Algérie n’a toujours pas mis en place une politique de dépistage de sa population digne de ce nom.   C’est du moins ce que démontre une étude qui a été réalisée sur la base d’un rapport scientifique officiel et très approfondi de l’Institut National de la Santé Publique (INSP). 

L’INSP est l’un des rares organismes publics en Algérie qui publie des données scientifiques très fiables sur la situation épidémiologique qui prévaut dans notre pays. Et pour cause, l’Institut National de la Santé Publique a pour objet de réaliser des travaux d’étude et de recherche en santé publique permettant de fournir au ministère de la santé les instruments scientifiques et techniques nécessaires au développement des programmes d’action sanitaire et de promotion de la santé publique et à leur coordination intra et intersectoriel.

Dans son bulletin sur la situation sanitaire du pays datant du 19 juillet dernier et entièrement consacré à la situation épidémiologique liée au COVID-19, l’INSP note un recul général et effrayant de l’utilisation des tests de dépistage PCR en Algérie pour identifier et détecter les cas positifs au COVID-19. Certaines wilayas à travers le pays connaissent un taux d’utilisation de ces tests de de dépistage PCR inférieur à 10 % ! Il s’agit de cinq wilayas enregistrant une proportion inférieure à 10 %, trois sont situées dans le Centre, nous apprend le rapport de l’INSP. Ce sont Chlef (3,1 %), Bordj Bou Arreridj (7,0), Médéa (7,2), Saïda (7,3) et Mascara (9,0). Il n’y a donc aucun kit de dépistage disponible dans ces régions du pays. Une situation totalement chaotique car sans tests PCR, il est impossible de repérer les cas contaminés qui vont, ainsi, circuler en toute liberté pour aggraver la propagation de la pandémie sur le territoire national.

Le rapport de l’INSP souligne qu’au 19 juillet, le diagnostic par PCR représente à peine 31,9 % des méthodes diagnostiques utilisées à l’échelle nationale. Au 19 juin, soit un mois auparavant, il était de 38,9 %, soit un recul de 18,0 %.  La proportion régionale des cas confirmés par PCR est de 52,8 % pour la région Sud, 42,3 % pour l’Est, 31,0 pour l’Ouest et de 23,8 % au Centre. Ces chiffres démontrent une nouvelle l’incapacité très intrigante de l’Etat algérien à développer une véritable politique de dépistage à travers le pays.

L’OMS et toutes les organisations scientifiques les plus sérieuses ont confirmé l’impact important et positif du dépistage massif sur la lutte contre le coronavirus COVID-19. Le dépistage massif a été recommandé à tous les pays au regard de l’écart de situation entre les pays qui l’ont pratiqué de façon précoce, comme la Corée du Sud et l’Allemagne qui, à l’heure actuelle, semblent avoir mieux réussi à contrôler l’épidémie.

Le dépistage doit s’appuyer sur les tests par RT-PCR, de réaction de polymérisation en chaîne. Il s’agit d’un écouvillon qui est introduit dans les cavités nasales profondes jusqu’au rhinopharynx. Dans les prélèvements, on utilise une enzyme, la reverse transcriptase (le RT dans RT-PCR), qui va transcrire et convertir l’ARN viral en ADN. Je vous rappelle que le SARS-CoV2 est un virus à ARN. L’ARN, c’est le support intermédiaire qui permet de convertir l’ADN en protéine. Cet ARN va donc être transformé en ADN puis amplifié largement de façon à pouvoir être détecté par des colorants fluorescents qui ont une affinité avec cet ADN. Si l’échantillon est fluorescent, c’est donc qu’il y a ADN viral, et donc que le test est positif.

Le dépistage massif est donc d’une utilité très précieuse.  Les scientifiques citent comme exemple le cas du village italien de Vo, en Vénétie, village de 3 300 habitants où résidait la première personne décédée du coronavirus, où le test a été rendu obligatoire dès le début du confinement. 88 personnes ont été testées positives et placées à l’isolement – dont de nombreux jeunes asymptomatiques.    Résultat : plus un seul cas de contagion durant la semaine qui a précédé la campagne de dépistage. Et quelques jours plus tard, il ne restait que 7 malades. L’Algérie devrait méditer cet exemple en extrême urgence.

 

dernières nouvelles
Actualités