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dimanche, mai 5, 2024

COVID-19 : les autorités algériennes comptabilisent-elles les cas contaminés et identifiés par les scanners thoraciques ?

Les chiffres officiels communiqués chaque journée par le ministère de la Santé en Algérie suscitent de véritables interrogations sur leur fiabilité et véracité. En effet, il s’avère que les autorités algériennes ne comptabilisent pas dans leur bilan quotidien les patients atteints ou infectés par la COVID-19 et identifiés par les tests des scanners thoraciques. 

En effet, les autorités algériennes annoncent en ce moment une décrue des cas contaminés en affirmant que leur nombre a baissé au-dessous de 400 cas par jour. Un chiffre en contradiction totale avec d’autres données épidémiologiques recueillies officiellement par  des instances publiques et étatiques comme l’Institut national de la Santé publique (l’INSP), un organisme rattaché au ministère de la Santé.

Dans son dernier bulletin épidémiologique datant du 16 août dernier, l’INSP note que le taux d’incidence des cas TDM+ (tomodensitométrie thoracique avec signes visibles évocateurs de Covid-19), à savoir les cas identifiés et repérés par les scanners thoraciques dans de nombreux hôpitaux publics, est à l’échelle nationale de l’ordre de 183,75 cas pour 100 000 habitants ! C’est un taux énormément élevé qui signifie que de nombreux cas positifs au COVID-19 sont identifiés quotidiennement par la méthode TDM+.

Le taux d’incidence des cas TDM+ calculé par l’INSP montre qu’en Algérie, il y a des wilayas où le nombre des personnes contaminées est énormément élevé. A titre d’exemple, les cinq wilayas avec les taux les plus élevés sont Médéa (877,27), Bordj Bou Arreridj (738,59), El Bayadh (538,30), Chlef (506,8) et Tiaret (426,93). Plus de 500 cas contaminés pour 100 mille habitants, c’est hallucinant car c’est tout simplement un niveau de contamination 10 fois supérieur au seuil d’alerte définit par les épidémiologistes à 50 cas contaminés pour 100 mille habitants !

Les données de l’INSP nous apprennent, par ailleurs, que trois de ces wilayas ont un taux d’utilisation de la PCR inférieur à 10 %. Ce sont Chlef (2,9 %), Bordj Bou Arreridj (6,8 %) et Médéa (8,1 %). Ces taux sont de 11,5 et de 16,4 % respectivement pour El Bayadh et Tiaret. Cela signifie clairement que ces wilayas n’ont pas de kits de dépistages PCR pour diagnostiquer les cas positifs au COVID-19 et se rabattent ainsi uniquement sur l’examen du scanner thoracique.

Dés lors, une question se pose avec acuité : comment le ministère de la Santé algérien annonce moins de 400 cas positifs par jour alors que le taux d’incidence des cas TDM+ dépasse les 500 cas contaminés pour 100 mille habitants dans plusieurs wilayas importantes du pays ? Il y a bel et bien un paradoxe infini entre la réalité épidémiologique et les chiffres officiels de l’Etat algérien. En réalité, il y a une explication : plusieurs sources concordantes ont confirmé à Algérie Part que le ministère algérien de la Santé ne comptabilise que les cas positifs dépistés par un test PCR. Il ne comptabilise pas dans son bilan quotidien les cas positifs confirmés par un examen du scanner thoracique. Et comme les kits de dépistage manquent cruellement et ce dans plusieurs wilayas du pays, les chiffres récoltés par les tests de dépistage PCR sont logiquement en baisse continue puisque les campagnes de dépistage avec des tests PCR ne sont pas régulières et demeurent ridiculement faibles comme le confirment les données de l’INSP dans leurs bulletins épidémiologiques.

C’est pour cette raison que les chiffres de l’Etat algérien ne sont pas du tout fiables et concrets. Rappelons enfin que le taux d’incidence est l’un des indicateurs de surveillance de l’évolution de l’épidémie. En font également partie le taux de positifs aux tests de diagnostic virologique (qui permettent de savoir si on est contaminé et détecter une éventuelle reprise de l’épidémie) et le taux de reproduction effectif (R) qui correspond au nombre moyen de personnes qu’un malade contamine.

Quand en moyenne une personne infectée en infecte moins d’une, l’épidémie régresse. Si elle en infecte deux autres (R = 2), l’épidémie se diffuse, si elle en infecte une (R = 1), l’épidémie se maintient.  Or, lorsqu’un pays a un taux d’incidence dépassant les 50 cas contaminés pour 100 mille habitants, cela signifie que chaque personne contaminée peut infectée plusieurs personnes de son entourage, deux à trois facilement. C’est pour cela que l’épidémie continue de se diffuser à travers le territoire national en Algérie.

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