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vendredi, mai 3, 2024

COVID-19. L’Algérie va utiliser des tests de dépistage beaucoup moins fiables que les PCR : Encore une autre erreur fatale face à l’épidémie

L’Algérie va commettre une nouvelle erreur fatale qui va mettre en péril ses efforts de lutte contre l’épidémie du COVID-19. Au lieu de renforcer leurs capacités en tests de dépistage PCR, la méthode de dépistage la plus fiable pour le moment dans le monde, les autorités algériennes ont décidé de recourir à de nouveaux tests rapides qui sont beaucoup moins fiables. Explications. 

L’Algérie réceptionnera  » dans les jours à venir » les tests antigènes permettant de dépister « directement » le Coronavirus. Cette annonce a été faite hier dimanche par le Directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), le Pr Fawzi Derrar. Ce dernier s’est targué de l’acquisition future de ces nouveaux tests rapides affirmant au passage le remplacement des tests PCR en pénurie depuis le début de l’épidémie en Algérie par ces nouveaux tests rapides.

« Ce qui va changer la donne par rapport à l’épidémie du Coronavirus, c’est l’apparition de tests antigènes rapides que l’Algérie réceptionnera dans les jours à venir. Ces tests détecteront directement le virus et ont une très bonne sensibilité », a déclaré le DG de l’IPA sur les ondes de la Chaine 3 de la Radio nationale. Tout en précisant la possibilité de recours à ces examens en « l’absence de tests PCR », il a assuré des efforts engagés par l’Algérie afin d’ »élargir et d’uniformiser » l’accès à ce type de dépistage, à travers l’ensemble du territoire national et ce, d’ici mars 2021.

Ces déclarations du premier responsable de l’IPA sont totalement inconscientes et irresponsables car elles s’appuient sur de fausses informations. Et pour cause, un test antigénique n’est pas du tout aussi fiable qu’un test PCR. L’efficacité de ces tests n’a jamais été prouvée par une quelconque étude scientifique sérieuse. Au contraire, toutes les récentes publications scientifiques ont insisté sur le rôle totalement mineur de ces tests antigéniques dans le diagnostic des cas de COVID-19.

En effet, « la technique des tests antigéniques est moins sensible par définition, car rechercher des protéines de surface est moins sensible que de rechercher du matériel génétique. Durant la PCR, on va au plus profond de ce qu’on peut faire en termes de recherche de charge virale », a expliqué ainsi récemment le directeur de la distribution au sein de la branche diagnostique du géant pharmaceutique Roche,  leaders du secteur et l’un des fabricants majeurs des tests antigéniques. Il faut savoir qu’effectivement, plusieurs pays européens ont commandé ces tests, mais en quantité modeste car ils ne peuvent en aucun cas remplacer les tests PCR.

Il faut savoir à ce sujet qu’en France et plusieurs autres pays européens, faire confirmer un test antigénique positif par un test de référence (un dépistage PCR) est une obligation légale. Cela signifie qu’un test antigénique n’est guère la référence scientifique pour qualifier un cas suspect de cas positif au COVID-19.

En France, les tests antigéniques ont reçu un avis favorable de la part de la Haute Autorité Santé (HAS), avis mis en ligne le 25 septembre 2020. Or, cette haute autorité explique bien que ces tests doivent être uniquement recommandés utilisation diagnostique, c’est-à-dire chez les patients symptomatiques. L’autorité française pose également des conditions dans la fiabilité des tests antigéniques. Car si cette méthode de dépistage est effectivement beaucoup plus rapide que les RT-PCR, « elle est toutefois beaucoup moins fiable », affirme-t-elle.

« Globalement, les tests antigéniques sont un peu moins sensibles, que les tests RT-PCR, qui demeurent les tests de référence pour établir un diagnostic. Pour autant, la HAS est favorable à leur utilisation car cette perte de sensibilité peut être compensée par leur impact sur les délais – le résultat étant rendu dans la journée du prélèvement – et donc sur la circulation du virus au sein de la population », souligne ainsi la HAS d’après laquelle « les tests antigéniques développés par les fabricants sont aujourd’hui très hétérogènes ».

Dans ce contexte, la HAS a posé ses recommandations : « Pour le diagnostic de personnes symptomatiques, la HAS considère que seuls ceux ayant des niveaux de performances élevés pourront être utilisés en alternative aux tests RT-PCR, qui restent la référence ».

Dans son avis, la HAS « fixe ainsi des seuils minimaux de performance : le test utilisé doit présenter une sensibilité clinique supérieure ou égale à 80 % (pour limiter le nombre de faux négatifs) – seuil retenu également par l’Organisation mondiale de la santé – et une spécificité clinique supérieure ou égale à 99% (pour s’assurer que les cas positifs sont bien des cas de COVID-19 et pas d’autres virus respiratoires saisonniers). Pour la HAS, ces performances cliniques doivent être établies par le fabricant sur la base d’une étude clinique comparant son test au test RT-PCR nasopharyngé, et portant sur une série d’individus de statut inconnu vis-à-vis du SARS-CoV-2 et avec un intervalle de confiance resserré ».

Il faut savoir également que les tests antigéniques ne sont d’aucune utilité pour les personnes « asymptomatiques »,  à savoir des porteurs sains qui ne développent aucun symptôme apparent du coronavirus COVID-19. En France, la HAS comme plusieurs organismes scientifiques européens l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) en Belgique ont fait savoir que les tests antigéniques ne peuvent être utilisés en dépistage que ce soit pour une personne sans symptôme qui souhaite être rassurée ou pouvoir voyager à l’étranger, ou pour des dépistages collectifs systématiques, dans les écoles, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ou entreprises.

En Belgique, un test antigénique négatif ne peut exclure un diagnostic de Covid-19 en raison du manque de fiabilité de ce nouveau test. Les autorités sanitaires belges recommandent d’utiliser les tests antigéniques pour identifier les personnes les es plus infectieuses, les plus contagieuses.

Soulignons enfin qu’en cas de test antigénique, comme pour le PCR, le prélèvement se fait à l’aide d’un écouvillon — le grand coton-tige très fin — au fond de la cavité nasale. C’est la suite du processus qui change, puisque le dépistage aux antigènes est immunochromatographique. Les plusieurs heures nécessaires au résultat d’un test PCR sont remplacées par un résultat obtenu en 15 à 30 minutes.  C’est pour cette raison que le Dr Jérôme Grosjean, biologiste hospitalier au Centre Hospitalier Métropole Savoie à Chambéry,  affirmé récemment à propos de ces nouveaux tests que « c’est une partie de la solution mais ça ne remplacera pas la PCR ». Or, en Algérie, pour masquer l’échec retentissant de la politique de dépistage du COVID-19, les autorités veulent commander massivement ces nouveaux tests rapides afin de donner l’illusion qu’elles sont bel et bien capables de cerner les problématiques soulevées par cette pandémie.

 

 

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4 تعليقات

  1. Lors de l’émission « l’invité de la rédaction » de la Chaine 3, le Directeur général de l’INPS n’a pas déclaré que les tests antigéniques de diagnostic rapide seront commandés « massivement », ni qu’ils remplaceront intégralement les tests PCR. Suivant les Recommandations de l’OMS, ces tests antigéniques seront uniquement utilisés en complément de la PCR et sous certaines conditions.

    Tel que rédigé, votre article est inexact et peut induire les lecteurs en erreur.

    Je vous invite à apporter les rectifications qui s’imposent, si vous tenez à vous conformer à la déontologie journalistique dont vous vous prévalez si souvent.

    • Correction : Directeur général de l’Institut Pasteur (IPA) d’Algérie.

      Ajoutons que les tests antigéniques ont pour objectif de complémenter la PCR, afin de casser la chaîne de transmission du virus, notamment dans des lieux de flux massifs et réguliers comme les aéroports, grâce au résultat rapide donné par les tests antigènes. D’autre part, ces tests coûtent nettement mois cher que les PCR, une donnée à négliger en ces temps de difficultés économiques et financières pour l’Algérie.

      Cordialement.

  2. Les tests antigénique sont fiable à 50_80% comme l’attestent les fabricants, et leur utilisation a été recommandée en Europe pour le dépistage rapide dans les aéroports ce qui permet d’ouvrir les frontières avec le risque minimum.
    Je ne comprends donc pas votre rejet d’un revers de la main de cette innovation qui n’aura que du bien dans la lutte contre la pandémie.

  3. La stratégie adoptée par l’Algérie en matière de lutte contre la pandémie a été efficaces compte tenu des résultats enregistrés par rapport aux pays voisins et le pourtour méditerranéen, ce pseudo journaliste ne fait que critiquer et induire les lecteurs en erreur pour des raisons qui sont connues de tous. Cet article en est la preuve vu son caractère mensonger.