Les services de sécurité viennent d’ouvrir le dossier très explosif d’Air Algérie. Les enquêtes ont été diligentées par une brigade des services secrets algériens et un autre volet des enquêtes a été confié à la brigade de recherches de Bab Jedid de la gendarmerie nationale. Les investigations porteront essentiellement sur des dossiers de surfacturation de l’affrètement des avions appartenant à des compagnies étrangères par Air Algérie lors des saisons estivales pour répondre à la très forte demande des voyageurs.
Selon nos investigations, les services de sécurité ont commencé à plancher sur les dépenses consenties par Air Algérie entre 2014 et 2017 sur l’affrètement des avions étrangers au cours des saisons estivales. Air Algérie a dépensé plus de 80 millions d’euros pour financer ces affrètements dont les modalités de gestion et l’attribution de ces marchés soulèvent de nombreux soupçons de corruption et de surfacturation. Les dépenses pour l’affrètement des avions en 2011, 2012 et 2013 attirent également l’attention des enquêteurs et des budgets colossaux ont été passés au peigne fin pour repérer toutes les traces d’opérations financières suspectes.
Selon les premiers éléments de l’enquête en cours, les avions affrètes ont été exploités uniquement à hauteur de 52 % de leurs capacités durant les périodes pendant lesquelles elles ont été placées à la disposition d’Air Algérie. Et pourtant, les prestations rémunérées par Air Algérie indiquent que les avions affrétés ont été exploités commercialement à 100 %. Ce qui est un mensonge contredit par les données techniques récupérées par les enquêteurs en charge de ce dossier. Ces pratiques auraient couté un préjudice évalué à 1300 milliards de centimes aux caisses d’Air Algérie, une campagne déficitaire qui survit à peine grâce aux attributions budgétaires du Trésor Public.
Pour élucider les circonstances dans lesquelles ce scandale de dilapidation des deniers publics s’est produit, Saïd Taouinine, mécanicien en maintenance, actuel secrétaire général du syndicat des travailleurs d’Air Algérie et président du comité de participation d’Air Algérie, a été convoqué la semaine passée au niveau de la brigade de recherches de Bab Jedid de la gendarmerie nationale.
Ce haut responsable d’Air Algérie a été auditionné pendant plusieurs heures sur de nombreux dossiers de mauvaise gestion notamment celui de l’affrètement des avions étrangers par Air Algérie. Said Taouinine est considéré comme l’un des poids lourds de la compagnie Air Algérie et son nom est évoqué dans plusieurs pratiques de népotisme et de favoritisme au sein de la compagnie battant pavillon national. Selon nos sources, d’autres cadres dirigeants d’Air Algérie et hauts responsables du ministère des Transports seront convoqués par la brigade de recherches de Bab Jedid.
