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vendredi, mai 3, 2024

Confidentiel. Mark Esper ne voulait pas parler uniquement à Tebboune

Lors de sa visite à Alger le 1er octobre dernier, Mark Esper, le secrétaire d’Etat américain à la Défense a posé de nombreuses questions aux dirigeants algériens sur le futur projet des interventions de l’armée algérienne en dehors de ses frontières, a appris Algérie Part auprès de plusieurs sources diplomatiques concordantes. 

Avant même de se rendre à Alger, Mark Esper avait exigé de rencontrer les hauts responsables de l’armée algérienne et ne voulait pas se contenter de s’entretenir uniquement avec Abdelmadjid Tebboune comme le souhaitait les autorités algériennes dans leur programme initial. Un programme qui a été chamboulé et modifié hâtivement par les autorités algériennes à la demande express des autorités américaines qui ont beaucoup « insisté » sur l’importance d’une rencontre de haut niveau entre Mark Esper, le chef du Pentagone, avec le Chef d’Etat-Major de l’armée algérienne et ses collaborateurs.

La requête officielle des autorités américaines a été finalement acceptée par les autorités algériennes. Et à son arrivée à Alger, Mark Esper s’est rendu au Mémorial des martyrs morts pour l’indépendance de l’Algérie, où il a déposé une gerbe. Il a été reçu, ensuite, par le président  Abdelmadjid Tebboune, qui occupe aussi les fonctions de ministre de la Défense et de chef des armées. Discussions et déjeuner étaient au programme, en présence également d’autres officiels, dont le chef d’état-major, le général Saïd Chanegriha.

Lors de cette entrevue, Saïd Chengriha a été accompagné par le Secrétaire Général du Ministère de la Défense Nationale, le général-major Abdelhamid Ghriss, le Directeur général de la documentation et du renseignement extérieur, le général-major Youcef Bouzit et d’autres membres de son staff. Profitant de cette occasion, Mark Esper n’a pas hésité à relancer ses interlocuteurs algériens sur le projet des futures interventions de l’armée algérienne en dehors des frontières du pays. Le chef du Pentagone américain a posé de nombreuses questions et les discussions ont tourné essentiellement autour de ce dossier.

Nos sources assurent que Mark Esper a ouvertement confié à Tebboune et aux hauts responsables militaires algériens que les Etats-Unis sont intrigués par ce projet inattendu et craignent que l’armée algérienne ne devienne « le bras armé » de l’agenda russe dans la région, à savoir l’Afrique du Nord et le Sahel. Mark Esper a fait comprendre aux dirigeants algériens que ce risque déplairait fortement aux Etats-Unis si cette option est envisagée par Alger.

Face à ces inquiétudes américaines, Tebboune et Chengriha ont tenté de se montrer rassurant en affirmant que ces opérations militaires ne seraient dictées que par la nécessité du renforcement de la lutte contre le terrorisme dans la région. Et l’Algérie collaborerait activement avec les Etats-Unis dans cette guerre livrée aux groupes armées et terroristes dans la région, ont assuré Tebboune et Chengriha au chef du Pentagone américain.

Ceci dit, le malaise était palpable au cours de cette visite du haut responsable américain à Alger, certifient nos sources. Et pour cause, Mark Esper a provoqué la gêne des autorités algériennes avec ses déclarations incendiaires contre la Russie et la Chine, deux partenaires stratégiques pour l’Algérie. A la veille de sa visite à Alger, Mark Esper avait déclaré publiquement que « nos concurrents stratégiques, la Chine et la Russie, continuent d’intimider et de contraindre leurs voisins tout en étendant leur influence autoritaire dans le monde entier, y compris sur ce continent ».

Il avait ajouté pour renforcer son propos : « Nous aidons à dégrader les organisations extrémistes violentes et à fournir une aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe aux communautés locales. Et, ensemble, nous continuons à contrer le comportement malveillant, coercitif et prédateur de Pékin et de Moscou, destiné à saper les institutions africaines, à éroder la souveraineté nationale, à créer de l’instabilité et à exploiter les ressources dans toute la région ». Lors de la visite de Mark Esper à Alger, les dirigeants algériens ont tout fait pour ne pas aborder ces graves accusations américaines contre la Russie et la Chine, leurs alliés traditionnels pendant de nombreuses années. Mais le chef du Pentagone américain avait fait le forcing pour bien faire comprendre à l’Algérie que les Etats-Unis ne laisseront jamais l’Afrique du Nord devenir la chasse gardée de la Russie et de la Chine. Le message a-t-il été bien reçu par Alger ?

 

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