Cette situation sans précédent provoquée par la pandémie du COVID-19 nécessite des mesures, certes, sanitaires mais aussi économiques pour sauver le peu d’emplois qui restent encore en Algérie et limiter au grand maximum les dégâts économiques de cette pandémie sur une Algérie d’ores et déjà fragilisée par ses gros problèmes sociaux et politiques.
Pour le moment, le décret exécutif fixant les mesures de distanciation sociale destinées à prévenir et à lutter contre la propagation du Coronavirus (COVID-19) a été publié au dernier numéro du journal officiel.
Ce texte prévoit de mettre « en congé exceptionnel rémunéré, au moins 50 % des effectifs de chaque institution et administration publique » durant cette période. Mais aucune précision n’a été fournie concernant les détails de cette mesure qu’il faut appliquer au secteur privé ou au secteur public.
Le texte énumère seulement les personnels exclus des dispositions du décret, à savoir: les personnels de santé quel que soit l’employeur, les personnels relevant de la direction générale de la sûreté nationale, les personnels relevant de la direction générale de la protection civile, les personnels relevant de la direction générale des douanes, les personnels relevant de la direction générale de l’administration pénitentiaire et les personnels relevant de la direction générale des transmissions nationales.
Sont également exclus de cette mesure, les personnels de contrôle de la qualité et de la répression des fraudes, les personnels relevant de l’autorité vétérinaire, les personnels relevant de l’autorité phytosanitaire, les personnels affectés aux missions d’hygiène et de nettoiement ainsi que les personnels affectés aux missions de surveillance et de gardiennage.Les entités économiques et services financiers sont également exclus de cette mesure.
Toutefois, le décret laisse aux autorités compétentes, dont relèvent les personnels exclus de cette mesure, la possibilité d’autoriser la mise en congé exceptionnel des effectifs administratifs. Par ailleurs, les femmes enceintes et les femmes élevant des enfants ainsi que les personnes atteintes de maladies chroniques et celles présentant des vulnérabilités sanitaires « sont considérées prioritaires au congé exceptionnel ». Mais ces mesures concernent tous les salariés algériens ou uniquement les salariés des entreprises publiques ? Qu’en est-il des entreprises privées ? Ces imprécisions compliquent l’application de décret exécutif et imposent un flou qui va aggraver la panique des Algériens face à cette pandémie.
Si ces imperfections peuvent être rapidement corrigées par le pouvoir exécutif, les autorités algériennes ont totalement occulté la dimension économique du pandémie du COVID-19. Les conséquences économiques sur l’Algérie sont d’ores et déjà désastreuses avec un baril de pétrole à moins de 30 dollars, voire de 25 dollars dans les jours à venir. Des pertes financières considérables que le gouvernement Tebboune n’a pas encore pu chiffrées faute d’une stratégie d’anticipation. Nous reviendrons prochainement sur ce sujet.
A partir du moment où l’Algérie souffrira énormément économiquement, il est essentiel d’adopter des mesures urgentes pour empêcher la faillite des entreprises algériennes et sauver le peu d’emplois qui restent encore notre pays largement bouleversé par l’instabilité politique de ces deux dernières années.
Le secteur privé emploie 6,95 millions de travailleurs, soit 63% de l’
L’Etat algérien doit débloquer des budgets et établir des plans d’action pour sauver ces emplois et maintenir en vie les entreprises privées. Certaines mesures s’imposent toute urgence. A titre d’exemple, l’Etat peut procéder à un allégement fiscal exceptionnel en raison de la situation provoquée par la pandémie du coronavirus. Le paiement de certaines taxes, impôts ou les redressements fiscaux doivent être reportés, diminués et supprimés au cas par cas selon les besoins et les tailles de chaque entreprise en prenant en compte le nombre de ses employés.
Il est fortement conseillé aux autorités algériennes de procéder au rééchelonnement des intérêts de des dettes contractées par les entreprises algériennes. Et pourquoi ne pas effacer les dettes issus des intérêts bancaires des prêts contractés par les entreprises algériennes ? Cette mesure pourrait permettre aux entreprises algériennes d’aborder la crise de la pandémie du COVID-19 avec beaucoup de force de résistance. Ce qui est essentiel pour leur survie.
Instaurer un taux zéro pour le crédit bancaire accordé dans le cadre de l’acquisition d’un logement permettra enfin aux ménages algériens de souffler et d’éviter l’étouffement alors que certains employés algériens endettés peuvent se retrouver du jour au lendemain sans travail et sans salaires.
Revoir exceptionnellement les procédures bureaucratiques qui ralentissent l’importation des produits médicaux et des produits alimentaires de première nécessité. Etant donné que l’Algérie est menacée par des pénuries chroniques des produits pharmaceutiques et des produits alimentaires, il est urgent de faciliter les dédouanements de ces produits importés et enlever les barrières bancaires et bureaucratiques qui peuvent empêcher leur importation dans des délais raisonnables surtout que le confinement général de plusieurs producteurs et industriels dans le monde est en train de provoquer l’arrêt de l’économie mondiale. L’Algérie, dépendante de l’extérieur, doit faire gaffe et renouveler ses provisions en attendant de se doter d’une production nationale.
Ces quelques mesures sont nécessaires pour empêcher des secteurs entiers en Algérie de sombrer dans une faillite financière inédite. Ils peuvent maintenir les équilibres pendant quelques mois le temps de vaincre cette pandémie mondiale du coronavirus. Et après cette crise, ces mesures permettront de préparer le terrain à une nouvelle relance économique. A méditer…