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vendredi, avril 26, 2024

Au Maroc comme en Algérie, les régimes autoritaires se sentent en grand danger

Le chercheur et expert français Pierre Vermeren,un historien français, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2012. Il est spécialiste du Maghreb et des mondes arabo-berbères, a prévenu dans une longue interview accordée au quotidien français Le Figaro contre le danger imminent d’une explosion politique et économique au Maghreb. Ce danger s’explique par le durcissement autoritaire des deux régimes algériens et marocains qui se sentent en grand danger depuis le début de la pandémie du coronavirus COVID-19, a-t-il décrypté.

« Depuis les émeutes du Rif en 2017, qui ont dévoilé les énormes carences de la gouvernance et du développement dans les régions du Maroc périphérique, depuis la révolte algérienne de 2019, passionnément suivie au Maroc, et avec la crise de la Covid-2019, on observe un sursaut de ce durcissement. La contestation du pouvoir dans une région clef du pays -le Rif-, qui se situe aux portes de l’Europe et de l’Algérie, puis le soulèvement contre le système vingtenaire corrompu d’Abdelaziz Bouteflika, et enfin, la mise à l’arrêt forcée des économies du Maghreb au printemps 2020, suite à la coupure de facto des relations internationales, ont été ressenties par le pouvoir comme autant de menaces systémiques », explique ainsi Pierre Vermeren, chercheur au laboratoire Sirice appelé auparavant de l’Institut des mondes africains.

« Le Maghreb vit depuis mars-avril en quasi-état de siège, même les mosquées y sont fermées. Des quartiers des grandes villes sont bouclés, et les gens vertement priés de rester chez eux ou au mieux dans leur ville ou province. La police et les forces anti-émeutes font respectez ces consignes drastiques, sans empêcher parfois des débordements », a analysé encore Pierre Vermeren qui appelle l’Union Européenne à prendre conscient du danger auquel est exposé en ce moment le Maghreb.

« Pendant la fête de l’Aïd (dite du mouton), un marché de Casablanca a été pillé, et les gens sont repartis avec leurs moutons sans les payer ; plus récemment, deux camions de livraisons de Coca-Cola ont été pillés dans Casablanca. Les tensions sociales et économiques au Maghreb sont telles qu’il faudrait en prendre conscience en Europe.Ces tensions sociales extrêmes aggravent effectivement la pression des forces de l’ordre contre les délinquants ou manifestants. Nous n’en sommes pas à la révolte populaire et encore moins politique (car il n’y a pas de force politique contestataire structurée), mais ce qui est certain, c’est que la situation ne va pas pouvoir demeurer indéfiniment ainsi, alors que le Maghreb se situe aux portes de l’Europe. Il devient urgentissime de prendre conscience d’un phénomène à peine évoqué et potentiellement à haut risque », a prévenu enfin le chercheur français auteur de l’ouvrage paru en 2004 : « Maghreb : La démocratie impossible ? » 

 

 

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