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vendredi, mai 3, 2024

Arrestations arbitraires, répression, mauvaise gouvernance et dégâts économiques : le bilan sinistre de la crise sanitaire en Algérie

Le confinement provoqué par la crise sanitaire depuis le début de l’épidémie du COVID-19 a révélé en Algérie le véritable visage des autorités et des décideurs au pouvoir. A moins d’une semaine de la fin « officielle » du confinement sanitaire en Algérie, l’heure est bel et bien au bilan. Et de prime abord, ce bilan est réellement sinistre en Algérie. 

Et pour cause, l’épidémie du COVID-19 a servi de prétexte pour lancer une inédite campagne de répression par la régime algérien à l’encontre des activistes et militants pacifiques du Hirak. Ces derniers ont, pourtant, respecté parfaite les conditions du confinement sanitaire en faisant preuve d’un civisme exemplaire. Mais le calme plat du confinement a permis au régime algérien de passer à l’action et d’interpeller pour ensuite incarcérer un nombre important de hirakistes. Entre le 24 mars et le 3 mai, 17 personnes avaient été incarcérées et plus de 50 avaient reçu des convocations pour des publications sur les réseaux sociaux. Les deux jours suivants, 6 personnes étaient convoquées par les forces de sécurité, trois placées sous mandat de dépôt et un homme condamné à 6 mois de prison ferme.

Ce bilan est encore provisoire et d’ici le 13 juin prochain, il faudra certainement revoir ces chiffres sinistres à la hausse car la machine de la répression ne s’arrête toujours pas en Algérie. Le régime algérien a même profité du confinement pour pondre des lois totalement liberticides.

Dés le 22 avril 2020, les autorités algériennes élaborent un projet de loi criminalisant la diffusion de fausses informations qui portent « atteinte à l’ordre public et à la sûreté de l’Etat ».  Selon le texte, qui s’inscrit dans le cadre d’une réforme du code pénal, quiconque diffusera ou propagera des “fake news” visant à “porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publics”, ainsi que “l’atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’unité nationale” est passible de une à trois années de prison et du double en cas de récidive. La peine peut aller jusqu’à cinq ans de prison si les faits ont lieu durant des “périodes de confinement sanitaire ou d’une catastrophe naturelle, biologique ou technologique ou de toute autre catastrophe”.

Cette loi une fois adoptée a permis de légaliser les incarcérations abusives des militants du Hirak sous couvert de la lutte contre la désinformation. Du jamais vu dans l’histoire récente en Algérie.

Sur le plan politique, le bilan de la crise sanitaire du COVID-19 est donc catastrophique : l’Algérie est devenue au sens propre du terme une dictature brutale. Sur le plan économique, la situation est encore pire. Dés le début du confinement, le régime algérien faisait face à des images humiliantes de longues files d’attente dans plusieurs régions du pays pour acheter un sac de semoule ! Sur les réseaux sociaux, ces scènes ont provoqué l’indignation générale. Les médias internationaux ont beaucoup parlé de ces pénuries alimentaires qui ont marqué l’Algérie à la fin du mois de mars dernier.

Mais si cette situation s’est améliorée un petit peu avec le temps, le bilan économique est resté très inquiétant. Rien durant le premier trimestre de cette année 2020, les exportations algériennes des hydrocarbures ont reculé de plus de 25%. Durant les trois premiers mois de l’année 2020, l’Algérie a exporté pour près de 7,04 mds usd, contre 9,48 mds usd, enregistrant un recul de 25,78%. Ce bilan relativise les pertes financières pour l’Algérie car il faudra rajouter les statistiques des mois d’avril et mai pour mesurer réellement l’ampleur du recul des exportations algériennes des hydrocarbures qui pourraient dépasser facilement les 50 % en raison de la paralysie mondiale provoquée par la Pandémie du COVID-19.

Pour l’heure, les statistiques de la direction des études et de la prospective des Douanes (DEPD) ne sont pas encore disponibles pour mai et avril 2020.  Pour les exportations hors hydrocarbures, elles restent toujours marginales, avec 578,7 millions usd, ce qui représente 7,60% du volume global des exportations, contre 658,04 millions usd, en baisse de 12,06%, durant la même période de comparaison.

Force est de constater, par ailleurs, que le régime algérien a échoué à appliquer son objectif adopté le 11 mars dernier concernant une baisse de 50 % de la facture des importations.

Au final, les importations ont totalisé durant le premier trimestre de l’année 2020 9,12 mds usd, contre 11,33 mds usd, soit une baisse de 19,52%. Ridicule et insuffisant pour faire des économies à l’Algérie puisque les exportations ont ainsi assuré la couverture des importations à hauteur de 83,50%, contre 89,48% durant la même période de l’année 2019.

A ce bilan économique, il faut rajouter une série de mauvaises décisions et de dysfonctionnements qui ont caractérisé l’Algérie pendant le confinement : la gestion chaotique de Sonatrach et son incapacité à juguler les pertes provoquées par la pandémie du COVID-19, la quasi-absence d’une production nationale pour répondre aux besoins de l’Algérie en matière de produits pharmaceutiques, le scandale des masques importés en Chine et le détournement des deniers publics à la Pharmacie centrale des Hôpitaux (PCH), la cacophonie entre le ministère de l’Industrie et celui du Commerce sur la mobilisation des efforts nationaux pour endiguer les effets de la crise, l’absence de mesures concrètes et efficaces pour soutenir les entreprises privées employant plus de 7 millions d’algériens face aux conséquences de la crise sanitaire et du confinement, ect., bref,  la situation économique est bel et bien alarmante. Elle dévoie surtout l’incapacité chronique du régime algérien de gérer convenablement le pays.

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