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mercredi, mai 1, 2024

Après les graves révélations de Hamel, la justice algérienne n’a pas bougé le petit doigt !

L’ancien patron de la DGSN, Abdelghani Hamel, a fait de graves révélations sur un large réseau mafieux de trafic de drogue dans lequel est impliqué l’ex-commandant de la gendarmerie nationale, le général Ghali Belkecir et plusieurs autres hauts gradés de l’armée algérienne. Mais, malheureusement, ces révélations n’ont pas fait bouger la justice algérienne qui est restée étrangement immobile refusant d’ouvrir ne serait-ce qu’une enquête judiciaire pour plancher sur ces révélations inédites dans l’histoire du pays. 

Lors de son procès en appel devant la cour d’Alger, Abdelghani Hamel, ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), a fait le 3 et 4 aout derniers d’incroyables révélations sur la relation entre l’ex-patron de la Gendarmerie nationale, le général Belkecir, l’ex-chef de la 2e Région militaire, le général Kamel Abderrahmane, ainsi que plusieurs officiers de la gendarmerie et de l’armée, avec l’ancien baron de la drogue, Ahmed Zendjabil, donné pour mort dans une clinique à Oran en 2012, mais aussi sur l’interférence de l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, dans les enquêtes préliminaires et les menaces «de liquidation physique» dont il faisait l’objet.

« C’est le groupe d’Oran de Zendjabil, trafiquant de drogue, qui est à l’origine de mon incarcération. Ce groupe a juré de se venger de moi, parce que j’ai fait avorter son projet d’inonder le pays de poison. Je vous remercie de ne pas avoir pris en compte le rapport préliminaire qui dit que je facilitais le passage d’un trafiquant de drogue à l’aéroport », a déclaré ainsi Abdelghani Hamel avant de lâcher encore des bombes devant une assistance ébahie : « Le Bungalow d’Oran, dont-ils parlent, a été construit, il y a 20 ans, pour les trafiquants de drogue avec l’argent de la drogue, et celui qui a fait les travaux est de Batna », a-t-il dit avant de poursuivre son récit haletant :  « En 2004-2005, il y a eu, à Oran, l’éclatement de l’affaire Zendjabil, un baron de la drogue, dans laquelle étaient impliqués de nombreux officiers de la gendarmerie et de l’armée. J’étais régional de la gendarmerie, à Oran, et le colonel Tifour, était chef d’état-major, alors que le lieutenant- colonel Allel était commandant du groupement de Tlemcen, et Ghali Belkecir chef de compagnie à Maghnia.

Ils travaillaient tous avec l’ex-chef de la 2e Région militaire, Kamel Abderrahmane. J’avais fait un rapport accablant sur les liens entre ces derniers et Zendjabil, que j’ai transmis à l’époque au commandant de la Gendarmerie nationale, le défunt général Boustila, lequel l’a remis au président de la République. Juste après, nous étions deux à avoir été maintenus à nos postes ; moi et le lieutenant-colonel, Abdelaziz, de la sécurité de l’Armée, qui avait enquêté sur ces réseaux.

Les autres ont tous été relevés, y compris Kamel Abderrahmane. Par la suite, Belkecir et Tifour ne m’ont jamais pardonné, parce qu’ils ont su que le rapport en question est parti de mon bureau. Est-il normal que je fasse sortir un trafiquant de drogue de l’aéroport alors que je mène la guerre à la drogue ? Si c’était le cas, que faisaient alors les officiers de la sécurité intérieure ? Je ne peux en dire plus, sinon je risque de faire du mal à ma famille. Depuis que Belkecir a été promu à la tête de la gendarmerie, de nombreux officiers ont été laminés. Vous pouvez le vérifier », a lâché ainsi Abdelghani Hamel.

Face à ce récit très détaillé, riche en dates, en informations appuyées par des faits vérifiables et situés dans un cadre spatio-temporel facilement constable  à travers une simple investigation judiciaire, les juges algériens n’ont pas bougé le petit doigt. Et pourtant, ces déclarations de Hamel ont soulevé une vague d’indignation générale en Algérie. Pour la première fois, un haut responsable des services de sécurité explique publiquement la complicité des hauts gradés de l’armée et de la gendarmerie nationale avec les réseaux du narcotrafic. Pour beaucoup moins que ça, des pays ont été totalement ébranlés et des hauts responsables démis de leurs fonctions.

Le silence de la justice algérienne face à ces révélations prouve que le clan du général Ghali Belkecir continue de jouir d’une impunité flagrante, voire d’une protection décidée en « haut lieu ». Aucune instance officielle ne veut inquiéter ou enclencher des poursuites judiciaires à l’encontre de l’ex-patron de la gendarmerie nationale qui demeure en fuite à l’étranger. Pourquoi Belkecir fait encore peur en Algérie ?

 

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