La tenue prochaine du procès en appel du journaliste Khaled Drareni se déroule dans un contexte de plus en plus détérioré pour la liberté de la presse en Algérie. RSF appelle les autorités algériennes à revenir au respect de la vérité, du droit, de la Constitution et des engagements internationaux du pays.
Quinze jours après la condamnation du journaliste Khaled Drareni à trois ans de prison, la cour d’Alger a annoncé la fixation de l’audience d’appel au 8 septembre 2020. Le 10 août 2020, le directeur du site d’information en ligne Casbah Tribune et correspondant en Algérie pour TV5 Monde et RSF, avait été condamné à trois ans de prison ferme et 50 000 dinars algériens (environ 330 €) pour “incitation à attroupement non armé et atteinte à l’unité nationale”.
« Le procès en appel de Khaled Drareni sera une opportunité pour les autorités algériennes de cesser leur fuite en avant en matière de répression de la liberté de la presse, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Ce sera l’occasion pour la justice algérienne de revenir à la vérité des faits et au respect du droit, de la Constitution et des engagements internationaux du pays.”
Cette audience va se dérouler dans un contexte de plus en plus détérioré pour la liberté de la presse en Algérie. Depuis la condamnation de Khaled Drareni, plusieurs décisions ont confirmé le durcissement du pouvoir algérien envers les journalistes et médias indépendants.
Le 24 août, le militant et fondateur de Sarbacane web radio, Abdelkrim Zeghileche, incarcéré depuis le 23 juin 2020, a été condamné par le tribunal correctionnel de Ziadia (Constantine), à deux ans de prison ferme et une amende de 100 000 Da (660 €) pour “atteinte à la personne du président de la République” et “atteinte à l’unité nationale ». La justice lui reproche des publications sur Facebook appelant à la création d’un nouveau parti politique.
De son côté, le rédacteur en chef du quotidien régional Le Provincial, Mustapha Bendjama fait l’objet de harcèlement judiciaire. Entre les mois de février 2019 et mars 2020, le journaliste a été interpellé à au moins neuf reprises à Annaba, dans le nord-est de l’Algérie, par les forces de police alors qu’il filmait des manifestations du mouvement de contestation Hirak. Il a été conduit au poste de police à sept reprises et a subi deux gardes à vue de 48 heures. Quatre procédures judiciaires, pour lesquelles il risque au moins trois ans de prison, ont été engagées contre lui pour des publications de 2019 couvrant le Hirak sur les réseaux sociaux.
Parallèlement, le média en ligne L’Avant-Garde Algérie a de nouveau été bloqué sur le territoire algérien à compter du 24 août. Cette censure intervient quelques mois après un premier blocage, qui avait duré une vingtaine de jours au mois de mai 2020. En tout, actuellement deux sites d’information indépendants sont inaccessibles en Algérie.
L’Algérie figure à la 146e place sur 180 du Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a perdu cinq places par rapport à 2019 et 27 par rapport à 2015.