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samedi, mai 4, 2024

Affaire Ali Haddad : l’incroyable niveau bas du Procureur de la République du tribunal de Sidi M’hamed

Cette anecdote témoigne de la médiocrité ambiante qui règne au sein de la justice algérienne. Une médiocrité qui démontre l’incapacité des juges algériens à s’emparer des dossiers de corruption les plus délicats qui sont en ce moment en cours de traitement au niveau de la justice algérienne. 

Preuve en est, hier mercredi, lors des audiences du procès d’Ali Haddad et de ses immenses projets publics obtenus de la part de l’Etat durant les longues années du règne d’Abdelaziz Bouteflika, le Procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed s’est distingué par un comportement incroyablement puérile. En effet, l’un des personnages qui figurent sur le banc des accusés dans cette affaire est l’ancien directeur de la Jeunesse et des Sports (DJS) de la wilaya de Tizi-Ouzou, Abderrahmane OuIltache. Ce dernier avait été mis sous mandat de dépôt après son audition par le juge d’instruction le 13 juin 2019, et ce, dans l’affaire ayant conduit à l’incarcération de l’ex-patron de l’ETRHB et ex-président du Forum des chefs d’entreprise, Ali Haddad

Hier mercredi, cet ancien fonctionnaire du ministère des Sports et de la Jeunesse affronte le Procureur qui l’accuse  d’être lié au projet de construction du nouveau stade de football de Tizi-Ouzou, un chantier en travaux depuis plus de 10 ans et dont l’enveloppe qui lui a été consacrée par l’Etat algérien au profit de l’ETRHB d’Ali Haddad a dépassé les 50 milliards de Da, à savoir l’équivalent de 350 millions d’euros, alors qu’en 2010, au début des travaux, le coût de ce stade ne devait pas dépasser les 34 milliards de Da, à savoir l’équivalent de 230 millions d’euros. Il s’agit de l’un des plus lourds dossiers de dilapidation de deniers publics dans lequel est impliqué Ali Haddad surtout lorsqu’on sait que ce stade en construction à Boukhalfa, dans la banlieue de la ville de Tizi Ouzou, n’a jamais été achevé alors qu’il avait englouti d’immenses budgets de l’argent public.
Dés le début de l’audition de l’ancien directeur des sports et de la jeunesse de la wilaya de Tizi-Ouzou, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed révèle qu’il dispose d’une conversation téléphonique dans laquelle l’ancien fonctionnaire de la wilaya de Tizi-Ouzou  demandait à Haddad d’intervenir pour que ses deux enfants puissent être inscrits au Lycée international Alexandre-Dumas, un prestigieux établissement géré par l’ambassade de France à Alger.
Le mis en cause a répondu sans ambages : « j’ai fait cette demande car je savais qu’un des acteurs du FCE était membre d’Alexandre-Dumas ». Le procureur a poursuivi ensuite : « Cette demande coïncide avec l’obtention du projet de Haddad ». Oultache s’écrie alors : « Je n’avais pas le pouvoir d’accorder des projets. Quant à Haddad, il ne m’a même pas répondu » !
Cette séquence a suscité l’étonnement au tribunal de Sidi M’hamed et les avocats ainsi que des membres de l’assistance présents au procès n’ont pas caché leur stupéfaction. Comment peut-on imaginer qu’un monsieur comme Ali Haddad, deuxième fortune du pays, ami de Said Bouteflika, principal bailleur de fonds du président Bouteflika, puissant lobbyiste qui a ses entrées à tous les niveaux du régime algérien de 2010 jusqu’à 2019, aurait eu besoin d’un simple fonctionnaire de la jeunesse et des sports de la wilaya de Tizi-Ouzou pour obtenir le projet du grand stade de Tizi-Ouzou qui se chiffre à plus de 300 millions d’euros ? C’est de la bêtise, voire de l’absurdité théâtrale, de vouloir faire croire aux algériens qu’un petit fonctionnaire de wilaya peut influer sur des projets onéreux et stratégiques en Algérie lors du règne des Bouteflika. En vérité, la justice algérienne a préféré s’acharner sur des petits fonctionnaires pour les mettre en prison au lieu de réclamer des comptes aux véritables faiseurs de la fortune d’Ali Haddad, à savoir Said Bouteflika et Abdelaziz Bouteflika. Ce procès est finalement une piètre comédie qui fait davantage rire que pleurer. Triste spectacle de médiocrité.
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