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vendredi, mai 17, 2024

Un spécialiste international des enjeux alimentaires prévient : L’Algérie n’arrivera tout simplement pas à se nourrir si elle n’arrive plus à importer du blé

Bruno Parmentier est l’un des spécialistes les plus reconnus en Europe en matière de sécurité alimentaire et des enjeux alimentaires en Europe.  ingénieur de l’école de Mines et économiste, il a dirigé pendant dix ans l’Ecole supérieure d’agronomie d’Angers (ESA). Il est également l’auteur de livres sur les enjeux alimentaires : Faim zéroManger tous et bien et Nourrir l’humanité. Dans une récente interview, ce spécialiste a tiré la sonnette d’alarme concernant les conséquences des perturbations provoquées par la pandémie du COVID-19 sur le commerce international et les exportations des produits alimentaires. 

 

« Les français achètent 300 millions de paires de chaussettes par an, dont 95 % sont importées. Si le commerce de cet accessoire venait à se gripper, on serait certainement capable de « tenir » quelques mois sans émeutes sur les Champs Elysées ! En revanche l’Egypte ne produit que 8 millions de tonnes de blé et doit en importer 12 millions par an. Elle ne pourra tout simplement pas se nourrir si elle n’arrive plus à importer ce grain… Pareil pour l’Algérie, le Gabon, Haïti ou le Bengladesh ! », a-t-il expliqué le 11 avril dernier dans un décryptage publié sur le média français Altantico.

« Le problème des céréales est particulièrement aigu, car il se trouve qu’il n’y a qu’un petit nombre de pays capables de produire plus que ce qu’ils ne consomment, et donc de nourrir la multitude de pays qui n’ont pas une agriculture suffisamment efficace : pour le blé ce sont la Russie, l’Union européenne (dont la France pour une bonne part), les USA, le Canada, l’Ukraine, l’Argentine, le Kazakhstan et l’Australie… les bonnes années, car il arrive peu souvent que la récolte soit au top dans chacune de ces zones. Pour le riz, il s’agit de l’Inde, du Pakistan, du Vietnam, de la Thaïlande et des USA. Pour le maïs, on trouve les Etats-Unis, le Brésil, l’Argentine et l’Ukraine », a-t-il encore relevé en mettant en exergue les actuels difficultés liées au transport des marchandises des produits alimentaires.

Au delà des problèmes de logistiques provoqués par la pandémie du COVID-19 sur le transport des marchandises, Bruno Parmentier a également peur des décisions der restriction des exportations imposées par les gros pays producteurs de blé ou de riz, par exemple venant de la Russie ou du Vietnam. « Là on peut vite arriver au drame et à l’apparition de famines, à tel point que les trois directeurs des organisations spécialisées des Nations-Unies sur l’agriculture, la santé et le commerce viennent de nous alerter solennellement sur ce qui pourraient provoquer une brusque aggravation de la faim dans le monde », a-t-il prévenu en dernier lieu.
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