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jeudi, mai 2, 2024

Un expert français appelle l’Europe à faire de l’Algérie sa « pile électrique »

Au moment où l’Algérie tente désespérément de se trouver une place sur l’échiquier économique et politique mondial en exploitant uniquement ses hydrocarbures, un expert français a publié une tribune dans laquelle il « ouvre les yeux » des dirigeants algériens sur l’énorme potentiel énergétique dont regorge notre pays grâce uniquement… au Soleil. A en croire cet expert, l’Algérie pourrait devenir « aisément la pile électrique » de l’Europe. 

Ancien délégué à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (Datar), Jean-Louis Guigou est le délégué général de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMed). Il est également professeur à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po). L’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED) est un think tank euroméditerranéen qui a publié de nombreuses études et publications savantes sur les priorités du développement dans les divers pays de la région.

Ce jeudi 14 avril, Jean-Louis Guigou a publié une tribune dans les colonnes du quotidien Le Monde intitulée : « L’Algérie peut devenir la “pile électrique” de l’Europe ».  « La guerre en Ukraine demande une nouvelle stratégie politique, mais aussi économique et géographique. Les Européens veulent se libérer du gaz et du pétrole russes ; les Africains, qui vivent une grande distorsion entre une démographie galopante et une croissance économique modeste, ont de l’énergie et recherchent du blé et des oléagineux », précise d’emblée dans sa tribune Jean-Louis Guigou qui est, par ailleurs, l’épouse d’Élisabeth Guigou, ancienne Ministre de la Justice de France en 1997.

« Dans cette nouvelle donne énergétique, l’Algérie a un rôle-clé à jouer. Dès 2010, l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) est arrivé à la conclusion que la France et l’Algérie sont à la Méditerranée ce que la France et l’Allemagne furent à l’Europe. On ne peut rien faire en Méditerranée sans le retour de la confiance entre la France et l’Algérie », explique le même auteur d’après lequel l’Algérie et la France pourraient surmonter ensemble les traumatismes de l’histoire à travers l’élaboration « d’un projet historique ambitieux ».

« Pourquoi ne pas imaginer mettre en place cette communauté euro-méditerranéenne de l’énergie qui associerait, sur le long terme, des pays producteurs et des pays consommateurs ? L’idée a déjà été évoquée dans une communication conjointe de la Commission européenne et de la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité le 8 mars 2011 : une « communauté de l’Energie entre l’Union européenne et le sud de la Méditerranée s’adresserait d’abord aux pays du Maghreb et pourrait progressivement se répandre aux pays du Machrek » », souligne à cet effet Jean-Louis Guigou.

Aux yeux de cet expert, l’énergie solaire pourrait constituer une alternative définitive à la dépendance vis-à-vis du gaz russe pour l’Europe.  « En moins de dix ans, la rive sud de la Méditerranée pourrait compenser, avec les hydrocarbures d’abord puis le solaire, l’énergie que nous achetons à la Russie. En échange, l’Europe s’engagerait à livrer préférentiellement aux pays du nord de l’Afrique, de l’Egypte au Maroc, les céréales et les oléagineux dont ils ont besoin tout en leur apportant un soutien pour reconstruire leur potentiel de production céréalière », plaide le fondateur de l’IPEMed.

« Dans cette perspective, l’Algérie, avec son riche potentiel d’énergies fossiles et solaire, sa position géographique de nœud pour un réseau de gazoducs entre l’Egypte, le Nigeria, le Sénégal et la Mauritanie et l’Europe à travers l’Italie et l’Espagne, peut devenir la « pile électrique » de l’Europe. Elle peut aussi ouvrir en profondeur le continent africain aux productions européennes grâce au projet de la route transsaharienne qui reliera les ports méditerranéens au Sahel et à l’Afrique profonde pour déboucher dans le golfe de Guinée », analyse enfin Jean-Louis Guigou qui appelle la France et l’Algérie à faire de l’énergie solaire ce que l’Allemagne et la France ont pu faire de l’acier et du  charbon, le ciment d’une nouvelle union économique et politique, à travers la Communauté économique du charbon et de l’acier (CECA) créée en 1952.

 

 

 

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