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lundi, mai 6, 2024

Sonatrach : Le scandale Augusta éclate au grand jour, mais la Justice algérienne protège le PDG Toufik Hakkar

Au lendemain des révélations d’Algérie Part sur les immenses pertes financières provoquées par la mauvaise gestion actuelle de la raffinerie sicilienne, italienne, d’Augusta, des pertes dépassant les 450 millions de dollars durant les 6 premiers mois de l’année 2020, la justice algérienne ouvre officiellement une instruction judiciaire et lance une enquête pour inculper plusieurs hauts responsables actuels et anciens de Sonatrach. 

C’est le tribunal de Bir Mourad Rais qui a été chargé de mener cette instruction judiciaire. Dés la semaine passée, les magistrats de ce tribunal algérois ont commencé à plancher sur le dossier. Mais le dossier a été officiellement « inauguré » hier jeudi 2 juillet. D’ailleurs, le vice-président de Sonatrach en charge de la commercialisation, Ahmed Mazighi, a été convoqué durant toute la journée d’hier jeudi où il avait été longuement auditionné par un juge d’instruction près le tribunal de Bir Mourad Rais. Les auditions ont duré jusqu’au bout de la nuit et Ahmed Mazighi vers minuit a été placé sous mandat de dépôt à la prison d’El-Harrach.

Cette incarcération vient de provoquer un véritable scandale qui ne manquera pas d’ébranler terriblement Sonatrach. Et les conséquences seront totalement funestes et dramatiques pour la compagnie nationale des hydrocarbures dont la crédibilité sera définitivement entamée sur la scène internationale. Nous y reviendrons dans une prochaine publication.

Pour le moment, ce qui retient notre attention est le comportement partial de la justice algérienne. Pourquoi incarcérer uniquement Ahmed Mazighi qui est accusé officiellement de dilapidation de l’argent public ? Au moment des faits, à savoir en décembre 2018 lors de l’opération de rachat de la raffinerie Augusta, Ahmed Mazighi était vice-président de Sonatrach au même titre que son actuel PDG, Toufik Hakkar. En effet, en décembre 2018, Toufik Hakkar était promu vice-président Business développement et marketing. Il avait donc siégé au Conseil d’Administration de Sonatrach comme tous les autres vices-présidents du groupe et il a approuvé cette opération d’acquisition en Italie de la raffinerie Augusta. Il était membre du comité exécutif de Sonatrach tout au long du processus de rachat de la raffinerie Augusta. Il occupait cette fonction d’août 2017 jusqu’à juin 2018.

Depuis février 2020, il est le premier patron de Sonatrach. La gestion financière du projet Augusta relève ainsi de ses prérogatives et il fait partie des principaux responsables du bilan financier catastrophique de la raffinerie d’Augusta qui est en train de porter un énorme préjudice aux finances de Sonatrach. Malheureusement, en dépit de tous ces éléments, la justice algérienne fait encore du théâtre et décapite les petites têtes comme celles de Mazighi afin d’épargner les grosses têtes comme celles de Hakkar.

L’ancien ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, est lui-aussi impliqué grandement dans cette opération de rachat de la raffinerie d’Augusta. Il avait approuvé cette acquisition qui est décriée aujourd’hui par la justice algérienne en sa qualité de membre du Conseil d’administration de l’Assemblée générale de Sonatrach. Effectivement, le projet du rachat de la raffinerie d’Augusta a été examiné et approuvé en décembre 2018 au Conseil d’Administration de Sonatrach qui est composé, du P-dg, des cinq directeurs des activités de base (Exploration-Production, Commercialisation, Transport par Canalisation, Liquéfaction et Raffinage) ainsi que les directeurs centraux exécutifs en charge de la finance, du business développement et de la stratégie, sans oublier deux représentants des travailleurs, deux représentants du ministère de l’énergie, deux représentants du ministère des finances, un représentant de la Banque d’Algérie et une personnalité choisie pour ses compétences  dans les hydrocarbures.

A l’Assemblée générale de Sonatrach, même la Présidence de la République est représentée et doit voter sur les décisions stratégiques de Sonatrach. Tout comme le ministre des Finances, le Gouverneur de la Banque d’Algérie ou le ministre de l’Energie. Mais le tribunal de Bir Mourad Rais est uniquement de taille à mettre en examen un simple ancien vice-président. Un simulacre de justice qui va causer beaucoup, mais vraiment beaucoup, de tort à Sonatrach, le seul poumon économique du pays.

 

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