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mardi, mai 14, 2024

Révélations. Sécurité aérienne : les pratiques financières scandaleuses d’un organisme étatique algérien à la dérive

L’Etablissement National de la Navigation Aérienne (ENNA) est un organisme entièrement entièrement méconnu par la majorité des Algériens. Et pourtant, il gère une mission très sensible et stratégique. l’ENNA est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) placé sous la tutelle du ministère des Transports algériens. Et en tant qu’EPIC, il doit gérer des fonds très conséquents et de nombreux marchés aux montants faramineux. De l’exploitation technique des aérodromes jusqu’à la réglementation de la circulation aérienne en passant par la sécurité de la navigation aérienne dans l’espace aérien algérien, le travail de l’ENNA lui permet de gérer des budgets de plusieurs Milliards de Da et de plusieurs Millions d’Euros et de Dollars.

L’ENNA est chargé également de chapeauter tous les projets aéronautiques les plus stratégiques pour l’avenir de la sécurité aérienne du pays. Un secteur dans lequel les autorités algériennes ont consenti à débourser de grosses sommes d’argent pour financer des projets d’équipements aéronautique afin d’améliorer la sécurité aéronautique et augmenter les performances de plusieurs de nos aéroports. La plupart de ces projets ont été lancés depuis les années 2012 jusqu’à 2015. Les marchés les plus récents remontent à 2O17.

Malheureusement, nous avons découvert au cours de nos investigations que tous les projets à grande envergure sont en train d’enregistres des retards considérables, des pertes financiers alarmantes en matière de rentabilité tout en engendrant des carences pénalisantes pour le Trésor Public.

Nous avons découvert ainsi au cours de nos investigations que l’actuel Directeur Général de l’ENNA et son staff ont dressé au ministère des Transports un rapport totalement falsifié et truffé de mensonges. En effet, l’ENNA a dissimulé de nombreuses informations concernant les retards de réalisation du nouveau Centre de Contrôle Régional (CCR) de Tamanrasset et les cinq tours de contrôle en particulier celles d’Alger, Oran et Constantine qui  demeurent toujours des projets inachevés souffrant de plusieurs déficiences et carences.

A titre d’exemple, nous avons constaté au cours de nos investigations que le contrat N°1666/2018 signé avec  le fournisseur Espagnol  INDRA est intervenu une année après la signature du contrat DF NUCLEO à savoir le 21/02/2018.  Et pourtant, les deux contrats portent sur « la Fourniture, installation et mise en service d’équipement pour la Navigation Aérienne « , ce que les experts de la sécurité aérienne appellent dans leur jargon :  le projet PDEGEA. Ainsi, les deux entreprises espagnoles ont été chargées par l’ENNA de fournir des équipements presque similaires pour les nouvelles tours des aéroports Oran, Alger Constantine.

Il faut savoir à ce sujet que le premier de ces contrats est fixé à un montant de 5.606.995.334,85 DA TTC. Ce montant est décomposé comme suit : 44.758.842,45 Euros HT soit l’équivalent de 5.265.895.717,78 DA et 341.099.617,07 DA TTC. Ce marché public était prévu pour une durée de dix huit (18) mois, mais il a été ensuite allongé de 28 mois par l’ENNA.

Nous avons découvert au cours de nos investigations que la moitié des équipements entrant dans le cadre du matériel PDEGEA du fournisseur INDRA ont été réceptionnés au mois de févriers dernier. L’ENNA a payé des sommes colossales et d’importantes pénalités douanières en raison de ses lenteurs bureaucratiques. Cependant, après la réception de ce matériel très sensible, les équipements en provenance d’Espagne se se retrouvent actuellement entreposés en « PLEIN AIR » sur les champs du complexe de la navigation aérienne d’Oued Smar ! Exposés au soleil et aux intempéries et livrés à l’humidité, ces équipements importés en devises sonnantes et trébuchantes risquent de se détériorer fortement. Certains composants électroniques de ses équipements peuvent être endommagés définitivement alors qu’il fallait entreposer ce matériel dans des entrepôts bien aménagées et à des aléas climatiques.

Ce laisser-aller traduit l’ampleur de l’amateurisme qui prévaut à la direction générale de l’ENNA. Il faut savoir que l’ENNA possède des entrepôts gigantesques à la direction de la logistique de Hussein Dey à Alger et ces entrepôts sont utilisés comme un parking pour les voitures et camions de service au lieu de les consacrer aux équipements aéronautiques stratégiques pour les tours de contrôle.

Signalons enfin que les deux contrats (1649/2017) DF Nucleo et celui  (N°1666/2018) de l’autre fournisseur espagnol Indra ont fait l’objet d’une double et voir même une triple acquisition pour les équipements suivants : VCS, Enregistreurs, VHF, Postes Opérateur, Pupitres, Chargeurs, UPS, GPS, horloges et réseau. Tous ces équipements ont été acquis chez deux fournisseurs espagnols pour le même service ! C’est du jamais vu. En clair, l’ENNA a dépensé des devises précieuses pour acquérir le même matériel auprès de deux fournisseurs différents et pour les besoins de la même tour de contrôle à Oran. Nous sommes bel et bien face à un inédit scandale de dilapidation des deniers publics. Qu’attend le ministère des Transports pour réclamer des explications et des comptes aux hauts responsables de l’ENNA ?

 

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