Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) prévoit un briefing sur le Sahara occidental ce jeudi 9 Avril pour discuter des développements du processus politique dans ce territoire autonome, annexé par le royaume du Maroc. Cette réunion du Conseil de sécurité sera également l’occasion pour ses membres d’aborder d’autres questions, notamment le retard dans la désignation d’un nouvel émissaire onusien et les mécanismes de réponse à l’ouverture de consulats dans les territoires sahraouis occupés.
Le représentant du Front Polisario en Europe et dans l’Union européenne, Oubbi Bouchraya Bachir a déjà affirmé, il y a quelques jours, que ‘’le retard accusé par l’ONU dans la désignation d’un nouvel émissaire pour le Sahara Occidental avait créé un climat favorable pour l’occupant marocain qui persiste dans sa politique de mépris, d’entêtement et de violation de toutes les résolutions internationales et des chartes onusiennes, ce qui entrainera les choses dans la région vers un dérapage certain.’’
Il est par ailleurs attendu que le canadien Colin Stewart, chef de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) créée en 1991, présente un exposé sur la situation sécuritaire au Sahara occidental étayée de violence marocaines.
La presse marocaine inféodée au régime n’a cessé, comme à son habitude, de discréditer Colin Stewart à travers des attaques sur sa vie privée pour l’affaiblir, mais celui-ci n’a jamais cédé aux pressions et provocations du pouvoir marocain.
Il l’a d’ailleurs prouvé lorsqu’il s’est spécialement déplacé, au grand dam du Makhzen, dans les camps de Tindouf le 6 avril 2018, pour présenter ses condoléances et signer le registre ouvert à cet effet, après le décès du représentant du Peuple sahraoui à l’ONU, Ahmed Boukhari.
Il avait alors écrit : “Suite au décès du collègue l’ambassadeur Ahmed Boukhari, je présente en mon nom et au nom des Nations Unies et du secrétaire général, Monsieur Antonio Guterres, nos vives condoléances à la famille, aux amis et aux collègues du défunt (…). “
Il faut savoir que le Maroc a fait du harcèlement et du déni sa ligne de conduite pour tout ce qui pourrait contrarier le fantasme du royaume alaouite à « restaurer » son « Grand Maroc », alors qu’on se dirige inexorablement vers le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, projet soutenu par l’ONU et l’Union Africaine.
Et c’est cela qui met le gouvernement du Maroc sur les nerfs au point d’user de violence et de torture pour tenter de faire taire les revendications du peuple sahraoui.
L’opinion publique internationale avait été largement choquée par la publication d’une vidéo authentifiée par l’UC Berkeley Human Rights Center Lab, qui a procédé à une comparaison de points de repère de la vidéo à l’imagerie satellite de Google Earth, démontrant la véracité des faits quant au passage à tabac de deux militants sahraouis par la police marocaine le 7 juin 2019…
Si les autorités d’occupation marocaine ont justifié l’incident en affirmant que la voiture des mis en cause était entrée en collision avec des véhicules de police et qu’il y a eu résistance à l’arrestation, une enquête menée par le prestigieux journal américain The Washington Post a contredit les thèses marocaines et a mené l’ONG Human Right Watch a déclarer, le 12 Mars 2020, que les policiers de la force d’occupation marocaine avaient utilisé une force excessive et disproportionnelle pour effectuer une arrestation, en contradiction avec les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu…
Lors de cette réunion du Jeudi 9 Avril 2020, le Conseil de sécurité et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, seront pour sûr pressés de désigner un nouvel émissaire pour le Sahara occidental afin de relancer le processus politique menant à l’indépendance du Sahara Occidental.
L’absence de décision risquerait de laisser croire du manque d’intérêt de l’ONU pour résoudre le vieux conflit lié à l’occupation illégale marocaine ce qui pourrait relancer le conflit armé entre le Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro (Polisario) et les forces marocaines.
Pour rappel, l’ancien envoyé spécial de l’ONU au Sahara Occidental, M. Horst Köhler, avait démissionné en mai 2019, et depuis l’ONU n’a désigné aucun successeur. Ce qui a mené la situation à s’enliser dans un dangereux statuquo qui ne profite qu’aux autorités marocaines, au mépris du droit international.
En réalité, Horst Köhler avait fait part à Antonio Guterres des restrictions que lui imposaient le Maroc et de son manque de liberté de mouvement l’empêchant d’avoir accès aux interlocuteurs locaux dans les territoires sahraouis occupés.
C’est dans ce cadre délétère que l’expansionnisme marocain a su « convaincre financièrement » certains pays africains, avec l’aide et le support diplomatique de certains cercles, d’ouvrir des consulats dans les territoires sahraouis occupés, alors qu’elles n’y enregistrent aucun citoyen, et ce en totale violation de la charte de l’Union Africaine…
« C’est une façon d’essayer à tous prix d’obtenir une reconnaissance de l’occupation illégale -c’est bien une occupation illégale- des territoires par le Maroc« , explique le professeur de relations internationales et directeur de recherche en géopolitique, Yahia Zoubir. « On prend des pays qui n’ont pas vraiment de poids et on fait avancer doucement, pour essayer d’influencer le cours des événements. »
Sur le plan interne, le Royaume chérifien a été sommé par l’organisation Amnesty International, ce 6 avril 2020, de libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes emprisonnées uniquement pour avoir manifesté ou exprimé pacifiquement leurs opinions, dont des dizaines de manifestants et manifestantes du mouvement du Hirak du Rif, de rappeurs, de blogueurs et de journalistes, alors que les craintes grandissent face à la propagation du COVID-19 dans les prisons.
Par ailleurs, c’est une régression du Produit Intérieur Brut (PIB) provisoire à 1,5% qui se profile pour l’année 2020, fragilisant de nombreux secteurs tels que celui du tourisme, des transports et des services… Mais c’est surtout le secteur informel qui fait survivre une population pauvre et marginalisée qui pose le plus de problème au Makhzen, car il représenterait plus de 10 Millions de marocains…Une véritable bombe à retardement !
Confronté à une terrible pression tant en interne qu’à l’international, le Maroc tente une fois encore de détourner l’attention, pointant du doigt comme à l’accoutumée par presse interposée, Alger comme étant le principal responsable de ses échecs à venir…
Dans sa fuite en avant le pouvoir marocain oublie juste que son puissant voisin tient au principe universel de liberté et d’autodétermination des peuples, et qu’Alger à d’autres problèmes bien plus importants à régler que la politique interne de son voisin. Le reste n’est que mauvaise littérature !
Bachir Outaghani