Nous avons pu confirmer au cours de nos investigations que parmi les 38 individus condamnés à mort lors du procès en appel du meurtre horrible de Djamel Bensmail, un procès qui s’est déroulé le 23 octobre 2023, des personnes totalement étrangères à cette scabreuse affaire y figuraient. Il s’agit de personnes qui n’étaient même pas présentes le 11 août 2021 sur les lieux de ce meurtre barbare à Larbaa Nath Irathen, elles n’ont pas été identifiées sur aucune photo et vidéo filmées par des témoins oculaires ayant diffusé sur les réseaux sociaux des vidéos amateurs.
Certains de ces individus condamnés à mort avaient pour tort d’avoir appartenu à une certaine époque au mouvement séparatiste kabyle du MAK et beaucoup d’entre eux ont confirmé au cours de l’enquête judiciaire avoir démissionné des rangs du MAK bien avant que ce mouvement ne soit classé comme organisation terroriste par l’État algérien. Parmi les condamnés à mort de l’affaire de Djamel Bensmail, nous retrouvons un certain Hadjaz Azwaw. Azwaw est un citoyen de 36 ans, marié, père d’une petite fille de trois ans maintenant. Topographe de formation, il travaillait à Larbaa Nath Irathen dans un bureau d’études de travaux hydrauliques. Plusieurs de ses proches et collègues ont assuré qu’il était un ingénieur rigoureux dans son travail, toujours à l’heure, discipliné et volontaire.
Plusieurs sources locales et membres de son entourage familial ont assuré à Algérie Part que le jeune Azwaw était toujours présent dans les volontariats organisés dans son village natal situé dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Il avait énormément contribué aux collectes de dons pour offrir les denrées alimentaires aux familles nécessiteuses durant les fêtes religieuses, acheter des fournitures scolaires pour les enfants dans le besoin, mobiliser des personnes pour aider à fabriquer des masques dans la période de la pandémie de la Covid-19. Le 11 août 2021, le jour du meurtre horrible de Djamel Bensmail, toute la famille d’Azwaw avait contracté les symptômes les plus sévères de la Covid-19 notamment sa grand-mère qui était dans un état critique branchée 24h/24 à un concentrateur d’oxygène. Azwaw, était tout le temps mobilisé chez lui auprès de sa famille parce qu’il y avait des coupures de courant à cause des incendies ce qui compromettait dangereusement la sa grand-mère laquelle pouvait mourir alors qu’il avait déjà perdu son grand-père un mois avant.
Le 11 août 2021, selon nos investigations, Azwaw Hadjaz n’était pas sorti de chez lui que pour chercher un infirmier en compagnie de son oncle, il n’avait donc pas assisté au drame du lynchage et immolation de Djamel Bensmail qui s’était déroulé sur la place Abane Ramdane de Larbaâ Nath Irathen ni à ce qui s’était passé avant le meurtre barbare immortalisé sur les réseaux sociaux. Il n’a jamais été identifié sur aucune image, aucune vidéo. Deux mois après les faits, des policiers avaient procédé à son arrestation pour son appartenance au MAK, alors qu’il n’est plus un militant actif de ce mouvement depuis 2016 puisqu’il avait fait une déclaration sur l’honneur qu’il avait déposée à la police de Larbaa Nath Irathen en novembre 2016 pour les informer officiellement de sa démission de ce mouvement séparatiste.
Depuis, il n’y a eu aucun contact, aucun échange téléphonique ni SMS entre lui et les membres du MAK, absolument rien n’a été prouvé au cours de l’instruction judiciaire. Pourtant, il a été inculpé de 11 chefs d’inculpation y compris pour le meurtre de Djamel Bensmail, les incendies qui ont ravagé la région, du terrorisme, d’atteinte à l’unité nationale., etc. Malgré le travail acharné de ses avocats, il a été condamné en procès de première instance en novembre 2022 et en appel fin octobre 2023 à la peine de mort. Azwaw erre aujourd’hui dans le couloir des condamnés à mort dans les prisons algériennes sans avoir commis le moindre mal, ni participé de loin ou de près au meurtre de Djamel Bensmail. Récit d’une flagrante et terrifiante injustice dans ce podcast vidéo de notre Directeur de Publication, Abdou Semmar :
