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jeudi, mai 2, 2024

Pourquoi les dernières augmentations de salaires ne pourront pas soulager les Algériennes et Algériens face à la cherté de la vie

Les autorités algériennes ont décidé récemment de procéder à des augmentations ou revalorisations salariales pour permettre aux travailleurs algériens de faire face à la cherté de la vie. Il s’avère que ces augmentations n’auront aucun impact concret ou visible sur le quotidien des Algériennes et Algériens. Et pour cause, ces augmentations sont nettement inférieures à la poussée incessante de l’inflation dans le pays et leur effet est totalement atténué par la dévaluation de la monnaie algérienne. 

Le décret fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires a été publié dans le Journal officiel. A travers ce décret, les autorités algériennes ont validé officiellement la révision du point indiciaire dans la fonction publique  et prend effet à compter du 1er mars 2022. C’est dans un contexte marqué par une hausse généralisée des prix de la quasi-totalité des produits, notamment ceux de large consommation, qui met à rude épreuve le pouvoir d’achat des Algériens, que le gouvernement a annoncé cette nouvelle mesure.

Il faut savoir à ce sujet que le point d’indice est une valeur qui sert de base de calcul au salaire des fonctionnaires. La valeur du point sert de base de calcul au salaire de plus de 3 millions de fonctionnaires et son augmentation est censé influer donc directement sur leur pouvoir d’achat.  Chaque agent de la fonction publique est rémunéré selon un grade, un poste et un échelon. Le salaire annuel brut d’un fonctionnaire équivaut au nombre de points de son échelon multiplié par la valeur du point d’indice. Pour compenser l’inflation, ce dernier est normalement revalorisé au cours de négociations entre le gouvernement et les syndicats.

Or, justement, en Algérie la nouvelle révision de ce point indiciaire a été décidée sans aucune consultation préalable menée avec les syndicats algériens. Le gouvernement algérien a adopté ses propres calculs pour concéder une revalorisation variant de 3000 jusqu’à 6000 Da pour les fonctionnaires algériens. Or, cette augmentation est dérisoire par rapport à l’aggravation de la cherté de la vie dans le pays. Et pour cause, l’inflation va plus vite que ces revalorisations. Les augmentations affolantes des prix des produits de large consommation notamment depuis le début du mois de Ramadan rendent caduques ces légères augmentations salariales.

Pourquoi ? Parce que les autorités algériennes ne se sont pas attaqués au noeud du problème qui est la stagnation du point d’indice dans la grille des salaires des fonctionnaires à 45 Da depuis… 2007.  Les syndicats algériens demandent depuis longtemps l’augmentation de la valeur ce point d’indice à 120 Da pour se conformer réellement à la hausse permanente de l’inflation dans notre pays.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux algériens, la solution, c’est d’abord de permettre aux salariés de faire face aux hausses de prix et de mieux consommer, en revalorisant les salaires au-dessus des prix affichés actuellement sur les marchés nationaux. Favoriser le pouvoir d’achat des ménages stimulerait la consommation et offrirait des débouchés aux entreprises algériennes qui produisent localement. Par la même occasion, cela remplirait les caisses de l’Etat et réduirait les déficits publics. Si les augmentations des salaires ne correspondent pas aux tendances réelles sur le marché national, tous les efforts visant aux algériennes et algériens de résister à la cherté de la vie seront vains.

 

 

 

 

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